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Le Gabon en 2016 : un pays sans ressources et surendetté

Avec l’importante décrue du cours international du pétrole, la conjoncture économique du Gabon, pour l’année 2016, se présente sous les pires hospices pour ce qui est des finances publiques. Un coup dur pour la fin du mandat d’Ali Bongo se termine avec un pays sans ressources et trois fois plus endetté. Flash-back sommaire.

En décembre 2015, le parlement a adopté le budget 2016 d’un montant total arrêté à la somme 2.626 milliards de francs CFA. Ce budget, élaboré sur une hypothèse de 42 dollars le baril de pétrole se présente ainsi qu’il suit :

Budget Gabon 2014-Petrole 42 dollarsComme en 2014, les ressources propres du budget ne suffisent pas à financer le fonctionnement et à payer le service de la dette. Ainsi donc, l’État est obligé dans le budget initial 2016 de recourir à l’emprunt pour financer son fonctionnement et se trouve dans l’impossibilité de financer l’investissement public sur ressources propres. Ainsi donc, les ressources d’emprunts, 582 milliards de francs CFA, sont supérieures aux dépenses d’investissement, 563 milliards de francs CFA.

Depuis le 6 janvier 2016, le prix du baril de Brent est passé en dessous de 35 dollars et n’a cessé de varier à la baisse. Si l’on considère une décote moyenne de 5 dollars US entre le prix du baril gabonais et celui du Brent, le baril de pétrole gabonais se retrouve donc en dessous de 30 dollars US. Cette conjoncture des cours du baril de pétrole, ainsi que les perspectives à court terme, ont conduit les services des Ministères de l’Économie et du Budget à élaborer des scénarios de variation des recettes budgétaires sur la base d’un baril de pétrole à 30 dollars, à 25 dollars et à 20 dollars US.

Il ressort de ces projections que :

  • Pour un baril de pétrole gabonais à 30 dollars US, les ressources propres du budget de l’État passeraient de 2.044 milliards de francs CFA à 1.569 milliards de francs CFA, soit une moins value de 475 milliards de francs CFA.
  • Pour un baril de pétrole gabonais à 25 dollars US, les ressources propres du budget de l’État passeraient de 2.044 milliards de francs CFA à 1.453 milliards de francs CFA, soit une moins value de 591milliards de Francs CFA.
  • Pour un baril de pétrole gabonais à 20 dollars US, les ressources propres du budget de l’État passeraient de 2.044 milliards de francs CFA à 1.329 milliards de francs CFA, soit une moins value de 715 milliards de francs CFA.

Budget-Gabon-2014-Petrole-42-dollarsLa mission du FMI avait attiré l’attention des autorités gabonaises en décembre 2015, à l’issue de la mission au titre de l’Article IV. Dans sa déclaration du 10 décembre 2015, cette mission du FMI indiquait clairement que la dette publique est passée de 20 % du PIB en 2012 à presque 45 % du PIB en 2015, principalement en raison d’émissions d’euro-obligations pour un montant de 1,5 milliard de dollars en décembre 2013 et de 500 millions de dollars en juin 2015. La marge de manœuvre budgétaire a donc été utilisée.

En mars 2015 dans le quotidien L’Union (n° 11907), en réponse à la déclaration du vice-président de l’Union nationale du 28 février 2015, le ministre de l’Économie déclarait : «Il est normal que l’opposition soit toujours critique, mais un devoir d’objectivité doit être parfois de mise, surtout quand ces propos viennent de quelqu’un qui, je pense, connaît les arcanes des finances, en tenant compte de sa riche expérience passée ». Visiblement irrité par la déclaration de l’Union nationale, il tint des propos polémistes dont il aurait gagné à s’épargner : «L’analyse des propos (de Casimir Oyé Mba) laisserait penser que l’ancien Premier ministre fait le lit de la démagogie ou de la méchanceté gratuite car je ne pense pas qu’il ait méconnaissance des objectifs et des mécanismes de recours aux marchés financiers ou d’absence d’actualisation de logiciel financier.»

Dans sa déclaration, l’Union nationale attirait clairement l’attention du gouvernement sur la grave situation budgétaire et financière dans laquelle se trouvait le pays et qui faisait suit au retournement de conjoncture intervenue dans les prix du baril de pétrole sur le marché international. L’Union nationale, parti politique de l’opposition, était pourtant dans son rôle de force d’alerte et de proposition. Le ministre de l’économie aurait probablement été bien inspiré d’entendre Casimir Oyé Mba.

Il se trouve que la conjoncture de cette année 2016 se présente sous les pires hospices pour les finances publiques gabonaises. Le principe de réalité voudrait que l’on reconnaisse que le cours du baril de pétrole gabonais atteindra difficilement de 30 dollars en 2016, en moyenne. Et les projections budgétaires qui en découlent sont catastrophiques. Il n’y a pas d’autre terme.

En année électorale, le gouvernement ne pouvait imaginer pire scénario. Alors que jamais de toute son histoire, le Gabon n’a disposé d’autant de ressources que sur la période 2010-2014, le mandat d’Ali Bongo se termine avec un pays sans ressources et trois fois plus endetté.

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