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Le Gabon s’enfonce dans une impasse politique

Alors que les violences semblent baisser, le gouvernement refuse toujours de négocier une sortie de crise.

Le Gabon attend encore. Il ne s’agit plus des résultats de l’élection, tombés mercredi, mais simplement de connaître son avenir. Depuis le scrutin, qui a offert une réélection étriquée à Ali Bongo, immédiatement contestée par l’opposant Jean Ping, le pays est en pleine dérive.

Vendredi, la situation s’est, certes, un rien apaisée après les scènes de violences et de pillages qui avaient émaillé la nuit de mercredi. Un puissant déploiement de forces de l’ordre a permis de ramener un peu de calme dans le centre de Libreville, devant les murs du Parlement, partiellement incendié par les manifestants.

Mais dans les quartiers périphériques, où se concentrent les plus démunis et bastions de l’opposition, la tension demeurait vive. Les jeunes tiennent toujours les rues entre des boutiques éventrées, bien décidés à obtenir gain de cause, et le départ d’«Ali». En province, notamment le long de la frontière camerounaise, des rixes ont été signalées tout comme à Port-Gentil, la capitale économique.

«Nous allons rétablir l’ordre coûte que coûte», promet, martial, un proche du président. Les violences ne sont peut-être pas finies, alors que le bilan est déjà élevé. Selon le ministère de l’Intérieur, jeudi, on comptait deux victimes. Il y aurait au moins cinq morts à Libreville selon un décompte de l’AFP. L’opposition, pour sa part, évoque «au moins vingt morts», tout en reconnaissant son incapacité à l’affirmer.

L’ONU appelle les candidats à «rester calmes»

Pour tenter de reprendre la main et mater l’insurrection, le gouvernement a également lancé une vague d’arrestations massives. Entre 800 et 1 100 personnes ont été interpellées, selon le ministère de l’Intérieur. Dans le QG de l’opposition, pris d’assaut dans la nuit de jeudi par les militaires, dix dignitaires de l’opposition étaient toujours retenus par les gendarmes vendredi soir, mais étaient invités à «rentrer chez eux» par le porte-parole du gouvernement gabonais, Alain-Claude Bilie-By-Nze, de passage à Paris. «Le représentant des Nations unies à Libreville, à la demande du président Ali Bongo, s’est rendu au QG de l’opposant Jean Ping pour dire aux personnes qui y étaient bloquées qu’elles peuvent rentrer chez elles», a-t-il déclaré. «On va sortir», a confirmé par téléphone l’une des personnes retenues, Paul-Marie Gondjout, à un journaliste de l’AFP à Libreville.

Ce hiatus illustre l’impasse dans laquelle semble se trouver le Gabon aujourd’hui. Aucun des deux camps ne veut faire la moindre concession. Dans la nuit de jeudi à vendredi, le Conseil de sécurité de l’ONU «a appelé tous les candidats, leurs partisans, les partis politiques et les autres acteurs à rester calmes». «Je veux bien appeler au calme mais on tue nos gens. Avant toute chose, il faut libérer nos prisonniers et ensuite nous verrons», détaille Jean Ping. Des préalables immédiatement refusés par Alain-Claude Bilie By Nze.

Ce dernier rejette également, comme depuis trois jours, la publication des résultats bureau de vote par bureau de vote, une exigence de l’opposition, soutenue par l’Union européenne, la France et les États-Unis. Anonymement, plusieurs observateurs évoquent de «très gros doutes» quant «à la sincérité du scrutin». Des pressions qualifiées «d’ingérences» par le gouvernement gabonais, qui accuse «certains observateurs» de l’Union européenne de «partialité». En guise d’ouverture, les proches d’Ali Bongo répétaient vendredi être prêts à «prendre en compte» le «bon score de Jean Ping».

«La tricherie est évidente et le gouvernement s’énerve. Ils ont été pris de court par les résultats défavorables d’où ce passage en force. Mais si Ali Bongo arrive à contenir la rue, cela pourrait passer», estime un bon spécialiste de l’Afrique, qui juge «pour l’instant les pressions diplomatiques minimales».

Jean Ping, ancien ministre des Affaires étrangères et ex-président de commission de l’Union africaine, ne l’ignore pas. Mais pour l’heure, il semble attendre, hésiter, se contentant d’affirmer que «la balle est dans le camp Ali Bongo». «Appeler à l’émeute serait une faute qui n’apporterait rien à personne», dit-il.

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