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Des Bongo aux Valentin : L’insurrection désormais la seule voie pour en terminer avec la monarchie des Bongo au Gabon

Chers compatriotes,

La récente nomination de Nourredine Valentin au poste aux contours nébuleux, mais pourtant ultra-tentaculaire, de « Coordinateur des affaires présidentielles » de son père vient confirmer les pressantes préoccupations exprimées dans notre récent livre, « Le Gabon en danger – Du Devoir de Réforme au Devoir de Violence ». Elle vient aussi rendre justice au sous-titre du même ouvrage, qui décrit le Gabon comme une « République monarchique « bananisée » en état de déliquescence ».

Une République est monarchique quand, s’armant du népotisme le plus abject, elle fomente pendant plus d’un demi-siècle la transmission dynastique du pouvoir aux membres de la même famille, du même clan, qui s’arrogent ainsi le droit exclusif, hors de toute injonction constitutionnelle ou républicaine, d’être les seuls à pouvoir diriger leur pays.

Une République est « bananisée » quand, comme nous l’avons vu avec les récentes arrestations aux contours tout aussi nébuleux, la corruption y devient endémique et impunie, et les emprisonnements de supposés corrompus et détourneurs prennent, non pas des allures de redressement des mœurs propres à une justice normale, mais des allures de règlements de comptes arbitraires entre complices « mangeurs » s’accusant de vouloir manger plus que les autres « mangeurs » affalés au comptoir de la mangeoire bongoïste.

Une République est déliquescente quand la combinaison des deux premiers facteurs—monarchisation et bananisation—s’allient pour projeter l’image d’un pays à la dérive dont les dirigeants naviguent à vue, établissent le désordre, l‘improvisation, l’incompétence, la corruption, l’impunité et toutes les déviances humaines les plus abjectes comme des valeurs et, en sus, maintiennent un « président » cadavérique au pouvoir juste pour donner aux mangeurs la possibilité de manger encore un peu plus du sang gabonais qui nourrit le système bongoïste depuis 52 ans.

Cela veut dire aussi, en termes plus simples, que le Gabon n’est plus un pays digne de porter le qualificatif de « République ». Le Gabon est devenu, sous les Bongo, un « non-État », un État failli caractérisé par un chaos institutionnel tellement chronique que seule une révolution pourrait apporter les ruptures qui permettraient l’irrévocable irruption d’un Gabon nouveau.

La nomination de Nourredine Valentin ne saurait non plus passer sans rappeler les procédures opaques qui permirent à Jacques Foccart, sous les ordres directs du général de Gaulle, de fomenter la modification de la Constitution qui permit à Albert-Bernard Bongo de succéder sans coup férir à un Léon Mba mourant dans un hôpital de Paris en 1967. Ce fût là un coup de force contre le Gabon qui ne révéla jamais véritablement son nom. Mais ce fût également là, hélas, le coup de force qui institua genèse de ce qui deviendra, 52 années plus tard, la malédiction bongoïste qui aujourd’hui fait du Gabon un pays sans foi ni loi dans lequel des Bongo et des Valentin se sentent le droit le plus absolu de se proclamer rois au détriment de la volonté des peuples du Gabon.

La différence en ce décembre 2019 est que ce n’est plus la France, mais le clan des Bongo qui, cette fois, a décidé de consacrer la prise en otage définitive du Gabon, comme pour dire aux Gabonais que « seuls les Bongo et les Valentin ont désormais le droit de diriger le Gabon et ils vont maintenant se passer le pouvoir de père en fils, ou de mouton à cabri s’il le faut, mais aucun autre Gabonais digne de ce qualificatif ne mérite de diriger ce pays ».

Il faut mettre fin à cette humiliation nationale.

L’insurrection de tous les peuples et de toutes les provinces du Gabon en est la solution la plus simple, la plus obligatoire mais, aussi, la plus inéluctable.

Mais comment y arriver ?

Chers compatriotes,

Pour y arriver, il faut au préalable faire le bilan de l’idée insurrectionnelle au Gabon, aux fins de mieux comprendre le changement de paradigme politique qui aujourd’hui s’impose à nous tous et, de ce fait, nous oblige à considérer les démarches politiques que cette nouvelle humiliation faite aux peuples du Gabon se doit d’inspirer.

