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Au Gabon, la grève des douaniers fait craindre une explosion des prix des marchandises

Depuis une semaine, seuls 20 ou 30 conteneurs sont dédouanés chaque jour au port d’Owendo, géré par le groupe Bolloré, au lieu de 200 habituellement.

Poumon économique du Gabon, le port d’Owendo est paralysé depuis vendredi 21 avril. Après leurs collègues de l’éducation, les agents des régies financières gabonaises (impôts et douanes) ont décrété ce jour-là une grève générale qui pourrait avoir des conséquences importantes pour l’économie du pays. Parmi les revendications des douaniers, le paiement de cinq mois d’arriérés de primes, l’accès à l’Ecole de préparation aux carrières administratives (EPCA), aujourd’hui suspendu, et une meilleure gestion des plans de carrière pour pallier les lenteurs du système d’avancement.

En temps normal, près de 200 containers sortent chaque jour des terminaux du port d’Owendo pour alimenter la capitale, Libreville, et le reste du Gabon. Mais depuis vendredi, ils ne seraient qu’entre « une vingtaine ou une trentaine » selon Claudel Bibalou, un responsable syndical cité par Radio France internationale.

Le bureau de l’intersyndicale des agents des douanes s’est engagé à laisser passer les produits frais, les aliments pour nourrisson, les produits pharmaceutiques ainsi que les colis destinés aux ambassades et aux soldats français du 6e Bataillon d’infanterie de marine (Bima) basé à Libreville. La rétention de tous les autres produits pourrait rapidement engendrer une « rupture des marchandises dans nos magasins », assure Claudel Bibalou.

Fortement dépendant des exportations

Une perspective qui fait frémir les acteurs économiques de ce pays fortement dépendant de ses importations. Celles-ci représenteraient entre « 80 % et 90 % » des biens consommés, selon l’économiste gabonais Mays Mouissi, qui rappelle que le coût de la vie à Libreville est « parmi les plus élevés d’Afrique ».

Car, en temps normal, le port d’Owendo est déjà engorgé, selon l’économiste. « Il y a eu beaucoup d’investissements pour réduire les temps d’attente des navires, mais ceux-ci restent encore plusieurs jours en rade. Or le temps en rade est facturé. Et plus on attend, plus la marchandise est chère. » Selon une étude réalisée par le cabinet Catram en janvier 2013, les tarifs portuaires en vigueur dans le port de Libreville sont les plus élevés d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale.

Pour limiter l’impact sur le coût de la vie, « certains produits considérés comme de première nécessité ont été exonérés de taxes douanières en 2016, mais cet effort du gouvernement a eu très peu d’effet sur le panier de la ménagère », indique l’économiste. En cas de pénurie dans les magasins, l’addition pourrait encore s’alourdir pour les Gabonais.

En 2003, sur recommandation de la Banque mondiale, le gouvernement gabonais avait privatisé la gestion de ses deux principaux ports, Owendo et Port-Gentil. Les sociétés Necotrans et Bolloré Transports and Logistics avaient obtenu la concession d’Owendo en 2007. Depuis le rachat des parts de Necotrans en 2016, la filiale du groupe Bolloré assure seule l’exploitation et la gestion du terminal à conteneurs.

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