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Écotourisme : les paradis oubliés du Gabon

S’il peut s’enorgueillir de son patrimoine naturel exceptionnel, le pays peine à développer l’écotourisme auprès des tour-opérateurs étrangers. Mais celui-ci séduit déjà les Gabonais…

«Il y a bien longtemps qu’on n’avait pas entendu les chimpanzés chanter », se réjouit Stéphane au milieu de ce joyeux vacarme. Alors que les cris des singes déchirent le calme de la forêt du parc de Pongara, les éléphants et les hippopotames restent eux à l’abri des regards. « Il fait trop chaud à leur goût », poursuit le jeune guide touristique, employé du complexe hôtelier La baie des Tortues, l’un des rares hôtels de cette aire protégée.

« Nous ne sommes pas au zoo, la nature sait se faire voir quand elle en a envie », sourit Fortuné Ngossangah, conservateur adjoint du parc national de Pongara, l’un des treize que compte le Gabon. Niché sur les rives de l’océan Atlantique, au large de Libreville, il tranche radicalement avec la pollution et le tumulte de la capitale. Dans cette atmosphère calme bercée par le bruit des vagues, les tortues luth reviennent chaque année ensevelir leurs œufs sous le sable fin, non loin des buffles affalés dans la savane.

Un paradis que le Gabon essaie tant bien que mal de faire découvrir aux passionnés de nature en misant sur l’écotourisme. Promu jusqu’au plus haut sommet de l’État après la création des parcs nationaux, le secteur est atone. Seule une poignée d’établissements répondant aux normes environnementales parvient à attirer les touristes étrangers et les opérateurs privés. « Nous sommes convaincus du potentiel, mais le démarrage est compliqué », reconnaît Lee White, secrétaire exécutif de l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN).

« Le Gabon n’a jamais été un pays touristique, le coût de la vie y est élevé, et les opérateurs, souvent anglo-saxons, sont davantage habitués à construire des lodges dans la savane que dans la forêt tropicale. Nous sommes toujours en discussion avec quelques grands groupes comme Aman Resorts ou la société sud-africaine Sustainable Forestry Management Africa [SFM Africa], même si ça n’avance pas aussi rapidement que nous l’avions espéré », explique ce Britannique naturalisé Gabonais, fervent promoteur de l’écotourisme.

Sensibiliser les touristes

Un secteur que la ministre du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme, Madeleine Berre, espère également relancer. L’ancienne chef de file des patrons gabonais rappelle que l’écotourisme reste l’une des vitrines du Plan stratégique Gabon émergent. Et que son objectif économique – générer 25 milliards de F CFA (environ 38 millions d’euros) à compter de 2025 – est toujours d’actualité. « C’est un chantier considérable, mais nous faisons tout pour le développer », assure Fortuné Ngossangah.

Le conservateur adjoint du parc de Pongara, géré par l’ANPN, en veut pour preuve les écoguides que l’agence nationale s’emploie à former pour accueillir et encadrer les touristes. Car si les étrangers se font attendre, les Librevillois prennent d’assaut le parc chaque week-end. « Une partie de notre travail consiste à les sensibiliser : à Pongara, il n’y a par exemple pas de dispositif de ramassage de déchets. Nous veillons à ce que leur passage n’affecte pas l’écosystème », poursuit-il.

Si les plus fortunés prennent leurs quartiers à La baie des Tortues, d’autres réservent des chambres chez l’habitant. Une aubaine qui fait vivoter le bar-hôtel géré par Fatou Bandzendza. « Je loue des chambres bon marché pour les Librevillois qui viennent le temps d’un week-end. C’est surtout une clientèle issue de la classe moyenne », décrit la trentenaire. Une activité dans laquelle s’est également lancé Félix Medigli, couturier togolais venu poser ses valises à la Pointe-Denis il y a trente-deux ans. « Ça arrondit les fins de mois. Je loue des chambres ventilées à des Gabonais, et aussi à des Européens », souligne le sexagénaire. Preuve que le secteur se développe, il envisage d’augmenter sa capacité d’accueil, actuellement de six chambres. Même encore balbutiant, le tourisme commence déjà à profiter à la population locale.

Claire Rainfroy

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