Découverte par le Pr. Mavoungou, l’IM28 est une molecule qui inhibe la réplication du VIH même dans les cas de résistance à l’AZT et au 3TC. Présentée pour la première fois à la 13e Conférence internationale sur le SIDA à Durban, en Afrique du Sud, en juillet 2000, cette découverte d’une grande portée scientifique et médicale a déjà été brevetée et le projet de transformation de cette molécule en médicament commercialisable est en bonne voie. Homme des sciences, délégué général du continent africain au bureau de l’Académie mondiale des sciences et des technologies biomédicales (W.A.B.T) partenaire de l’UNESCO, et auteur notamment de trois brevets d’invention, de 27 formules d’intérêt médical en voie d’homologation et de plusieurs publications scientifiques, le Professeur Donatien Mavoungou fait ici le point sur cette invention qui pourrait être d’un grand apport dans la prise en charge des malades atteint de SIDA.
Vous êtes connu comme l’inventeur de l’IM 28 dont le principe actif combattrait à la fois les infections, parmi lesquelles le Sida, et les maladies cardiovasculaires. Qu’en est-il exactement ? Le médicament existe-t-il ? Est-il commercialisé ?
IM28 jouit de trois brevets, le premier a été déposé à l’INPI (Institut national de la propriété industrielle) en France, puis a été élargi au niveau européen et finalement au niveau mondial. L’IM 28 est une des réponses à la préoccupation de la communauté internationale depuis l’apparition du grand fléau qu’est le Sida. C’est un procédé qui permet à la fois de renforcer le système immunitaire du malade du Sida, de bloquer la réplication du virus du Sida et il comporte bien d’autres propriétés sur lesquelles nous pourrons revenir. C’est donc un médicament, breveté, recommandé pour le malade du Sida peu importe le stade où il se situe. On peut, dès le premier stade de l’infection, administrer le produit aux malades et on arrive même à le rendre indétectable selon les tests disponibles.
S’agissant de la commercialisation, nous avons introduit le dossier scientifique et médical de l’IM28 à la division du médicament du ministère de la Santé du Gabon et nous avons été autorisés à administrer ce médicament aux malades sur la base d’une préparation magistrale. Cela depuis quatre ans et les demandes sont de plus en plus croissantes. C’est ainsi que nous avons commencé à nous intéresser à la production industrielle de l’IM 28. Ce qui a justifié la création au Canada d’une société dénommée DMB Medic pour la production et la distribution de ce médicament. Nous attendons les résultats de l’appel d’offre que nous avons lancé auprès des financiers, aussi bien au Gabon qu’à l’international, pour sortir le premier lot de l’IM28 qui sera commercialisé sous le nom de Immunor après avoir complété le dossier d’Autorisation de mise sur le marché (AMM).
Quel est le parcours de ce médicament, les premières déductions, les essais cliniques, etc.
