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Présidentielle 2016 : L’opposition contre elle-même

Pour certains, le Gabon est un terrain de football dans lequel s’affrontent deux grands clubs. Mais à l’aune de l’actualité, on a de plus en plus l’impression qu’il y a un camp qui joue contre lui-même.

De la non-candidature fang prônée par Vincent Essono Mengue et Jean Eyéghé Ndong à la naissance de la Convention pour l’alternance et le changement, en passant par dislocation du Front de l’opposition pour l’alternance, on a l’impression que l’opposition livre une bataille intestine.

S’il est admis et de notoriété que, dans les grandes démocraties, les camps politiques se concertent pour désigner leurs représentants à la plus importante échéance électorale, au Gabon, les coups bas, trahisons, lutte d’égo ont tôt fait d’avoir raison de la cohésion de l’opposition. A un moment donné, l’opinion a d’ailleurs cru à une cohésion totale. C’était l’époque où l’on pouvait voir sur la même estrade, Jacques Adiahénot, Zacharie Myboto, Jean Ping, Pierre Jean Eyéghé Ndong et autres Casimir Oyé Mba. «On a même cru et rêvé que pour une fois l’opposition allait nous servir une nouvelle recette», lançait un membre de l’Union nationale. Mais, plus l’on avance dans le temps et se rapproche de la prochaine élection présidentielle, plus les cordes de cette opposition résonnent la dissonance et semblent accuser l’usure des rancœurs, des égoïsmes et traitrises. Inéluctablement, on a abouti à une dislocation.

De l’Union des forces pour le Changement (UFC), née à Mouila, en passant par l’Union des forces pour l’alternance (UFA), courant dissident emmené par Louis Gaston Mayila, l’opposition a continué à croire qu’elle pouvait s’en sortir. Or, d’autres trouble-fêtes sont restés tapis dans l’ombre, attendant le moment pour agir. Depuis lors, le Front de l’opposition pour l’alternance s’est aussi fissuré. Les «caciques» venus du Parti démocratique gabonais (PDG) ne pouvant s’entendre au sein d’un «si petit bloc». «Il n’y a pas de véritable meneur d’hommes dans cette opposition», explique un étudiant de l’Université Omar Bongo. Pour lui, «Pierre Mamboundou était un leader et avait un charisme qui, à lui tout seul, faisait taire ses adversaires et lui procurait des sympathisants». A ses yeux, c’est ce qui manque aujourd’hui à l’opposition qui se «tire une balle dans le pied».

D’ailleurs, l’Union du peuple Gabonais (UPG), qui aurait pu faire partie des locomotives de l’opposition, est en proie à ses propres tourments. La formation créée par Pierre Mamboundou est aujourd’hui scindée en trois tendances. De quoi faire rire le camp d’en face, qui n’est pas forcément le bon exemple du fait de ses propres incompréhensions et roublardises.

Pour autre jeune homme, l’Union nationale (UN) a perdu de sa superbe avec le décès d’André Mba Obame. A ses yeux, Jean Ping a du mal à s’imposer du fait de sa précipitation. Il a du mal à comprendre qu’une manifestation en sa faveur se tienne à quelques encablures du lieu où se célèbre les six ans de l’UN. «Comment ont-ils pensé qu’ils pouvaient organiser les deux événements le même jour ?», s’est interrogé un quinquagénaire pour qui «l’opposition joue contre elle-même au lieu de se mettre ensemble pour barrer la voie à Ali Bongo».

Au-delà, certains ont du mal à déchiffrer la stratégie de l’opposition, qui tient des discours diamétralement opposés. Ce qui, in fine, sape le moral des troupes qui, elles, savent pourtant ce qu’elles ont à faire. «Notre peuple change et va plus vite que nos politiciens», écrit un internaute. En conséquence, les surprises risquent d’être de taille au dernier moment. «Un peuple malheureux fait les grands artistes», disait Alfred de Musset.

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