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Le Gabon refoule un cadre français

Le dictateur Bongo du gabon
Réciprocité ». Jugeant « abusive » l’expulsion récente par la France de deux de ses ressortissants, le gouvernement gabonais a décidé d’appliquer la même règle en matière de politique migratoire à l’égard des Français en situation irrégulière sur son territoire, aussi bien ceux qui arrivent que ceux qui y résident déjà. Mardi 4 mars, un cadre français du secteur pétrolier venant travailler au Gabon a été refoulé à son arrivée à l’aéroport Léon Mba de Libreville. Il a été empêché de pénétrer sur le territoire gabonais et a dû repartir.

La veille, Libreville avait fait part de sa « stupeur et (de son) indignation », estimant que la France avait « violé » de manière « flagrante » les accords entre les deux pays avec des « reconduites abusives ». Les autorités gabonaises ne digèrent pas la reconduite à la frontière en février de deux de ses ressortissants étudiants en France.

Le 19 février, Raïssa Menge Ondo, 29 ans, qui préparait une licence en droit à Toulouse, a été expulsée par les autorités préfectorales de Haute-Garonne au motif qu’elle « n’est pas menacée dans son pays » et qu’elle « manque de sérieux dans ses études ».

Léguy Mbira, 32 ans, a été mis le 29 février de force dans un avion à destination de Libreville. Père d’une fille de 4 ans restée en France, M. Mbira avait obtenu un master en ressources humaines à l’université de Reims en 2004. Il avait entrepris des démarches pour changer de statut et pouvoir honorer un contrat de travail à durée indéterminée. Contrat qui lui aurait permis de financer le doctorat qu’il projetait de suivre dans une école privée.

« Normalement il y a une concertation entre les services gabonais et français, mais depuis quelque temps les services français arrêtent des Gabonais sans nous consulter et ils les mettent dans l’avion », relevait, mercredi, le ministre de l’intérieur gabonais André Mba Obame. Il a annoncé que désormais son pays n’aviserait plus les services français et reconduirait les Français à la frontière : « Ce sont les services français qui ont commencé les premiers. » « Il y a beaucoup de Français en situation irrégulière au Gabon. Ils pourront être reconduits à la frontière, si au cours d’un contrôle de police, ils ne justifient pas de carte de séjour », a insisté M. Mba Obame. Selon lui, « 5 à 10 % » des quelque 10 000 Français installés au Gabon ne seraient pas en règle et pourraient donc être expulsés.

Le Gabon entend aussi appliquer la règle de la réciprocité à tout Français qui débarquerait sans visa à Libreville. Bien que soumis à une obligation de visa, les ressortissants français arrivaient jusqu’alors fréquemment sans visa. Il leur était cependant possible d’en obtenir un à l’arrivée à l’aéroport de Libreville : cela ne devrait plus être le cas.

Les autorités gabonaises ne comprennent pas pourquoi la France n’a toujours pas ratifié l’accord signé à l’été 2007 entre les deux pays. Le 4 juillet, le ministre français de l’immigration, Brice Hortefeux, s’était rendu à Libreville pour signer un accord de « gestion concertée des flux migratoires ». Accord qui prévoit notamment d’alléger et faciliter la délivrance de visas à des Gabonais souhaitant venir étudier ou travailler en France. En contrepartie, le Gabon s’est engagé à faciliter le rapatriement de ses ressortissants qui résideraient en France en situation irrégulière.

Au ministère français de l’immigration, on précise que cet accord est en cours de ratification. « Le projet de loi de ratification a été adopté le 20 février en conseil des ministres et doit être soumis au Parlement au printemps », explique-t-on, tout en ajoutant que « cet accord n’a pas pour finalité d’accorder des visas à des étudiants qui ne le justifient pas ».

Les deux reconduites à la frontière qui ont suscité la colère des Gabonais ne sont ni plus ni moins, pour le ministère, que « l’application normale de la loi par le préfet ». « Il s’agit, souligne-t-on dans l’entourage de M. Hortefeux, d’une étudiante de 29 ans inscrite pour la septième année en licence. Et d’un étudiant de 32 ans n’ayant plus obtenu de diplôme depuis 2004. Ce qui suffit à démontrer que le maintien d’une carte de séjour en tant qu’étudiant n’est pas justifié. »

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