Quand nous avions créé le mouvement « Bongo Doit Partir » en 1998, nous avions clairement dit que rien de bon ne pouvait se passer au Gabon tant qu’un Bongo serait au pouvoir, que le changement au Gabon ne viendrait ni par les urnes ni de la bonne volonté des Bongo, et encore moins du miracle de Jésus-Christ ou de la Vierge Marie, et certainement pas d’une descente sur terre de Martiens qui viendraient libérer le Gabon à la place des Gabonais. Nous avions proclamé haut et fort, mais aussi avec la force d’un inébranlable mathématisme, que le changement véritable ne viendra au Gabon que par une insurrection en bonne et due forme des peuples du Gabon.

Ayant été quelque peu en avance sur notre temps à l’époque où nous faisions ces déclarations insurrectionnistes, nous avons, depuis, rencontré sur notre chemin, plusieurs catégories de Gabonais qui, se refusant à regarder en face cette réalité pourtant inéluctable, préférèrent souvent s’égarer dans l’illusion de changements qui viendraient soit des urnes (l’électoralisme), soit de la bonne volonté des Bongo (négociations et partage de pouvoir), soit de miracles (carnets d’adresses ou prières à genoux dans les églises), quand ce n’était pas simplement des courbettes petit-nègre devant les Français à Paris, où l’on allait quémander le pouvoir que l’on voulait , paradoxalement, conquérir au Gabon. Ces Gabonais qui, sans le savoir, se sont eux-mêmes érigés en insurmontables blocages du changement, appartiennent aux catégories suivantes :

1) Les Gabonais qui nous traitèrent de « fou » quand nous proclamâmes l’insurrection comme inévitable au Gabon ; à nous de demander, à notre tour, s’il existe encore des Gabonais assez « fous » aujourd’hui pour croire qu’on puisse changer le Gabon par autre chose qu’une insurrection populaire en bonne et due forme !

2) Les Gabonais qui ne croyaient pas du tout en la capacité du Peuple gabonais à se soulever dans le cadre d’une insurrection visant à l’écroulement du régime bongoïste ; curieusement, ces Gabonais semblaient oublier que les seules fois où le Gabon a connu des « avancées » démocratisantes furent aussi les seules fois où les Gabonais étaient allés les réclamer dans la rue ! Sans, par exemple, la descente des étudiants et lycéens, puis des syndicalistes dans les rues du Gabon en 1990, il n’y aurait probablement pas eu de Conférence Nationale et, donc, pas de multipartisme au Gabon ! Or, dans l’équation du changement au Gabon, ce n’est pas le peuple gabonais qui a failli, mais les « leaders légumes » qui ont toujours joué les interpositions entre le régime et le peuple, faisant souvent miroiter des changements pacifiques et miraculeux là où tout le monde savait que seule une insurrection pouvait venir à bout du régime des Bongo. Aucune dictature ne tombe par elle-même ; les dictatures chutent quand elles sont poussées à la chute par des peuple déterminés. Le fait que les peuples du Gabon se soient toujours mis derrière les leaders qui leur promettaient le changement radical est preuve que ce peuple est lui-même radical et prêt au changement insurrectionnel ; il lui faut tout simplement désormais, à ce peuple, se choisir des leaders qui soient à la mesure des enjeux ;

3) Les Gabonais qui pensaient que l’on pouvait encore raisonner avec les Bongo, qu’on pouvait même entrer dans le système pour aller le changer de l’intérieur, et autres incongruités du même acabit ; cette catégorie de Gabonais semblait oublier que c’est à ce sport national que les « opposants » se livrent au Gabon depuis 1990. Pour quel résultat ?

4) Les Gabonais qui, voyant en nous un tremplin politique, ne nous rejoignirent que pour aller par la suite se vendre au régime ; que dire de ceux-là, en dehors du fait qu’ils font partie de la gangrène même qui a permis à ce régime de survivre jusqu’à maintenant, ayant, comme ils l’ont fait, préféré aller ramasser les miettes que le régime leur jetait alors que ce que nous voulions, nous, c’est écarter radicalement ce régime pour que les Gabonais puissent enfin s’éviter ce type de prostitutions !

