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Palestine : Mahmoud Abbas était-il vraiment un agent du KGB ?

Mais qui était donc «Krotov», un agent du KGB en poste à Damas au début des années 80 ? Selon Isabella Ginor et Gideon Remez, deux chercheurs à l’institut Truman de l’Université hébraïque de Jérusalem, il s’agirait ni plus ni moins de Mahmoud Abbas, l’actuel président de l’Autorité palestinienne (AP), qui était à l’époque l’un des adjoints du dirigeant de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), Yasser Arafat.

Spécialisés dans l’étude des relations entre l’URSS et le Proche-Orient, Isabella Ginor et Gideon Remez ne sont pas des farfelus. Encore moins des paranoïaques. Ces dernières semaines, ils ont eu (comme d’autres universitaires spécialisés) accès aux «documents Vassili Mitrokhine», un archiviste du KGB qui avait recopié le nom de tous les agents du service soviétique de renseignements extérieurs, avant de passer à l’Ouest en 1992, trois ans après la chute du mur de Berlin.

Longtemps gardées secrètes par le contre-espionnage britannique (MI5), certaines des notes de Mitrokhine ont été publiées sous la forme d’un livre. Cependant, c’est dans la partie jusqu’à présent classifiée des documents que se trouvent les informations découvertes par Isabella Ginor et Gideon Remez.

Coïncidence.

A les en croire, «Krotov» n’y serait pas répertorié en tant que simple «contact» ou «source occasionnelle», mais bien comme un agent de pénétration dûment rémunéré pour ses services. Son officier traitant aurait été Mikhaïl Bogdanov, un jeune loup du KGB en poste à l’ambassade soviétique de Damas, au début des années 80. Or, quarante ans plus tard, Bogdanov est devenu l’envoyé spécial de Vladimir Poutine pour le Proche-Orient. Un émissaire de haut vol, qui tente d’organiser une rencontre à Moscou entre Mahmoud Abbas et Benyamin Nétanyahou afin de remettre le processus de paix sur ses rails.

Faute d’être fortuite, la coïncidence entre les révélations du tandem Ginor-Remez et l’éventualité d’un sommet israélo-palestinien chapeauté par les Russes est troublante. En tout cas, à Ramallah, les porte-parole de l’Autorité palestinienne estiment précisément que cette «nouvelle campagne israélienne de calomnies visant Mahmoud Abbas cherche à torpiller l’initiative russe».

«Réfléchissez un peu : au début des années 80, l’OLP était tellement proche des Soviétiques que ceux-ci n’avaient pas besoin d’espions dans nos rangs pour savoir ce qui s’y passait, lâche Hussein al-Sheikh, l’une des figures du Fatah. De toute façon, à l’époque, Mahmoud Abbas n’avait pas l’importance qu’il a aujourd’hui. Et en supposant que ce que l’on raconte sur lui soit vrai, qu’est-ce que ça peut foutre après tout ce temps ?» Plusieurs commentateurs des médias officiels palestiniens sont, eux, persuadés qu’en lançant l’«affaire Krotov», Israël «prépare le terrain à la « liquidation » d’Abbas, comme il l’a fait en son temps avec Arafat».

«Vieilles histoires».

Paradoxalement, à Jérusalem, les spécialistes du contre-espionnage ne sont pas tombés de leur chaise en prenant connaissance du scoop d’Isabella Ginor et Gideon Remez. «C’était la guerre froide et les Soviétiques recrutaient des agents partout, y compris chez nous. Pourquoi n’y en aurait-il pas eu chez les Palestiniens ? demande calmement Israël Hasson, ancien numéro 2 du Shabak, la Sûreté générale israélienne. Ce sont de vieilles histoires et elles ne devraient pas influer sur ce qu’il se passe aujourd’hui.»

Nissim Behar

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