On devrait dans ce cas aborder l’antériorité de l’invention, autrement dit comment je suis arrivé à celle-ci. Au terme de mes études universitaires, j’ai débuté, à l’Institut des recherches cliniques de Montréal sou la direction de feu le Pr. Wojciech Novaczynski, un travail sur l’hypertension et sur une hormone dénommée Déhydropiandrostérone (DHEA) qui avait été découverte en 1936 par l’allemand Adolf Friedrich Johann Butenandt, prix Nobel de Chimie 1939 et dont la forme sulfatée a été mise en évidence, en France, par Étienne-Émile Baulieu J’ai donc travaillé sur la S-DHEA en rapport avec les maladies cardiovasculaires. Par ailleurs, à partir de recherches que j’effectuais sur l’établissement de valeurs et de normes hormonales proprement africaines, j’ai découvert que les infections retentissaient sur le système endocrinien et que ces infections perturbaient le métabolisme de la DHEA et quand sont arrivés les premiers cas de Sida dans notre pays, j’ai comparé les malades du Sida aux séronégatifs par rapport aux taux de la DHEA. C’est ainsi que j’ai constaté que les taux de DHEA étaient effondrés, en rapport avec l’infection au VIH. Aussi ai-je déduit qu’il fallait proposer au malade du Sida une thérapie de substitution consistant à donner à l’organisme ce que le virus détruisait. J’ai découvert avec intérêt que la DHEA, sur la base des travaux scientifiques américains, français et anglais, est un modulateur de la réponse immunologique. Autrement dit, la DHEA stimulait la production de Interleukine 2 (IL2) composante essentielle du statut immunitaire de l’homme. Et, plus tard, nous avons nous-même fait des travaux pour vérifier si la DHEA avait cette capacité d’inhiber la réplication du virus du Sida. Ces travaux ont été confirmés par des travaux américains, anglais, japonais et français. Il fallait alors breveter le produit. Une molécule naturelle n’est pas brevetable, mais l’association de deux molécules peut donner lieu à un brevet et nous avons pensé à l’association avec une substance locale obtenue d’une huile végétale très utilisée dans les diètes et pour le traitement de certaines affections. On découvrira par la suite que cette huile avait des propriétés antiparisitaires, virales et fongiques.
C’est ainsi que l’IM 28 a été mise au point. Je me suis après quoi rendu à Montréal à l’Université Mc Gill en vue de tester l’IM28 dans le laboratoire du Pr. Mc Wainberg qui était alors le président de la Société internationale du Sida. C’est ainsi que pour la première fois, la communauté scientifique internationale mettait la main sur une invention africaine qui était approuvée par les laboratoires occidentaux. Nous avons eu à publier avec Mc Wainberg des travaux à ce sujet et deux de ses étudiants ont incorporé dans leurs thèses des travaux consacrés à l’IM28. Aujourd’hui, nous avons plusieurs publications sur le produit et sur le plan scientifique nous n’avons plus rien à prouver quant à l’efficacité de l’IM28. Après nous être assurés que notre produit n’était pas toxique, nous avons finalement procédé à des essais cliniques dont les résultats étaient très intéressants qui ont d’ailleurs été présentés en 2002 à Barcelone lors de la 14è Conférence internationale sur le VIH Sida. Forts de cela nous avons constitué plusieurs dossiers en vue d’intéresser aussi bien les autorités politiques que scientifiques pour passer de la préparation magistrale à la phase industrielle dans le but de répondre aux besoins des malades à l’échelle planétaire.
Si ce médicament agit sur trois maladies, c’est qu’il va au-delà des antirétroviraux. Ce qui est une découverte majeure pour la prise en charge de ces pathologies qui tendent à devenir endémiques, surtout en Afrique.
Ces trois maladies sont le Sida, la tension artérielle et le diabète. Il faut dire que les maladies cardiovasculaires, d’une manière générale, constituent les plus grandes causes de décès dans le monde et particulièrement en Afrique. Le virus du Sida induit le syndrome métabolique et donc le processus par lequel l’être humain peut devenir diabétique et/ou hypertendu. Et ce syndrome est aggravé par les antirétroviraux actuellement prescrits. On ne le dira jamais assez : c’est vrai que l’espérance de vie des malades du Sida augmente avec les antirétroviraux mais on ne peut pas occulter les effets secondaires liés à ces molécules. Ce qui est intéressant pour nous c’est d’avoir un complexe bi-moléculaire naturel, dépourvu de toute toxicité, et qui agit comme un antioxydant. C’est-à-dire que s’il est associé aux antirétroviraux d’utilisation classique, on peut prévenir les effets secondaires de ces antirétroviraux. Et, nous avons eu des résultats avec des malades depuis huit ans. Cette synergie entre l’IM28 et les antirétroviraux a été prouvée in vitro dans le laboratoire du Pr. Mc Wainberg et tous ces travaux ont été publiés. Lorsque nous avons fait notre essai clinique, au demeurant complet, nous nous sommes préoccupés de la santé globale du malade. Nous avons vérifié les fonctions hépatique, cardiaque, rénale ainsi que le poids, la tension artérielle, etc. On s’est alors rendus compte que certains malades qui étaient déjà traités pour l’hypertension artérielle et/ou le diabète, ont vu leur tension artérielle ou leur taux de sucre se normaliser beaucoup plus rapidement que par le passé. Avec un petit recul nous avons constaté que la molécule de base contrôle à la fois le métabolisme des sucres et des lipides. C’est pourquoi cette molécule est importante pour les maladies cardiovasculaires. Mieux encore, elle a un rôle régulateur au niveau rénal.