5) Les Gabonais qui, voyant en nous une vache à lait politique, ne nous rejoignirent que dans le seul but de nous pousser à aller rencontrer, d’abord Omar Bongo, puis Ali Bongo, sans doute dans l’espoir de nous voir nommé à des postes ministériels, comme tous les autres qui, à un certain moment, avaient fait du « bruit » avant que d’aller, comme de bons bantous, prostituer leur moralité chez les Bongo ; c’était évidemment mal nous connaître : si nous avions rencontré Omar Bongo dans le cadre des six invitations à discuter qu’il nous fit entre 1998 et 2009, ou Ali Bongo dans le cadre des deux invitations qu’il nous fit lors de notre séjour au Gabon en 2009, nous aurions irrémédiablement contredit l’idéologie qui était la nôtre et, surtout, compromis tout le potentiel politique du combat insurrectionnel que nous avions passé des années à étudier et à mûrir ; quand on veut le changement, on ne discute pas avec les dictateurs ; on s’organise pour les évincer !

6) Les Gabonais qui voulurent nous utiliser pour aller apporter notre soutien à des leaders qu’ils croyaient prêts à aller jusqu’au bout, alors même que ces leaders s’obstinaient à choisir les voies électoralistes que nous disions ne mèneraient nulle part ; or, entre 1998, année où nous déclarions que le Gabon ne changerait pas par les urnes, et 2016, année où nous réaffirmâmes que 2016 serait comme 1993, 1998, 2005 et 2009 si les Gabonais ne se détournaient pas de l’électoralisme, il n’y a eu au Gabon que des leaders électoralistes croyant encore que l’on pouvait prendre le pouvoir au Gabon par la simple force démocratique des urnes. N’ayant jamais cru en une telle hérésie, nous ne pouvions nous adjoindre à des combats futiles que nous savions perdus d’avance ! Nous avons toujours préféré la prise de pouvoir effective par les masses populaires aux fausses satisfactions électoralistes de « présidents élus » n’accédant jamais au pouvoir. Les Gabonais doivent comprendre que sans lutte préalable, il n’y aura aucune prise de pouvoir par l’opposition. Pour que l’opposition puisse prendre le pouvoir au Gabon, elle devra passer par la force démocratique de la rue.

7) Les Gabonais qui voulaient négocier avec le régime, mais qui oubliaient, dans leur naïveté, que l’on ne négocie avec un régime despotique que quand on est en position de force et que l’on a inversé le rapport de force à son avantage, renversement qui ne pouvait venir que d’une insurrection populaire mûrement préparée, puis organisée ; or, vu que négocier avec un régime dictatorial comme celui du Gabon alors que l’on n’a livré aucune bataille libératrice c’est, en réalité, accepter le principe d’un partage du pouvoir qui continuerait à maintenir ce même régime au pouvoir, les propositions de négociation et de dialogue qui, entre 1993 et 2019 ont été faites ne peuvent mener, encore une fois, qu’à des arrangements et des compromissions qui se feraient sur le dos du Peuple ; les Gabonais ne peuvent plus se permettre un dialogue de plus avec les Bongo qui ne résultât d’une insurrection populaire ; quand on recherche la chute d’une dictature, on rond le dialogue et on organise contre elle un lutte farouche par la force démocratique de la rue.

8) Les Gabonais qui, nous ayant trouvé intraitable sur tous les aspects qui pouvaient compromettre l’idéologie du « Bongo Doit Partir », quittèrent le mouvement « Bongo Doit Partir », soi-disant pour nous montrer qu’ils pouvaient mieux faire que nous, alors même que dans la pratique, ils se révélèrent tous, au final, de l’obédience électoraliste et généralement bongoïsante que nous avions inviolablement répudiée dans le cadre de notre idéologie, obédience que nous avions définie comme mathématiquement antinomique à toute idée de changement révolutionnaire au Gabon ; ceux qui croyaient mieux faire en allant se contorsionner dans l’électoralisme ou les dialogues au rabais avec les Bongo se sont curieusement retrouvés, eux aussi, embourbés devant la simple réalisation que sans une insurrection en bonne et due forme, point de changement possible au Gabon. Retour à la case départ, donc, de la mathématique insurrectionnelle érigée en voie inviolable par l’idéologie elle aussi inviolable du « Bongo Doit Partir ».

