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Crise en Afrique: la nouvelle mode des gouvernements d’union nationale

Kenya. A l’issue de l’élection présidentielle du 27 décembre 2007, ce pays, naguère cité comme un exemple de démocratie et de stabilité en Afrique de l’Est, sombre dans une violence inouïe vite muée en conflit interethnique qui opposait les partisans du président sortant, Mwaï Kabaki, à ceux de son challenger, Raila Odinga. Le bilan fut forcément macabre : plus de 500 morts et des milliers de déplacés.

Il a fallu la dextérité et les talents de négociateur de l’ancien secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, pour amener les deux parties à des négociations, qui ont abouti à la formation d’un gouvernement d’union nationale avec un poste de Premier ministre, occupé par l’opposant Raila Odinga. Tchad. 1990. Idriss Deby, chef d’une rébellion, chasse le président Hissène Habré et occupe son fauteuil. Mais depuis lors, il est lui-même confronté à une coalition de rebelles lourdement armés qui menacent constamment de le destituer. La récente menace date de février 2008 et n’eût été le secours de la France, Deby serait soit mort soit chef d’Etat en exil.

Deux mois après le séisme, l’homme fort de N’Djamena limoge son Premier ministre pour le remplacer par Youssef Saleh Abbas. Celui-ci forme un nouveau gouvernement, dans lequel des ministères de souveraineté sont confiés à des opposants. Zimbabwe. Depuis les élections générales, dont la présidentielle du 28 mars 2008, le monde entier suit et attend avec inquiétude la proclamation officielle des résultats, pris en otage par le président Robert Mugabe. On craint une crise semblable à celle du Kenya. Ira-t-on finalement vers un compromis avec la formation d’un gouvernement d’union nationale à l’instar des pays sus-cités ?

Car la composition des gouvernements d’union ou d’unité nationale semble être une nouvelle mode dans la gestion et la résolution des crises politiques en Afrique. Il suffit que le pouvoir accepte de céder des strapontins à des opposants pour ceux-ci renoncent à leur combat, même s’ils ont marché sur des cadavres de leurs partisans qui se sont faits martyrs pour eux. On peut dans une certaine mesure comprendre leur attitude parce que dans beaucoup de nos pays, les contestataires du régime sont impécunieux. Et c’est l’occasion pour eux de constituer un trésor de guerre pour les futures batailles. Il arrive souvent que cette opposition conviée au repas du seigneur se transforme en mouvance présidentielle et finisse de convaincre qu’elle faisait tout ce bruit pour des postes politiques.

En réalité, la formation d’un gouvernement d’union nationale, même si elle a pu mettre fin aux violences notamment au Kenya, ne résoud par les problèmes qui constituent le fondement même de la crise sociopolitique. Et dans son fonctionnement, les couacs ne manqueront pas. On ne sera pas étonné d’assister à un blocage dans la conduite des affaires avec une telle cohabitation, qui est difficile même dans les démocraties avancées.

La solution à tous ces malheurs que vit l’Afrique réside dans l’instauration d’une vraie démocratie avec des élections claires et transparentes. A ce moment, le président élu serait légitime et gouvernerait tranquillement. Et l’opposition s’opposerait dans le respect des règles républicaines.

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