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Mays Mouissi : « Ces établissements frauduleux prospèrent en Afrique »

Mays Mouissi, analyste, spécialiste du contrôle des risques et de la sécurité financière revient sur la question des arnaques au Gabon et sur le continent.

Jeune Afrique : L’affaire BR SARL, au Gabon, fait grand bruit. À combien estime-t-on le préjudice ?

Mays Mouissi : Difficile à dire tant que le recensement des victimes n’est pas terminé. Certains ont estimé le préjudice à une dizaine de milliards de F CFA [environ 15 millions d’euros], sans que ce chiffre ne soit confirmé ni par l’État ni par la société.

Un grand nombre de Gabonais n’ont aucune conscience de ce que représente un taux d’épargne « normal » et ne voient pas que ceux proposés par les escrocs sont irréalistes

BR SARL est-il le seul responsable dans cette histoire ?

S’il est clair que BR SARL a trompé ses clients, ni la Commission bancaire de l’Afrique centrale [Cobac] ni le ministère gabonais de l’Économie n’ont usé du pouvoir de contrôle et de sanction que leur confère la réglementation. Il semble que ces institutions se concentrent principalement sur les grands établissements bancaires, lesquels ne sont pas forcément les plus risqués.

Comment expliquer la naïveté des épargnants face à ces promesses fallacieuses ?

D’abord, le taux de bancarisation au sein de la population ne dépasse guère 15 %. Un grand nombre de Gabonais n’ont donc aucune conscience de ce que représente un taux d’épargne « normal » et ne voient pas que ceux proposés par ces établissements sont irréalistes. Second élément : les taux d’emprunt habituellement pratiqués, qui sont parfois prohibitifs. Pour les utilisateurs mal informés, voir un taux d’épargne du même ordre de grandeur n’a donc rien de surprenant.

Les établissements de ce type sont-ils répandus au Gabon ?

Rien qu’à Libreville, j’avais pu en dénombrer une cinquantaine avant cette affaire ! À chaque fois, le mode opératoire est le même, et les taux de rendement promis aux épargnants sont extravagants. Depuis BR SARL et la réaction – tardive mais nécessaire – des autorités, il n’en resterait plus qu’une dizaine…

En 2010, le scandale ICC Services avait déstabilisé l’État béninois. Un tel scénario peut-il se reproduire ? A-t-on une idée du nombre d’établissements de ce type qui sévissent en Afrique ?

Aucune étude récente ne permet de les dénombrer, et, le moins que l’on puisse dire, c’est que ces établissements frauduleux prospèrent sur le continent. La question n’est quasiment jamais abordée dans les rapports annuels du FMI. Alors oui, une nouvelle affaire ICC Services est à craindre, hélas !

Michael Pauron

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