9) Les Gabonais d’une certaine diaspora qui, s’étant maladroitement appropriés notre idéologie, voulurent nous convaincre qu’ils pouvaient mieux la faire que nous et, donc, allèrent mener à part leur combat, croyant avoir de meilleures stratégies que ceux qui, selon eux-mêmes, auraient inspiré leurs propres démarches politiques ; mais pour cette catégorie de Gabonais, souvent trop jeunes et immatures, les fameuses stratégies se résumèrent parfois à simplement prendre l’avion et aller au Gabon dans l’improvisation et l’impréparation la plus totale ; beaucoup sont souvent revenus du Gabon sans avoir été vus dans des manifestations politiques ! D’autres, trahissant des objectifs inavoués, se sont simplement jetés dans la nasse du régime, désireux qu’ils étaient, eux aussi, de passer de la catégorie des « révolutionnaires » à la catégorie des « mangeurs » de miettes de la République bananisée.
10) Et j’en passe !

Il se trouve cependant aujourd’hui, comme nous le réaffirmons d’ailleurs dans notre nouveau livre « Le Gabon en danger », que, malgré toutes ces divergences, tous les chemins ont continué à mener au « Rome » de l’insurrection populaire comme passage obligé. Toutes les autres théories du changement que d’aucuns présentèrent comme des panacées n’ont abouti à rien. Entre 1990 et 2019, on a tout essayé: Conférence Nationale, dialogues, élections, bouderies, invectives, injures, entrisme, convivialisme, responsabilité républicaine, pacifisme, collaborationnisme, caresser les Bongo dans le sens du poil, etc. : rien n’a marché. La seule chose qui n’ait pas encore été essayée au Gabon est une insurrection en bonne et due forme qui fût spécifiquement préparée, organisée puis implémentée avec l’objectif spécifique de mener à l’écroulement du système Bongo-PDG en vue de la prise de pouvoir effective par le Peuple gabonais.
 
C’est dire que le combat qu’il y a à mener contre les Bongo ne peut plus s’accommoder du type d’errements et d’approximations idéologiques qui ont prévalu au cours des 29 dernières années d’errances électoralistes ou dialoguistes futiles avec les Bongo. Pour sortir des schèmes mentaux qui ont, pendant près de trois décennies, éconduit ce combat, il faut élucider ce qui a, jusqu’à présent, nuit à toute possibilité de changement immédiat au Gabon.
 

Disons-le déjà ici, tout de suite. Si le Gabon n’a pas changé, c’est moins parce que le régime des Bongo était fort ou indéracinable. Si le Gabon n’a pas changé, c’est beaucoup plus parce que l’opposition gabonaise était faible. Si nous devons réussir le changement, il faut donc au préalable établir pourquoi l’opposition gabonaise s’est souvent montrée aussi faible et, donc, aussi inapte dans sa capacité à soulever le peuple.

Outre, donc, les éléments déjà soulevés dans l’analyse-bilan ci-dessus, il faut ici dire que le vrai problème des Gabonais, et donc de son opposition, se trouve dans un certain nombre de « tares » politiques qu’il faudra, au plus urgent, nettoyer de notre mental avant que de pouvoir engager la nation dans la dynamique d’un combat insurrectionnel digne de ce nom. Déclinons ici certaines de ces tares :

1) LA TARE DE LA FACILITÉ ET DES SOLUTIONS FACILES : Les Gabonais doivent cesser d’attendre des solutions faciles qui viendraient du miracle soit de Jésus-Christ, soit de Martiens ou de carnets d’adresses qui viendraient libérer le Gabon à leur place. Ces illusions que certains hommes politiques ne cessent de semer sont nocives pour toute idée de changement révolutionnaire au Gabon ; elles ont tendance à immobiliser les Gabonais dans des attentes futiles qui les empêchent de considérer d’autres actions ou d’autres stratégies de prise de pouvoir ; tout leader politique qui ferait croire aux Gabonais que ce sont les carnets d’adresses venus de la planète Mars ou les élections organisées par les Bongo qui viendraient libérer le Gabon à la place des Gabonais est un criminel politique au service des Bongo ; il faut combattre ce type de leaders au même titre que les Bongo car leur but n’est pas de rechercher le changement, mais la perpétuation du régime clanique des Bongo en maintenant les Gabonais dans l’attente d’un changement miraculeux qui ne viendra jamais. Nous savons tous que le Gabon ne changera pas sans insurrection ; c’est à la préparation de ce combat insurrectionnel que tous doivent désormais s’atteler ;

