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Les Gabonais et la ruée vers les aphrodisiaques (REPORTAGE)

Décidément, il ne passe plus un jour sans que ne soient exhibés dans des spots publicitaires à la télé, dans les magazines, sur internet, dans les coins de rue, chez des commerçants Chinois, dans les pharmacies, chez les tradi-thérapeutes des produits censés être une solution pour les hommes qui ressentent des faiblesses sexuelles. Ainsi, ils sont de plus en plus nombreux à recourir à des potions aphrodisiaques pour s’assurer une virilité à toute épreuve. Tout y passe, écorces, racines, liquides aux couleurs douteuses, gélules, gels lubrifiants, herbes à mâcher, cola…, rien ne dissuade les accrocs en dépit des risques de santé qu’ils peuvent encourir sur le long terme.

Le jargon à la mode pour les inconditionnels de ces produits est « pointe toc », une sorte de code pour ne pas paraître obscène ou vulgaire. Certains parlent de « man and woman », venus de Chine quand d’autres parlent « moubao » venu de Makokou ou du sud du Gabon.

En effet, de nombreux témoignages font état de bouteilles pleines de racines et d’alcool, qui ont prix place, dans les salons des 30, 40, 50 ans, ou dans des placards, à côté des bouteilles de liqueurs célèbres. Elles sont vendu « debout-debout » par des femmes Ouest-Africaines ou rapporté du village par un frère, un ami…

« J’en prends de temps en temps, pour sortir un peu de la routine. Avec les écorces mon organe devient plus ferme, et je suis plus résistant. Les rapports sexuels sont différents », explique sans détour et avec fierté J.M, un homme plutôt jeune, en quête de performance.

Enthousiaste et sans faux fuyant, George J, homme du troisième âge, le regard perçant a affirmé avec conviction que la consommation de ces potions deviennent plus que nécessaires pour la survie du couple.

« Nos grands-parents prenaient des énergisants, c’est pour pimenter la relation sexuelle ; et à un certain âge, on a besoin d’être stimulé. C’est culturel chez nous les bantous. Sur les traces de mes aïeux qui, grâce à cette pratique, entretenaient plusieurs épouses, j’en prends également », martèle-t-il avec vigueur.

Les femmes principales concernées par cette quête effrénée de la performance sexuelle sont partagées sur le bienfondé de ces pratiques de prise de viagra ou autres excitants.

« Oh ! Il prend tout ça pour me faire plaisir. S’il est tombé, l’on fait ça comme ça », s’exclame, Rachel qui dit ne pas tolérer le recours aux accessoires dans les ébats sexuels avec son conjoint.

En revanche, deux autres femmes relativisent la position catégorique de dame Rachel.

Pour elles, la consommation de viagra et autres existants notamment traditionnels par leurs partenaires peut s’avérer nécessaire dans le but de préserver la relation.

« Moi personnellement je trouve qu’il n’y a pas de soucis. Il y a trois volets qui participent de la vie familiale, notamment la relation sexuelle. Si le couple n’a pas des rapports il y a des tensions qui surviennent parce qu’il y a soupçon d’infidélité. Maintenant si mon compagnon à des problèmes, il peut prendre des existants en se référant à un médecin », soutien Yvonne.

« Cela dépendra du produit qu’il aura consommé, parce qu’il y a certains produits qui détruisent la femme. Je préfère qu’il aille à l’hôpital pour que le médecin lui prescrive un médicament qui n’est pas dangereux. D’autre part, certains hommes abusent surtout lorsqu’ils ont en face des femmes non mariées afin de finir avec qu’elles et ces dernières aillent dire que cet homme est un étalon », explique la Rousse en riant.

A côté de ces potions, parfois douteuses, nombreuses sont les pharmacies qui se sont lancé dans le créneau des aphrodisiaques. Il y a n’a de tous les genres. Certains sont importés d’autres sont fabriqués sur place à partir des plantes et sont aussi vendu en pharmacie, procurant aux hommes prudents un sentiment de sécurité.

Selon un spécialiste dans la recherche des vertus de la plante médicinale traditionnelle, le Pr. Henri Paul Bourobou, directeur de l’Institut de pharmacopée et de médecine traditionnelle (IPHAMETRA), par ailleurs maître initiateur de Bwiti et enseignant à l’Université Omar Bongo à Libreville, les plantes aphrodisiaques aident effectivement l’homme à retrouver une activité sexuelle normale ainsi que ses facultés. Il précise par ailleurs, que toutes les plantes amères vendues çà et là, ne sont pas des plantes aphrodisiaques, et peuvent avoir des répercussions graves sur la santé. D’où l’intérêt de faire attention.

