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Bruno Ben Moubamba : « La campagne pour la présidentielle au Gabon est délétère »

Programme électoral, union de l’opposition, ambiance de campagne… À quelques jours de l’élection présidentielle au Gabon, le 27 août prochain, les candidats qui affronteront Ali Bongo Ondimba expliquent leurs propositions à Jeune Afrique, qui leur a posé les mêmes questions.

Déjà présent sur la ligne de départ en 2009, Bruno Ben Moubamba, 49 ans, sera à nouveau candidat au Palais du bord de mer samedi 27 août. Mais face aux dix autres prétendants, le natif de Libreville ne pourra pas compter sur le soutien total de sa formation, l’Union du peuple gabonais (UPG), empêtrée dans des querelles de succession.

À moins d’une semaine de l’élection présidentielle, celui qui avait récolté 0,28% des voix en 2009 refuse comme d’autres prétendants de se ranger derrière la candidature de Jean Ping et dénonce un « passage en force » de l’ancien président de la Commission de l’Union africaine.

Jeune Afrique : Le Gabon va-t-il mieux en 2016 qu’en 2009 ?

Bruno Ben Moubamba : Non. Sur le plan politique, tous les pouvoirs sont concentrés entre les mains d’une seule personne, Ali Bongo. L’économie gabonaise est par terre. Et sur le plan social, le niveau de vie s’est effondré.

L’opposition est-elle en ordre de bataille pour remporter l’élection ?

J’ai été exclu de la table des négociations [ayant abouti aux ralliements de Guy Nzouba-Ndama et Casimir Oyé Mba à Jean Ping, NDLR]. Je perçois la candidature de Monsieur Ping comme un énième passage en force avec la loi de l’argent.

Je ne me rallierai pas à Jean Ping, car je ne me sens pas idéologiquement proche de lui. Le « Gabon d’après » que j’appelle de mes vœux ne peut pas se construire avec quelqu’un qui a fait partie d’un système que nous voulons démanteler.

Jean Ping a participé à la destruction de mon parti [l’Union du peuple gabonais, UPG, divisé en plusieurs factions, NDLR], il a affaibli l’Union nationale puis le Front uni de l’opposition pour l’alternance. J’ai du respect pour tous les acteurs, mais Jean Ping est trop dans une logique de passage en force.

Si vous êtes élu, quelle serait votre première mesure ?

Mon accès au pouvoir n’est pas une obsession. J’ai un rêve, celui de réformer les institutions et de rééquilibrer les pouvoirs entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire. Sur le plan social, il faut créer un revenu de base universel de la naissance à la mort. L’identité culturelle bantoue de ce pays doit également être réaffirmée.

Comment qualifieriez-vous l’ambiance de cette campagne électorale ?

Cette campagne est délétère car il y a une répression latente. Nous avons défilé pacifiquement et nous avons été chargés [lors de la marche de l’opposition du samedi 23 juillet, NDLR]. Aujourd’hui, seul le président candidat peut faire des meetings sur la place publique. Les gens sont en train de se radicaliser, et nous ne savons pas ce que cela va donner. La situation peut déraper.

Le Gabon est-il selon vous toujours trop dépendant au pétrole ?

La dépendance au pétrole explique le crash social. Nous avons tout misé sur un baril à 80-100 dollars. Nous voyons que le pays est désargenté : le Gabon emprunte à qui mieux mieux sur le marché international. C’est la preuve même qu’Ali Bongo n’a pas su anticiper : nous dépendons trop du pétrole qui ne profite pas à la population.

Il faudrait continuer à diversifier dans le secteur des services, de l’écotourisme,… Notre plus grande richesse, c’est la forêt, qui recouvre plus de 80% de notre pays. Il manque juste des idées : le pouvoir n’a pas de créativité. C’est pourquoi je demande un renouvellement de la matrice. Ce système est épuisé.

Êtes-vous partisan d’une réforme du système électoral ?

Oui. Il nous faut des élections à deux tours. Et concernant les élections législatives, il faut introduire une dose de proportionnelle pour que tous les grands partis aient l’assurance d’avoir au moins deux députés.

En matière de diplomatie, quel partenaire souhaiteriez-vous privilégier, si vous accédiez au pouvoir ?

Je suis pour la fidélité à l’histoire. Notre histoire, c’est d’abord la France, les États-Unis, l’Union européenne. Il faut que cela reste ainsi, tout en gardant notre porte ouverte.

Le président a fait preuve d’un amateurisme condamnable dans les partenariats noués. Je pense à ce qui a été fait avec la société Olam qui a introduit des palmiers à huile ayant pour conséquence la destruction de forêts sacrées de l’identité bantoue.

Claire Rainfroy

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