2) LA TARE DE LA CORRUPTIBILITÉ : Le Gabonais « opposant » est souvent trop facilement corruptible. D’où sa tendance à se spécialiser dans des oppositions de posture et de positionnement ne visant qu’à faire du « bruit » pour se faire remarquer et une fois remarqué à se vendre au régime. D’où aussi les empressements à participer aux « dialogues » politiques au rabais, dialogues organisés, pourtant, en pièges à souris par le régime pour casser l’opposition et l’amener à des gouvernements de partage du pouvoir qui, au final, finissent par décrédibiliser, puis affaiblir l’opposition tout en rendant ce qui en reste incapable de mobiliser un peuple devenu sceptique. Le changement insurrectionnel au Gabon dépend et dépendra toujours de la capacité des opposants qui comptent à refuser toute forme de dialogue avec le régime, ce qui est une condition sine qua non pour une mobilisation effective des Gabonais qui veulent le changement immédiat ;

3) LA TARE DU CHEF OÙ CHACUN VEUT ÊTRE CHEF ET GRAND STRATÈGE DU CHANGEMENT RÉVOLUTIONNAIRE : Les Gabonais, de tous bords, de tous âges et de toutes générations ne savent pas ce que c’est que rester à la place qu’il faut en vue du combat qu’il faut ; le leadership politique gabonais est si cacophonique que tout le monde, dès lors que l’on a sorti une vidéo insultant les Bongo sur Facebook, se veut chef politique incapable de s’aligner derrière ceux qui maîtrisent mieux les enjeux qu’eux ; or, quand il s’agit de la lutte insurrectionnelle, tout le monde ne peut être chef et ce n’est pas n’importe quel leader politique qui peut organiser une lutte insurrectionnelle ; au Gabon, les gens qui ont étudié la lutte insurrectionnelle et savent comment la mener se comptent sur les doigts d’une seule main, et ce n’est pas parce qu’on serait un ancien apparatchik du PDG argenté que l’on serait nécessairement le mieux armé pour organiser la lutte insurrectionnelle ; la lutte insurrectionnelle exige des chefs de guerre avec des convictions fortes et non pas des chefs politiques embourgeoisés n’ayant jamais à aucun moment réfléchi à l’équation du changement révolutionnaire au Gabon. Tant que les Gabonais ne sauront pas se mettre derrière ceux qui sont capables de servir de chefs de guerre et préféreront s’aligner derrière des chefs politiques, dont beaucoup sont d’anciens pédégistes n’ayant aucune idée de ce que c’est qu’une lutte insurrectionnelle, l’opposition gabonaise restera inepte et les Bongo continueront à faire du Gabon ce qu’ils veulent ;

4) LA TARE DE L’IGNORANCE DES MÉCANISMES DE PRISE DE POUVOIR : Il y a encore dans la mentalité des Gabonais un grand décalage épistémologique qui crée la confusion entre les impératifs de la « prise de pouvoir » et les impératifs du combat insurrectionnel qui doit être mené avant que de pouvoir rêver à cette prise de pouvoir. L’on se comporte parfois au Gabon comme si la prise de pouvoir était un fait politique qui tombait du ciel, et l’on trouve encore aujourd’hui dans notre pays des gens croyant à une prise de pouvoir miraculeuse qui ne serait précédée d’aucun combat digne de ce nom. Pourtant, la prise de pouvoir n’est pas une notion compliquée : il n’y a que, grosso modo, quatre options de prise de pouvoir dans un pays comme le nôtre : le coup d’État (trop compliqué et peut mener à une dictature militaire), la guerre civile (trop compliquée et peut mener à une dictature populaire), l’élection (impossible car le résultat des urnes est toujours ignoré au Gabon) et le pouvoir démocratique de la rue (à la portée de tous les peuples et option la plus facile à organiser). Or, dès lors que l’on sait qu’au Gabon les urnes ne sont pas une option réaliste de prise de pouvoir, la logique voudrait que l’on se concentre sur la seule option viable qui est, quant à elle, à la portée de tous les peuples : la rue. Mais, au Gabon, l’on trouve encore au jour d’aujourd’hui des gens croyant qu’ils peuvent prendre le pouvoir sur la base d’élections que tout le monde sait sont toujours perdues d’avance ; d’aucuns par la suite s’accrochent avec fanatisme à leurs « présidents élus », oubliant que, en réalité, dans des pays monarchisés comme le Gabon, il est inutile de rêver à la prise de pouvoir si l’on n’est pas prêt à passer par la rue ;

