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Gabon: bouleversement dans le secteur pétrolier, qui doit sécuriser les emplois

En demandant aux multinationales pétrolières d’appliquer la loi qui les oblige à embaucher leurs intérimaires « réguliers », le président gabonais a peut-être provoqué une onde de choc qui « peut changer le paysage du secteur », estime le syndicaliste Arnaud Engandji.

Les 12 jours de grève chez Shell-Gabon fin mars et début avril ont débouché sur un accord entre les syndicats et le groupe pétrolier anglo-néerlandais.

Mais l’avènement de ces laborieuses négociations est sans doute l’intervention, en privé, du chef de l’Etat, Omar Bongo Ondimba, qui a rappelé à Shell ainsi qu’aux membres de l’Upéga (Union pétrolière gabonaise) qu’ils devaient appliquer une ordonnance de 2007 les contraignant à embaucher les intérimaires qui travaillent depuis deux ans au même poste.

Théoriquement, les pétroliers, mais aussi les autres secteurs, doivent s’y soumettre et les autorités avaient donné quelques mois aux entreprises pour son application. Elles les ont rappelées à l’ordre en janvier 2008.

Or, le secteur pétrolier, vital pour le Gabon, traîne des pieds « alors même que le baril se vend à 100 dollars et que leurs recettes (des multinationales) ont explosé », souligne Arnaud Engandji, porte-parole de l’Organisation nationale des employés du pétrole (Onep).

Les pétroliers et leurs sous-traitants sont d’ailleurs très peu loquaces sur le dossier. « Nous allons respecter la loi comme nous l’avons toujours fait. Ce n’est pas un problème », a affirmé un porte-parole de Shell, seule compagnie à accepter de répondre.

Un représentant de Total, principal acteur sur la scène gabonaise, a fait mine de ne pas être au courant des incitations gouvernementales, s’affirmant « perplexe » qu’on s’intéresse au sujet. D’autres sociétés n’ont simplement pas répondu aux sollicitations de l’AFP, tout comme les sous-traitants contactés.

« C’est un sujet épineux. On marche sur des oeufs. Cela ne m’étonne pas que personne ne veuille communiquer », explique un observateur privilégié qui a lui-même requis l’anonymat.

Selon Arnaud Engandji, la mesure concernerait entre « 1.000 et 2.000 personnes ». Autant dire un véritable séisme dans le secteur.

« Ce serait surtout des conditions de vie bien meilleures pour de nombreux employés », estime-t-il. De source syndicale, le salaire chez les sous-traitants peut descendre jusqu’à 110.000 francs CFA (170 euros) alors qu’il oscille entre 500.000 et 800.000 (760 à 1.200 euros) au sein des grands groupes, qui offrent en plus des avantages sociaux comme l’assurance maladie pour les familles.

« Contrairement aux grands groupes qui respectent les lois, beaucoup de sous-traitants profitent des travailleurs », fait valoir le porte-parole de l’Onep, qui regroupe 3.500 des quelques 5.000 travailleurs du secteur.

« Certains sous-traitants proposent des contrats d’un mois continu sur une plate-forme, ne payent pas les jours de récupération auxquels a droit le travailleur, puis le réembauchent le mois suivant pour un nouveau mois. Au final, le travailleur est payé un mois sur deux », explique-t-il.

« Sans parler de ce que la précarité implique: difficulté pour louer un logement ou impossibilité d’avoir un prêt. Imaginez le changement pour ces employés que d’être embauchés par un grand groupe! », conclut M. Engandji.

Dans une projection à long terme, « il va y avoir un transfert des employés des sous-traitants vers les pétroliers », souligne un consultant connaissant parfaitement le secteur, qui estime « possible » mais pas certain que la mesure renchérisse les coûts des multinationales.

« Tout l’intérêt », conclut-il, « c’est d’écarter un certain nombre de +margoulins+, de sous-traitants qui ne paient pas leurs cotisations sociales par exemple ».

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