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Alain Joyandet : lui, il sait s’y prendre avec les doyens

Lui, Alain Joyandet, n’est pas un produit de la politique d’ouverture de Sarkozy, contrairement à son prédécesseur Jean-Marie Bockel, entré au gouvernement pour cette raison sarkosyste, même si l’on sait que ce n’est ni plus ni moins qu’une estocade portée au PS. Du reste, Bockel, comme d’autres, qui ont répondu à l’appel du locataire de l’Elysée, ont été exclus du camp socialiste pour « trahison ».

Et pour le cas Bockel, un pathos ne venant jamais seul, les choses ne se sont pas arrangées : pour avoir pris au pied de la lettre les oukazes de son patron de président en voulant signer « l’acte de décès de la Françafrique », il a été tout simplement remercié, pardon redéployé à la Défense. « Le sacrifié » avait été amnésique sur plusieurs sujets.

D’abord il a occupé la rue Monsieur avec un préjugé défavorable : son patron, Bernard Kouchner, semble-t-il, n’avait pas une bonne impression de lui. Cependant, ceux qui sont avec le « en haut de en haut », tel l’avocat Robert Bourgi, admettent que c’est son crime de lèse-majesté envers certains chefs d’Etat africains qui lui a été fatal.

Quoi ! S’imaginait-il s’attaquer tranquillement, même à mots cousus aux Bongo et Sassou, eux qui détricotent, à la limite, la politique africaine de la France ? Non, il fallait être un poussin d’hivernage de la politique du pré carré français pour s’aventurer dans ce dédale, où plus d’un ont perdu leur poste.

D’où son remplacement par Alain Joyandet, plus accommodant et qui sait caresser un doyen dans le sens du poil. N’a-t-il pas réservé son premier voyage à Bongo pour « mettre fin à une ambiance pas très bonne » ? Et en quatre mois de fonction, le nouveau patron de la rue Monsieur a parcouru une vingtaine de pays africains et été reçu ce 9 juillet par Blaise Compaoré, le chef de l’Etat burkinabè. Ce n’est pas rien mais qu’est-ce qui va fondamentalement changer dans cette politique de l’ancienne métropole ?

Pas grand-chose, ce sera toujours la politique du « ni-ni » : ni ingérence, ni indifférence, mais surtout la confirmation de ce que l’on savait déjà, c’est-à-dire la défense des intérêts économiques de l’Hexagone. Qui avait déjà dit qu’un Etat n’a pas d’amis mais des intérêts ? A l’évidence, c’est cette politique du « win-win » que veut mener la France.

Et beaucoup de personnes ont tort de crier comme des orfraies lorsque le ministre Joyandet affirme en substance que désormais son pays va encore être plus regardant sur ses intérêts sur le continent noir. Avouons que c’est tout à fait normal qu’un Etat se préoccupe de ses « billes », fussent-elles en terre étrangère.

C’est vrai que depuis le discours de la Baule en 1990, l’Hexagone a slalomé dans les histoires de conditionnalités au sujet de l’aide au développement, liée à la démocratie. C’est vrai aussi qu’il y a la problématique de la corruption, mais tout cela semble révolu, rattrapé par une réalité : l’arrivée impromptue des pays du BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) en Afrique.

Pas besoin donc d’être un grand argentier pour appréhender le son du cor de Joyandet.Verbatim : la France doit défendre ses parts de marché, menacées par les pays émergents… Paris va changer de cap et se repositionner sur le continent… Sa politique de coopération va changer de voilure…

Sur un continent ou la croissance redémarre, l’aide au développement économique ,meilleur vecteur de la démocratie, va être privilégiée. Assurément, si Joyandet n’est pas l’antiBockel, il lui ressemble, et la Françafrique est bel et bien vivante.

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