5) LA TARE DE LA PHOBIE ANTI-FRANÇAISE : De nombreux Gabonais restent encore mentalement bloqués sur une France mythique qui, de ce fait, serait faiseuse de rois au Gabon. Dans le monde d’aujourd’hui, cette croyance est une distraction. Par cette distraction, les Gabonais s’imposent un blocage mental qui leur fait croire que tant que la France n’a pas entériné le changement au Gabon, il est futile de se battre pour ce changement. Cette position hautement fallacieuse est telle qu’elle est entretenue même par les hommes politiques qui ne cessent de faire des navettes préélectorales ou post-électorales vers Paris pour soi-disant obtenir l’adoubement de la France ou des « carnets d’adresses » français. Et quand les choses ne marchent pas, l’on trouve dans les discours politiques des uns et des autres des appels lancés à cette même France de venir aider les Gabonais à se libérer des Bongo que l’on accuse cette même France de maintenir au pouvoir. Malheureusement, c’est dans ce type de comportements petit-nègre que le mythe de la France faiseuse de rois est amplifié par les Gabonais eux-mêmes, et ce dans le même temps que des pays comme le Burkina Faso ou la Tunisie ont montré que des peuples déterminés peuvent défaire ce mythe de la France en chassant du pouvoir les dictateurs soutenus par la France. Le jour où les Gabonais comprendront que, France ou pas, ce n’est pas à Paris, mais dans les rues de Libreville, Port-Gentil, Mouila, Oyem, Franceville et autres qu’on chassera les Bongo du pouvoir, il suffira d’une semaine pour évincer ce régime ;

6) LA TARE DE LA DISPERSION ET DES IMPROVISATIONS POLITIQUES : Les Gabonais croient encore trop facilement que les insurrections ne se font que de manière spontanée. En réalité, aucune insurrection ne peut se faire de manière spontanée s’il n’y a pas déjà, à la base, des groupes bien réseautés et bien organisés tant idéologiquement que logistiquement. Ce que ceci veut dire pour les Gabonais souhaitant s’engager dans l’insurrection est qu’il faut travailler sur deux choses essentielles : la préparation et l’organisation. Ces deux éléments demandent une certaine constance qui exige que l’on ne se détourne jamais de l’objectif quel que soit ce qui peut arriver dans le paysage politique gabonais, et que l’on soit prêt à déclencher les actions préparées selon la méthodologie préparée, et uniquement au moment où on le juge opportun. Au Gabon, on voit trop facilement des gens se détourner de leur propre préparation pour s’engouffrer avec précipitation dans des agendas improvisés jamais préparés, tout simplement parce qu’il y a une certaine actualité les y obligeant. Ceci est une faute grave. Quand on prépare un combat particulier, on y met toute l’énergie et on ne s’en détourne pas tant que l’on n’est pas prêt à engager ce combat selon la procédure et les modalités mises en place. S’en détourner au bénéfice d’une actualité illusoire c’est se condamner à recommencer à zéro. Cette tendance à se détourner des objectifs de son groupe est si nocive que le régime sait que pour détourner tout le monde de tous préparatifs insurrectionnels, il suffit de créer une actualité telle une proposition de dialogue, car ils savent que la plupart des Gabonais vont s’engouffrer dans cette brèche trompeuse, et se retrouver encore une fois piégés dans la nasse des « réconciliations nationales » qui ne servent, en réalité, qu’à casser les initiatives insurrectionnelles et à absorber les « opposants » les plus bruyants. Or, préparer une insurrection c’est se focaliser comme un laser sur une certaine idéologie, une certaine méthodologie et certaines modalités qui doivent obéir à une discipline qui imposerait à tout le monde de ne plus risquer de se laisser détourner par des choses qui n’ont rien à voir avec leurs préparatifs et, donc, de ne s’engager que dans la lutte qu’ils ont préparée et uniquement elle. S’engager dans des agendas improvisés au gré d’actualités dont on ne maîtrise ni les tenants ni les aboutissants est la recette de l’éternel recommencement ; il faut désormais s’en prémunir ;