Nous avons donc là un produit qui contrôle la réplication du virus du Sida, renforce le système immunitaire (ce que ne font pas les antirétroviraux), prévient le syndrome métabolique et peut être prescrit contre le diabète et l’hypertension. C’est une invention africaine et nous savons, malgré tout ce qui se dit sur l’Afrique, qu’il existe des ressources financières en Afrique qui peuvent au moins permettre de lancer la première production de l’IM28 afin qu’il soit disponible au plus grand nombre. Je pense que si demain ce produit est disponible en quantité industrielle, on verra comment celui-ci aura contribué à l’augmentation de l’espérance de vie en Afrique. Si ceci est réalisé, connaissant les préoccupations en matière de santé au niveau mondial, je pense que nous sommes en droit de rêver d’être au moins candidat au prix Nobel de médecine.
L’IM28 via la DHEA stimule l’Oxyde nitrique (NO). Nous avons en effet constaté que trois molécules biologiques coopèrent pour le maintien de la bonne santé : la DHEA, l’hémoglobine et l’Oxyde nitrique. La DHEA stimule la production de la NO dont l’hémoglobine est le réservoir, au niveau des cellules endothéliales. Tout comme la DHEA, la découverte de la NO a valu le prix Nobel de Médecine en 1998 à trois chercheurs américains (Robert F. Furchgott, Louis J. Ignarro et Ferid Murad).
Quelle a été l’accueil réservée à l’IM 28 au niveau national ?
Cette question me gène un tout petit peu. Il faut dire que j’ai toujours été un peu nationaliste. Même lorsqu’il y a des erreurs, j’essaie toujours de sauvegarder l’image de marque de mon pays. L’évaluation au Gabon de mes avancées scientifiques a d’abord été faite sur une base politique. Je sais tout simplement qu’un scientifique doit être évalué par ses pairs. On doit dire qu’il existe des médicaments qui posent des problèmes. Et lorsqu’on constate des dégâts sur les vies humaines, on retire ce médicament de la vente. Aux Etats-Unis c’est le Food and Drugs alimentation qui se charge de retirer les produits dangereux de la distribution. Dans mon cas, le produit n’avait même pas encore commencé à être administré que la controverse avait commencé. Ce qui est certainement dû à l’absence d’une culture de l’invention. J’ai par exemple entendu dire : « Les blancs n’ont pas trouvé, ce n’est pas lui qui peut trouver. » Mais, on n’oublie que nous allons dans les mêmes écoles que les blancs et nous arrivons parfois à être premiers. Bref ! Je me contente du présent et le présent c’est que le médicament est en pharmacie et il ne pourra plus en sortir, parce qu’il fait ses preuves. Nous avons des demandes en provenance de pays aussi bien africains qu’européens. Et je suis encouragé par de nombreuses coupures de presse et par la considération de la communauté scientifique. Je dois, par exemple, prendre part à la Conférence internationale sur l’Hypertension qui aura prochainement lieu à Berlin et j’ai des travaux qui y ont été acceptés. Tout comme je serais, en juillet prochain, à la Conférence internationale sur l’hypertension chez les noirs à New Orleans aux Etats-Unis. C’est dire que je suis en activité et je suis dans la compétition internationale. Ce n’est pas seulement au Gabon ou pour le Gabon que je suis le Pr. Mavoungou. J’ai des titres universitaires et je me bats sur le plan international pour que le statut de chercheur soit effectivement garanti par des contributions annuelles soutenues dans les conférences internationales appropriées. A ce sujet, depuis 1978, je n’ai pas arrêté de contribuer que ce soit sous forme de participation à des conférences internationales et d’articles ou en tant que conférencier invité.
