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Barack Obama est le candidat que préfère le reste du monde

Barack Obama, candidat global ? « L' »obamania » est devenue un phénomène planétaire d’une ampleur peut-être plus grande que celle de la « dianamania » », a écrit Timothy Garton Ash, professeur d’études européennes à Oxford. C’est dire.

Vu de l’étranger, l’homme séduit. D’abord, le sénateur de l’Illinois se distingue par son opposition résolue à la guerre en Irak. M. Obama l’a répété : une fois élu, il retirera les troupes américaines. Il marque les consciences collectives en nourrissant l’idée d’un véritable changement au Moyen-Orient.

Ensuite, ses origines familiales et son parcours, de sa naissance à l’âge adulte, renvoient l’image d’un personnage politique nouveau. C’est un Américain du tiers-monde, un candidat avec une relation personnelle et intime avec d’autres continents. Multiracial, M. Obama – père kényan et mère américaine, né à Hawaï, élevé en Indonésie et diplômé de Harvard – possède un parcours inhabituel qui le rend apte à transcender les barrières culturelles. « Chacun sent chez Obama que l’expérience vécue, le tempérament et les idées ne font qu’un », souligne le New York Times Magazine. N’a-t-il pas dit que le principe fondamental de sa vision internationale est que « la sécurité du peuple américain est inextricablement liée à la sécurité de tous les peuples » ?

D’après une enquête du Pew Research Center réalisée dans vingt-quatre pays et publiée le 12 juin, la candidature de Barack Obama à la présidentielle américaine suscite non seulement de grands espoirs, mais améliore l’image des Etats-Unis dans le monde. Avec lui, l’élection du 4 novembre est perçue un peu partout comme une occasion de tourner la page des années Bush. Comme si M. Obama était capable de remettre un peu d’ordre sur cette planète tourmentée depuis les attaques du 11-Septembre et réconcilier les Etats-Unis avec le reste du monde.
Selon ce sondage, M. Obama inspire confiance et caracole en tête face à son rival M. McCain dans pratiquement tous les pays. Grand favori des européens (84 % des Français lui accorderaient leur vote, 82 % des Allemands, 74 % des Anglais, 72 % des Espagnols), il est également plébiscité en Australie, au Japon, au Brésil, ou encore en Corée du Sud. Au Kenya, un vrai culte est voué « au fils de la nation » comme l’appelle la presse et de nombreux pays africains estiment, comme Le Soleil de Dakar que sa victoire serait « une revanche sur l’histoire ».

Certaines déclarations de M. Obama ont pu étonner ou susciter de vives critiques. Des commentateurs voient en lui un candidat difficile à cerner, trop jeune ou manquant d’expérience. Toutefois, en cinq mois de campagne, il a su se forger une stature d’homme d’Etat avec une capacité instinctive à bâtir des ponts et a créer des relations nouvelles. En Israël, par exemple, alors que la majorité de l’opinion publique affichait ouvertement une préférence pour M. McCain, l’engagement et le ton de M. Obama lors de son passage à l’Aipac (American Israël Public Affairs Council), le 4 juin, a surpris. L’alignement du candidat démocrate sur les positions de l’administration Bush concernant le statut de Jérusalem qui doit, selon M. Obama, rester la capitale « unifiée et indivisible » d’Israël a fait reculer les craintes que pourrait provoquer son élection. Ehoud Olmert, premier ministre israélien, s’est même déclaré « impressionné ».

Dans le camp palestinien et au sein du monde arabe, les propos de M. Obama ont, d’abord jeté la consternation d’autant qu’ils ont été prononcés par un candidat d’origine musulmane. Certains chroniqueurs arabes ont toutefois décidé de prendre du recul. Dans son billet hebdomadaire publié par le quotidien libanais Al-Safir, l’écrivain libanais Abbas Beïdoune, peu suspect de sympathies pro américaines, a ainsi épinglé ceux qui ont délibérément occulté la singularité du cas Obama, « un homme de race noir et fils d’un musulman ». Editorialiste au quotidien saoudien Al-Hayat, Mohammed Salah s’est, lui, interrogé : « Etions-nous en droit de nous attendre à des déclarations différentes d’un candidat à la présidence américaine devant la plus puissante association américaine de soutien à Israël dont il sollicitait le soutien ? »

Dans le cas de Cuba, les déclarations de M. Obama sont également révélateurs de sa capacité à jouer sur différents tableaux à la fois. Lors de son discours de Miami, le 23 mai, dans lequel il a rappelé vouloir dialoguer avec le président Raul Castro et lever les restrictions de voyage, « Obama a proposé des initiatives positives, visant à faciliter les contacts et l’aide économique entre les familles cubaines divisées des deux côtés du détroit de Floride », a estimé Miriam Leiva, une des fondatrices des Dames en blanc, l’association des épouses de prisonniers politiques cubains. Plus étonnant, Fidel Castro partage l’opinion des dissidents : M. Obama est « sans aucun doute le candidat le plus avancé du point de vue social et humain », a écrit l’ancien président cubain le 26 mai.

Les médias russes misent eux aussi en nombre sur la victoire de Barack Obama, « la chance noire de l’Amérique » selon le quotidien Vremia Novosteï du 5 juin. La veille, la radio Echo de Moscou recueillait des impressions sur M. Obama. « Il est frais, pur, jeune et n’a aucun lien avec le complexe militaro-industriel ou le lobby américain du pétrole », s’est réjouit le politicien ultranationaliste Vladimir Jirinovski, le qualifiant de « jeune Gorbatchev de l’Amérique ».

En revanche, le Canada et le Mexique, deux pays frontaliers des Etats-Unis s’inquiètent, eux, du vent de protectionnisme qui souffle chez les démocrates, aux Etats-Unis. Au Mexique, certains secteurs libéraux ont peu apprécié les déclarations d’Obama critiquant l’Alena, l’Accord de libre-échange entre le Canada, le Mexique et les Etats-Unis, « en usant les vieux prétextes de la protection de l’environnement et de la défense des droits de l’homme », comme le souligne Antonio Rosas-Landa, dans El Universal. A Ottawa, le sénateur de l’Illinois a été accusé de ne pas prendre la question de l’Alena au sérieux. Son conseiller économique Austan Goolsbee, aurait assuré aux Canadiens que sa position n’était qu’une rhétorique de campagne pour calmer les craintes des « cols bleus » américains. M. Obama ne laisse personne indifférent. Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad s’est inquiété dans un entretien à El Pais, le 5 mars, disant qu’une victoire de M. Obama était impossible « à cause des forces cachées qui sévissent aux États-Unis ». Même le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a mis en garde le candidat démocrate, mercredi 11 juin : « Nous lui demandons d’être fier de lui en tant que Noir et d’être conscient que toute l’Afrique est derrière lui, parce que s’il ne se débarrasse pas de ce complexe d’infériorité, sa politique étrangère sera pire que celle des Blancs qui l’auront précédé ». Obama une révolution ?

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