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Start-up de la semaine : Adis survole le Gabon en drone

Photographies aériennes, relevés topographiques, cartographies… Avec sa jeune société Adis, l’ingénieur Andy Boumah Yovo envoie des drones survoler sites touristiques, forêts et infrastructures minières du Gabon.

Andy Boumah Yovo a 26 ans. Bon élève, il a pu intégrer les classes préparatoires du lycée national Léon Mba, à Libreville, sa ville natale, avant de poursuivre ses études d’ingénieur en France, à l’Esigelec, dans la banlieue de Rouen.

« J’aurais pu rester en France, j’avais des opportunités d’emploi. Mais j’ai bénéficié d’une bourse du Gabon pour faire mes études, il me semblait donc normal de rentrer une fois mon diplôme obtenu », explique le jeune ingénieur d’affaires, spécialisé dans le déploiement d’infrastructures en réseau et télécoms.

Rentrer, oui. Mais pour faire quoi ? La question ne s’est pas posée longtemps. « Pour mon stage de fin d’études, j’ai effectué des tâches d’ingénieur réseau pour l’entreprise Axion Drone. C’est la découverte de cette activité qui m’a donné l’idée de créer ma propre entreprise proposant l’utilisation de drones professionnels, tant pour de simples photos et vidéos que pour des études topographiques ou de la cartographie », explique-t-il.

Des financements familiaux

Un choix d’autant plus stratégique que le Gabon est quasiment un terrain vierge dans ce domaine. « Bien sûr, il y a des photographes ou des vidéastes qui utilisent des drones. Mais pour la topographie destinée aux professionnels, nous ne sommes que deux, moi et un concurrent français, installé depuis 2014 », précise l’ingénieur.

Andy Boumah Yovo explique avoir d’abord tenté de rallier des proches à son projet, notamment pour avoir leur concours financier, sans succès. C’est finalement de sa mère que viendront les 10 premiers millions de francs CFA (15 200 euros) qui lui permettront de se lancer, dans un environnement pas toujours simple : « Cela m’a pris pratiquement toute l’année 2016, rien que pour le processus de création d’entreprise. Il y a beaucoup de lourdeurs administratives. Pour chaque document dont vous avez besoin, vous devez faire plusieurs allers-retours. Et il n’y a pas vraiment d’écosystème dédié aux jeunes entrepreneurs », déplore-t-il.

Pour mon premier contrat, j’y suis allé au culot

L’ingénieur profite aussi de cette année de préparation pour revenir en France, suivre une formation afin d’être pilote agréé de drones. « J’aurais pu m’en passer pour l’instant, car la réglementation n’est pas encore très restrictive au Gabon, mais je préférais le faire pour être prêt le moment venu », confie-t-il. La nouvelle société a aussi besoin de matériel. Cette fois-ci, c’est son père qui aide le jeune entrepreneur : 10 millions de francs CFA l’aideront à acquérir quatre drones. « Le tout premier permettait de couvrir 5 à 6 hectares par vol, le dernier est capable de survoler jusqu’à 300 hectares par jour. Les deux autres sont essentiellement destinés à pallier les problèmes », précise Andy Boumah Yovo.

En 2017, nous avons réalisé un chiffre d’affaires de 9,360 millions FCFA. Nous visons dix fois plus pour 2018

En janvier 2017, la start-up Adis (pour Africa Drone Ingénierie Services) est prêt à démarrer ses activités. Il ne reste plus qu’à dénicher des clients. « Pour mon premier contrat, j’y suis allé au culot. Je me suis arrangé pour rencontrer le directeur général de l’Agence gabonaise de développement et de promotion du tourisme (Agatour), et je lui ai proposé mes services. Il m’a fait confiance, et c’est comme ça que j’ai fait mes premières photos et vidéos aériennes », raconte-t-il. D’autres missions ont suivi, notamment un contrat d’orthophoto (photographie permettant d’extraire les surfaces et les volumes) pour le groupe Bolloré.

Les marchés congolais en ligne de mire

« Pour l’année de lancement en 2017, nous avons réalisé un chiffre d’affaires de 9,360 millions de francs CFA. Nous visons dix fois plus pour 2018 », explique l’ingénieur qui compte décrocher des missions de cubature (relevé topologique et modélisation) dans le secteur minier et réaliser des études d’impact environnemental autour de l’exploitation des grands domaines forestiers. « Je pense que c’est le secteur forestier qui me permettra d’atteindre le chiffre d’affaires prévu », explique le fondateur d’Adis, qui espère contractualiser durablement avec une dizaine d’exploitants privés, chez qui il pourrait faire un ou deux passages par an.

« L’argent récolté en 2018 sera totalement réinvesti dans du matériel plus puissant, qui puisse être utilisé dans le domaine pétrolier ou inspecter les lignes électriques à haute tension. Ce n’est qu’en 2019 que nous ferons vraiment des bénéfices », explique le chef d’entreprise qui compte embaucher deux personnes en 2018. « En 2017, c’était délicat de recruter alors qu’on n’avait pas de commande fixe. J’ai donc assuré tout le travail de terrain, et missionné périodiquement un ancien camarade de l’école d’ingénieurs pour analyser les données. Mais avec l’accroissement de l’activité, notamment les projets forestiers qui concernent de très grandes surfaces, les embauches deviennent indispensables », explique-t-il.

La RDC a ses nombreuses mines à ciel ouvert et ses vastes forêts, et la République du Congo a son secteur pétrolier

Andy Boumah Yovo se sent déjà à l’étroit dans son Gabon natal. « C’était un pays idéal pour se lancer : il n’y a presque pas de concurrence et les besoins peuvent être importants, mais on ne compte pas s’arrêter là », explique le jeune homme qui compte bien avoir investi les deux marchés congolais « d’ici cinq ans maximum » : « Tous deux ont d’énormes potentiels, la RDC avec ses nombreuses mines à ciel ouvert et ses vastes forêts, et la République du Congo dans le secteur pétrolier. »

Par Nelly Fualdes

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