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Gabon : Le dernier tour de force de Pierre Mamboundou

Les hommages que le Corps diplomatique et les parlementaires devaient rendre à Pierre Mamboundou, ce 27 octobre à l’Assemblée nationale, ont été boycottés par les militants de l’UPG, fâchés de ce que la cérémonie de souvenirs sur la place de Rio avait été interdite. Par la force des choses, ce qui a été qualifié de «dernier meeting de Pierre Mamboundou à Rio» a tout de même eu lieu, sous les chants, les cris et les pleurs de quelques milliers de partisans. L’hommage à l’Assemblée nationale pourrait avoir lieu le lendemain.

Commencées ce matin du jeudi 27 octobre, les obsèques de Pierre Mamboundou, opposant historique décédé le 15 octobre dernier à Libreville, ont enregistré un couac monumental : Les parlementaires et le Corps diplomatique qui ont fait le déplacement de l’Assemblée nationale en vue d’un dernier hommage à celui qui était député de la commune de Ndendé, en ont été privés. Les militants de la formation politique du défunt ayant décidé de boycotter l’étape du palais Léon Mba.

Il se trouve que dans la matinée, les organisateurs des obsèques du président de l’UPG ont dressé une tente, une plate-forme devant accueillir le cercueil et un équipement de sonorisation au carrefour Rio, place forte de Pierre Mamboundou, en ceci qu’il y a tenu les plus grands meetings de sa carrière politique. Ce dispositif devait accueillir la dépouille de Pierre Mamboundou en vue d’une cérémonie de souvenirs, ainsi que prévu dans le programme publié quelques jours auparavant.

Un peu avant la fin de la messe de requiem à la cathédrale Sainte-Marie, une information a parcouru l’assistance, faisant état de ce que la police avait démonté le dispositif installé au carrefour Rio. Pris de colère, le « peuple » de l’UPG a décidé, pour donner la réplique à l’acte de la police, de ne plus conduire l’enveloppe charnelle de Mamboundou à l’Assemblée nationale où attendaient déjà les parlementaires et le Corps diplomatique. Malgré les discussions très animées, les militants ont campé sur leur position. C’est ainsi qu’au sortir de la cathédrale, le cortège funèbre a emprunté un autre itinéraire : Sainte-Marie, station Arambo, collège Bessieux, gare routière et Rio.

Composée d’un peu plus d’un millier de personnes, la cohorte bariolée de rouge, couleur d’identification des partisans de l’UPG, a accompagné le cortège à pied jusqu’à Rio en scandant des chants partisans et l’hymne national du Gabon.

Sur la place de la Tolérance à Rio, des milliers d’autres personnes attendaient, encadrées par la police qui, vraisemblablement, avait reçu l’ordre d’empêcher la halte programmée. A l’arrivée du cortège funèbre, la police a voulu empêcher la halte. Mais, visiblement débordée et sans doute pour éviter l’affrontement, elle a fini par laisser la cohorte en provenance de Sainte-Marie suivre le chenal tracé par la foule, afin de permettre au fourgon mortuaire de marquer sa pause et de se rapprocher de la tente qui avait été remontée, cette fois sans le plancher et sans sonorisation.

Le service d’ordre de l’UPG également débordé s’est résolu à écourter cette halte. Le «dernier meeting de Pierre Mamboundou à Rio», ainsi qu’on l’entendait dire dans la foule, n’a donc duré qu’une dizaine de minutes. Mais comme au temps de sa magnificence, Pierre Mamboundou a attiré sur cette place autant de monde que lors du meeting d’ouverture de campagne électorale de la présidentielle anticipée de 2009.

Après avoir été recouvert, par les militants, du drapeau vert-jaune-bleu du Gabon et du drap rouge de l’UPG, le corbillard a quitté la place de la Tolérance, en compagnie d’une foule monstre, pour continuer la marche vers le siège de l’UPG au quartier Awendjé.

Jointe au téléphone, une source du service protocole de l’Assemblée nationale a indiqué que l’institution avait entamé des négociations avec l’UPG et la famille du défunt leader, afin que l’hommage des parlementaires et du Corps diplomatique puisse avoir lieu le lendemain, vendredi 28 octobre entre 9 h 30 et 10 h. Pour expliquer le rendez-vous manqué de ce jour, la même source a évoqué «des problèmes de coordination entre l’UPG et l’Assemblée nationale».

D’une manière ou d’une autre le «dernier meeting de Pierre Mamboundou à Rio» aura été une démonstration de la force qu’était le leader politique décédé le 15 octobre dernier.

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