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Gabon : les évêques appellent à sortir de la crise électorale et à la réconciliation

Le 2 septembre, les évêques gabonais ont publié un message à la suite de la crise post-électorale qui a suivi l’élection présidentielle du 27 août. Mgr Basile Mvé, président de la Conférence des évêquesdu Gabon, appelle les partis rivaux à œuvrer pour «une sortie imminente de la crise» en s’inspirant de la sagesse africaine.

Message complet du Secrétariat de la Conférence des évêques du Gabon

Chers filles et fils de Dieu,
femmes et hommes de bonne volonté.

« Amour et Vérité se rencontrent ; Justice et paix s’embrassent » (Ps 84, 11)

1. Dans le but d’aider à prévenir les crises post-électorales avec les débordements regrettables que nous connaissons aujourd’hui, l’Église catholique qui est au Gabon a récemment adressé plusieurs messages à toute la Nation gabonaise, en particulier aux confessions religieuses, aux institutions civiles, politiques et judiciaires, aux forces de défense et de sécurité, aux organisations de la société civile, aux organisateurs du processus électoral, aux leaders politiques, aux hommes et femmes de bonne volonté. Ces messages étaient essentiellement un appel à construire ensemble notre pays dans l’Unité, la Concorde et la Fraternité.

2. Nous rappelions que l’élection présidentielle du 27 août 2016 vaudra au Gabon son sérieux, sa crédibilité et sa respectabilité au niveau national et international.

En même temps, nous disions que le manque de vérité dans le jeu démocratique et le non-respect des droits de l’homme, ont souvent servi de terreaux aux crises politiques. Et en citant le pape Benoît XVI : « Le non-respect de la Constitution nationale, de la loi ou du verdict des urnes, là où les élections ont été libres, équitables et transparentes, manifesterait une défaillance grave dans la gouvernance et signifierait un manque de compétence dans la gestion de la chose publique » (Africae Munus, n. 81) (1).

3. La situation post-électorale actuelle plonge une fois de plus notre pays dans une crise aiguë et multiforme. Cette crise a un impact négatif immédiat sur la société, et ses manifestations sont désastreuses, créant un malaise généralisé.

4. Nous enregistrons des pertes en vie humaine, des blessés graves, des destructions des biens publics et privés, des traumatismes de toutes sortes… Il n’est pas possible que nous restions insensibles et silencieux devant une telle situation.

5. Forts de ces rappels et de ce constat, nous demandons à toutes les forces vives de la Nation, de la majorité comme de l’opposition à se ressaisir pour une sortie imminente de la crise. Que le malaise devenu chronique cède le pas aux efforts de réconciliation et de paix. « La paix ne peut s’obtenir sur terre sans la sauvegarde des biens des personnes, la libre communication entre les êtres humains, le respect de la dignité des personnes et des peuples, la pratique assidue de la fraternité… Elle est œuvre de la justice et effet de la charité » (Catéchisme de l’Église catholique, n. 2304).

6. Face aux positions antagonistes des différentes parties, et en nous inspirant de la sagesse africaine qui veut que, lorsque deux frères se disputent, il est indispensable de faire intervenir un tiers pour la médiation.

C’est pourquoi nous remercions l’Organisation des Nations unies (ONU), l’Union Africaine (UA), l’Union européenne (UE), et les autres organisations internationales et nationales qui se sont impliquées fortement pendant ce processus électoral. Nous souhaitons que chacune d’elles joue pleinement son rôle pour aider le Gabon à sortir de cette crise. Le Gabon, notre pays, a souvent rempli des missions de paix et de réconciliation en temps de crise à l’extérieur. Il doit pouvoir compter sur la médiation des organisations et institutions internationales pour la préservation de l’unité, de la justice et de la paix en ce qui le concerne à son tour.

7. Nous manifestons notre compassion à l’égard des familles des disparus et à l’égard des blessés. Nous rappelons que l’homme est créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, et à ce titre, nul n’a le droit de porter atteinte à la vie. Le cinquième commandement interdit la destruction volontaire de la vie humaine : « Tu ne tueras point » (Ex. 20, 13).

8. À cause des maux et des injustices qu’entraîne toute forme de violence, l’Église presse instamment chacun de prier et d’agir pour que la bonté divine nous libère de l’antique servitude de la violence (cf. CEC, n. 2307).

9. Nous réaffirmons notre attachement aux valeurs fondamentales de notre pays à préserver la sécurité des biens et des personnes pour que cesse toute forme de violences.

10. Faisons nôtres les paroles du pape François aux jeunes à Cracovie le 31 juillet dernier : « Si vous avez la mémoire du passé et le courage pour le présent, vous serez l’espérance de l’avenir » (2).

11. Aussi, nous lançons un appel à toutes les Gabonaises, à tous les Gabonais, aux hommes et aux femmes de bonne volonté à poursuivre les œuvres de miséricorde notamment, la solidarité et le partage.

12. Nous exhortons tous les chrétiens et tous les croyants à la prière, pour que notre pays retrouve la paix et la sérénité.

13. Que Marie, Notre Dame de l’espérance et de la paix nous aide toujours à rechercher cette justice qui seule peut garantir aux hommes et aux femmes une paix solide et véritable pour que nous vivions dans ce beau pays en nous traitant comme des frères et des sœurs.

Notre bénédiction vous accompagne.

(*) Titre et notes de La DC.
(1) DC 2012, n. 2482, p. 52-89.
(2) Pape François, Discours aux bénévoles des JMJ à Cracovie.

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