Le marché commun entre le Gabon, la Guinée Equatoriale et le Cameroun, situé à la frontière entre ces trois pays, connaîtrait une forte inflation, entraînant une baisse de la fréquentation des populations locales. Si les clients gabonais prétendent que l’inflation relève de discriminations nationales, les responsables du marché d’Abang Minko’o expliquent que le contournement de cet important point de ravitaillement par certains opérateurs économiques pour approvisionner Libreville directement par voie maritime serait la principale cause de la chute de la fréquentation du marché commun.
Le marché commun d’Abang Minko’o est-il menacé? Ce marché commun entre le Gabon, le Cameroun et la Guinée Equatoriale, aussi appelé « marché mondial », connaît une forte baisse de régime depuis quelques temps, qui serait due au fait que certains commerçants ravitaillent directement le Gabon par la mer.
Ouvert officiellement en 2003, ce marché est rapidement devenu le principal point de ravitaillement pour approvisionner les grandes villes des trois pays frontaliers. Mais la hausse des prix de vente découragerait de plus en plus de clients, qui ne trouveraient plus au marché d’Abang Minko’o les prix pour lesquels ils parcouraient régulièrement plusieurs centaines de kilomètres.
«La marchandise coûte très cher chez vous. Je ne trouve plus de raison pour laquelle je viens faire le marché ici», se plaint Gabriel Oyono, ingénieur gabonais des télécoms.
«Les prix ont presque triplé sur ce marché par rapport aux années antérieures», affirme pour sa part Richard Ndong, enseignant à Bitam, ajoutant que «les prix sont fixés à la tête du client».
«Les commerçants camerounais augmentent spontanément les prix des marchandises, dès qu’ils aperçoivent des Gabonais», dénonce monsieur Ndong. Il prétend par exemple qu’un cageot de tomate acheté 4000 francs CFA à Ambam, la deuxième ville camerounaise après la frontière, serait vendu à 6000 francs CFA aux clients gabonais du marché d’Abang Minko’o. «Les Camerounais continuent à penser que nous avons encore beaucoup d’argent, ils se trompent, le Gabon a changé», explique Pierre Ndong, un transporteur.
A titre de démonstration, un reporter de la presse locale a expérimenté cette tendance le 4 octobre dernier avec l’achat d’un bloc-notes au marché d’Abang Minko’o. Lorsqu’il demande le prix au vendeur, celui-ci lui aurait répondu «1000 FCFA». Mais le vendeur aurait accepté de baisser le prix de moitié après que le client ait affirmé ne pas être gabonais.
Mais au-delà de ces complaisances nationales, le régisseur du marché, Alain Ekotto Nguiema, affirme «que la baisse actuelle du volume des échanges observée au marché serait consécutive au contournement du marché par certains opérateurs économiques».
«Certains commerçants passent par la mer pour ravitailler directement Libreville à partir de Douala», explique monsieur Ekotto Nguiema. Ce marché parallèle provoquerait la perte de nombreux consommateurs de la capitale gabonaise au pouvoir d’achat plus fort, qui ne se déplacent plus pour Abang-Minko’o.
Depuis le désenclavement du marché en 2003, les commerçants peuvent facilement arriver de tous les coins du pays et écouler leur marchandise à Abang-Minko’o, grâce à l’ouverture de l’axe Yaoundé-Ebolowa-Ambam-Eking, sur près de 300 kilomètres.
Le régisseur du marché a appelé les pouvoirs publics compétents à prendre les mesures nécessaires pour empêcher la voie de contournement par mer afin de sauvegarder le niveau de fréquentation du marché commun et ses répercussions sur l’activité socio économique pour le développement de la localité, la lutte contre la pauvreté et l’exode rural.
source: Le Jour Quotidien