On devra retenir que j’ai créé au Canada ma propre société. Ce pays ne peut pas accepter la création d’une société pour produire un médicament si ses autorités en la matière n’ont pas apprécié les vertus scientifiques du produit attestés par nos brevets.
Au niveau africain, comment comptez-vous procéder pour le tour de table qui vous permettrait d’avoir un financement en vue de lancer la production de l’IM 28 ? L’usine sera-t-elle en Occident ou en Afrique ?
Dans un premier temps l’usine sera en Occident. J’ai mentionné tout à l’heure la création au canada d’une société dénommée DMB Medic pour la production et à la distribution de l’IM 28. Pour l’Afrique nous envisageons d’identifier un groupe de financiers qui pourra bénéficier de l’exclusivité de la distribution du produit sur tout le continent. Notre logique est de desservir tous les continents. Nous avons des contacts en Chine, en Amérique du Nord, en Amérique Latine et en Afrique. Nous essayons d’abord de produire le premier lot d’échantillons commercialisables dans leur forme définitive, parce que pour le moment les malades sont traités sur la base d’une préparation magistrale sous la responsabilité du pharmacien et du médecin prescripteur. Nous tenons à respecter les normes internationales, en terme de marketing et d’éthique. Après quoi, nous pourrons faire, si possible, un transfert de technologie vers l’Afrique pour la production de ce médicament sur le continent. Nous avons identifié des capitalistes intéressés et nous attendons leur réaction. Nous en sommes là. Il ne suffit environ que de six mois pour réaliser la production industrielle.
Quel est votre parcours universitaire ? Quels sont vos principaux travaux universitaires ? Ont-ils été publiés dans des revues spécialisées ?
Je suis biochimiste de formation, spécialisé en science clinique, notamment en endocrinologie moléculaire, après une thèse soutenue à l’Université Claude Bernard de Lyon. J’ai presque consacré ma vie à l’étude de la DHEA. Je me suis retrouvé à l’Institut des recherches cliniques de Montréal affilié à l’Université Mc Gill et à l’Université de Montréal comme fellow en recherche. Après quoi, j’ai eu un poste d’assistant de recherche à l’Université de la Colombie britannique (UBC) à Vancouver et dans les années 80 j’ai découvert dans un journal que le Gabon s’était doté d’un centre de recherche. J’ai ainsi quitté la faculté de médecine de UBC pour Franceville au Gabon. Mais, auparavant, j’ai séjourné à Paris dans les services du Pr. Étienne-Émile Baulieu à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) et à l’Institut des sciences et techniques nucléaires de Saclay avant de regagner Franceville pour le Centre international de recherches médicales de Franceville (CIRMF) où j’ai exercé les fonctions de directeur de recherche de 1981 à 1989. Je dirige actuellement le Centre des recherches en pathologies hormonales (CRPH) que j’ai créé en 1995 et qui est un centre de recherche affilié à l’Université des sciences de santé. Je collabore avec la Fondation Jeanne Ebori, où le CRPH est implanté, du fait que cette structure hospitalière m’envoie des demandes d’examens. Nous comptons, sur la base de protocoles à établir, collaborer avec cette fondation, et pourquoi pas avec les autres formations sanitaires, pour promouvoir la recherche médicale dans notre pays.
pour moi cette une très grande découverte pour le monde de la santé et pour l’humanité et espère que ce produit sera mis à la disposition de toutes les bourses surtout pour les pays pauvre dans le monde car en santé on ne choisit pas et la vie d’un être humain ne s’estime pas avec de l’agent.pour moi tous les pays du monde devrais s’unir pour la distribution gratuite de ce produit.