« Le respect de la posologie des énergisants est aussi recommandé. Malheureusement, certains hommes abusent dans la consommation de ces produits. Parfois, l’absence d’une posologie adéquate en est la cause » déplore le Pr. Bourobou.

L’homme de science, a indiqué qu’un bon rapport sexuel n’est pas celui qui dépasse les records en termes de temps. C’est cette pratique qui parfois est à l’origine de la baisse de la virilité chez l’homme. En outre, il n’est pas question d’avoir des rapports tous les jours, explique t-il.

« Ces produits ne doivent pas être pris n’importe comment et auprès de n’importe qui, quand bien même on serait en situation de détresse. C’est la raison pour laquelle j’invite les hommes à plus de lucidité et de responsabilité. La survie de l’organe sexuel en dépend. Les recettes de secours sont aussi à proscrire, sur le long terme, ils créent chez l’homme une certaine dépendance’’, averti M. Bourobou.

L’IPHAMETRA, qu’il dirige, est doté d’un laboratoire d’analyses pour traiter et analyser les plantes, afin de traiter diverses pathologies, dont l’impuissance sexuelle.

« Les produits que nous proposons ont pour missions de nettoyer d’abord l’appareil de l’homme. A la suite de la phase de nettoyage, le produit administré rétablit toutes les insuffisances constatées par le patient »’’ renchéri-t-il.

Mais, loin de ces produits de L’IPHAMETRA qui n’inonde pas le marché, la gente masculine au Gabon succombe aux produits douteux vendus « debout-debout » par des Ouest-Africaines ou des pharmacopées qui abusent leurs clients avec des licences toutes aussi douteuses.

Plus grave, les produits vendus sous le manteau par des tiers à l’ancienne gare routière ou au marché Mont-Bouët, sont selon plusieurs observateurs de véritables poisons pour les « s’en-fout-la-mort ».

Affaire de mœurs dirait-on, mais il s’agit aussi d’un véritable problème de santé publique, dans un pays où les jeunes brillent aussi par une sexualité débridée…

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Fiscalité : Régis Immongault se pose en légaliste Publié par Biggie Malouana dans ÉCONOMIE sur vendredi 06 mars 2015 à 0:32 / 2 commentaires Le ministre de l’Economie vient de publier une circulaire à travers laquelle il revient longuement sur les dispositions légales relatives aux incitations fiscales. Régis Immongault. © D.R. Régis Immongault. © D.R. Engagé dans un processus d’accroissement des recettes, le gouvernement accorde désormais une place de choix à l’encadrement des avantages, exonérations, droits et taxes fiscaux. A cet effet, des dispositions visant un meilleur contrôle des privilèges et franchises exceptionnelles, ainsi que la suppression de la pratique des exonérations et abattements sans base légale sont à l’ordre du jour. Concrètement, le ministre de l’Economie a rendu publique une circulaire y relative. Régis Immongault rappelle que l’article 3, alinéa 1 de la loi n°027/2008 du 22 janvier 2009 portant Code général des impôts frappe de nullité absolue tout avantage fiscal et exonération d’impôts, de droits et taxes non prévus par un texte législatif (Constitution, loi des finances, loi ordinaire). Plus loin, il reprend l’alinéa 2 du même article, qui dispose que la saisine du ministre chargé des Finances, «pour un visa préalable», est nécessaire pour toute initiative «ayant pour effet de créer de nouveaux impôts, droits, taxes ou redevances» voire «de tout texte octroyant des avantages fiscaux». En somme, cette circulaire vise à rappeler les principes d’encadrement des incitations fiscales. «Les impositions de toutes nature constituant la source fondamentale des ressources de l’Etat et de ses démembrements, les règles relatives à leurs définition, création, suppression et gestion relevant du domaine de la loi, conformément à l’article 47 de la Constitution, tous les acteurs de la vie publique doivent en observer l’application de façon rigoureuse, au risque de diminuer dangereusement la part des recettes fiscales dans le budget de la nation», précise Régis Immongault. Une initiative qui tend à crédibiliser la thèse de l’impasse budgétaire voire de «la plus importante crise budgétaire de l’histoire du Gabon» dès 2015

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