7) LA TARE DES FOURRE-TOUT : Les Gabonais ont souvent à la bouche le mot « unité », mais ils oublient souvent que toutes les unités ne sont pas bonnes. Souvent désireux de faire le « nombre » en associant tout le monde à leurs initiatives, ils oublient souvent que c’est par ces fourre-tout que le régime insère souvent en leur sein des éléments dont l’objectif est de faire échouer dans l’œuf toute tentative d’évoluer vers des actions insurrectionnelles. L’on n’a pas besoin de science infuse pour comprendre que dans une opposition dirigée à priori par d’anciens pédégistes, mélanger dans un combat se voulant insurrectionnel des gens qui ne jurent que par le dialogue avec les Bongo avec des gens voulant en découdre ne peut que mener à l’impossibilité d’organiser une insurrection au Gabon. Le succès d’une insurrection au Gabon ne doit plus passer par ces fourre-touts immobilisants, mais par des alliances stratégiques entre, uniquement, tous ceux qui font de la démarche insurrectionnelle le passage obligé vers la démocratie au Gabon. Il appartient à ceux-là de se doter de la cohésion idéologique nécessaire à une action insurrectionnelle efficace.

C’est dire, chers compatriotes, que nous avons désormais l’obligation de comprendre que :

1) Le Gabon ne changera que par des voies insurrectionnelles et, donc, ce que nous n’avons cessé d’appeler la force démocratique de la rue ;

2) Mais la rue ne peut parler de manière efficace que si un groupe bien avisé la prépare et s’empêche de se laisser détourner par des distractions telles les « dialogues » improvisés par le régime ou les gens qui veulent maintenir le peuple dans l’immobilisme et l’attente futile de carnets d’adresses qui viendraient libérer le Gabon à la place des Gabonais ;

3) Tout combat insurrectionnel demande de la préparation loin des impatiences, des émotions et des improvisations auxquelles les Gabonais se sont habitués ces derniers temps, notamment le fait de croire qu’il suffisait pour un leader de dire « Je ne vous retiens plus » ou face une simple déclaration sur Facebook pour que le miracle de l’insurrection se passe. Il y a des manières efficaces d’amener un peuple à la rue, mais ces manières se pensent, se préparent et s’organisent. Nous devons désormais éviter les improvisations qui, au Gabon, ont toujours mené à des feux de paille vite éteints par le régime, mais qui ont souvent mené à des morts de Gabonais assassinés inutilement par le régime, sans que personne par la suite ne s’organise pour venger ces martyrs. Ne parlons même pas des prisonniers politiques oubliés dans l’obscurité des geôles du dictateur, sans que ceux pour qui ils ont subi la prison ne lèvent le moindre petit doigt pour leur libération immédiate ; se lancer dans l’insurrection est un processus qui doit commander d’aller au bout, pour éviter que des Gabonais ne subissent pour rien des meurtrissures qui demeureraient futiles à cause de l’impréparation.

C’est dans le cadre de ces préparatifs que nous communiquerons sous peu notre vision du changement aux Gabonais, pour que ceux qui voient les choses comme nous et veulent s’atteler à cette tâche de préparation nous rejoignent dans cette vision et que, ensemble, nous mettions fin à ce régime, loin des illusions, et par le seul pouvoir qui compte, le pouvoir démocratique de la rue.

A ceux qui douteraient encore de l’inévitabilité de l’insurrection comme seul moyen de mettre hors d’état de nuire ce régime, nous dirons, simplement, le Gabon se libérera, avec ou sans vous.

A ceux qui croient encore aux chefs politiques comme solution, nous dirons « vous êtes hors-sujet ». Les chefs politiques sont adaptés au contexte normal d’un pays normal avec des institutions normales fonctionnant de manière normale. Or, le Gabon est tout sauf un pays normal. Le contexte actuel au Gabon est un contexte de guerre entre le peuple et les Bongo Valentin. A ce contexte, il faut, non plus des chefs politiques, mais des chefs de guerre, qui pour réussir devront s’approprier les mécanismes déjà séquencés dans le projet « Destitution/Démocratisation, Transition, Élections (DTE) », qui s’affirme de nouveau aujourd’hui comme le passage obligé du Gabon vers la démocratie, des élections libres et l’État de droit.

Chers compatriotes, ne soyons plus hors-sujet. Le temps des chefs de guerre est arrivé.

Fait le 8 décembre 2019 à Montclair, New Jersey, Etats-Unis d’Amérique.

Dr. Daniel Mengara
Président, « Bongo Doit Partir – Modwoam »


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Le chant des chimpanzés (Roman en français) : https://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=27057

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