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FRANCE • Alain Joyandet sait s’y prendre avec les dictateurs africains

Son prédécesseur, Jean-Marie Bockel, avait pris au mot le président Sarkozy et voulu rompre avec la tradition de la Françafrique. En renouant avec la realpolitik, le nouveau ministre de la Coopération français, Alain Joyandet, sert mieux les intérêts de la France en Afrique, écrit L’Observateur Paalga, de Ouagadougou.

En voulant signer « l’acte de décès de la Françafrique », l’ancien ministre de la Coopération, Jean-Marie Bockel, a été tout simplement remercié – pardon, redéployé à la Défense. « Le sacrifié » avait été amnésique sur plusieurs sujets. D’abord il a occupé la rue Monsieur avec un préjugé défavorable : son patron, Bernard Kouchner, semble-t-il, n’avait pas une bonne impression de lui. Cependant, ceux qui sont avec le « en haut d’en haut », tel l’avocat Robert Bourgi, admettent que c’est son crime de lèse-majesté envers certains chefs d’Etat africains qui lui a été fatal.

D’où son remplacement par Alain Joyandet, plus accommodant et qui sait caresser un doyen dans le sens du poil. N’a-t-il pas réservé son premier voyage à Omar Bongo [le président du Gabon depuis 1967] pour « mettre fin à une ambiance pas très bonne » ? Et, en quatre mois de fonctions, le nouveau patron de la rue Monsieur a parcouru une vingtaine de pays africains et été reçu ce 9 juillet 2008 par Blaise Compaoré, le chef de l’Etat burkinabè. Ce n’est pas rien, mais qu’est-ce qui va fondamentalement changer dans cette politique de l’ancienne métropole ?

Pas grand-chose, ce sera toujours la politique du « ni-ni » : ni ingérence ni indifférence, mais surtout la confirmation de ce que l’on savait déjà, c’est-à-dire la défense des intérêts économiques de l’Hexagone. Qui a dit déjà qu’un Etat n’a pas d’amis mais des intérêts ? A l’évidence, c’est cette politique du « win-win » que veut mener la France.

Et beaucoup de personnes ont tort de pousser des cries d’orfraie lorsque le ministre Joyandet affirme en substance que désormais son pays va être encore plus regardant sur ses intérêts dans le continent noir. Avouons que c’est tout à fait normal qu’un Etat se préoccupe de ses « billes », fussent-elles en terre étrangère.

C’est vrai que depuis le discours de la Baule en 1990, l’Hexagone a slalomé dans les histoires de conditionnalités au sujet de l’aide au développement, liée à la démocratie. C’est vrai aussi qu’il y a la problématique de la corruption, mais tout cela semble révolu, rattrapé par une réalité : l’arrivée impromptue des pays du BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) en Afrique.

Pas besoin donc d’être un grand argentier pour appréhender le son du cor de Joyandet. Verbatim : la France doit défendre ses parts de marché, menacées par les pays émergents. Elle va changer de cap et se repositionner sur le continent ; sa politique de coopération va changer de voilure… Sur un continent où la croissance redémarre, l’aide au développement économique, meilleur vecteur de la démocratie, va être privilégiée. Assurément, si Joyandet n’est pas l’anti-Bockel, il lui ressemble, et la Françafrique est bel et bien vivante.

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