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Gabon: incitation à la rebellion, cinq inculpations

Cinq journalistes et militants anti-corruption ont été inculpés par les autorités gabonaises de tentative d’incitation à la rébellion, concernant un document comportant de vives critiques contre le président Omar Bongo, au pouvoir depuis 1967.

Parmi les personnes inculpées figure Grégory Ngbwa Mintsa, qui a déposé en décembre à Paris avec deux organisations non gouvernementales, Transparence International France et Sherpa, une plainte avec constitution de partie civile pour « recel de détournement de fonds publics » visant le patrimoine détenu par les présidents du Gabon, du Congo-Brazzaville et de la Guinée équatoriale. Le ministre gabonais de l’Intérieur, André Obamé, a précisé que les cinq personnes en question avaient été inculpées de détention d’un document conçu à des fins de propagande, dans le but d’inciter à la rébellion contre l’Etat. Les autorités réclament des peines allant jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et des amendes contre les membres de ce groupe, arrêtés juste avant le nouvel an.

Quatre d’entre eux sont toujours en détention provisoire. Le cinquième, Dieudonné Koungou, journaliste au périodique Tendance Gabon, a été libéré sous caution, a déclaré l’avocat du groupe, Ruphin Nkoulou Ondo, à la presse à Libreville. Les ONG Publiez ce que vous payez et Global Witness et l’institut Revenue Watch, qui font campagne contre la corruption dans le secteur de l’industrie, ont déclaré dans un communiqué que les chefs d’inculpation découlaient d’une lettre ouverte, diffusée sur internet, qui critique Omar Bongo.« Mes clients ne sont pas les auteurs de cette lettre, dont des centaines de personnes sont en possession : vont-elles toutes être elles aussi arrêtées ? », déclare Ondo, avocat des trois organisations, dans un communiqué.

SOIXANTE-DIX COMPTES BANCAIRES

Ondo précise que Mintsa et deux autres détenus, Gaston Asseko, qui travaille pour la station Radio Sainte-Marie, et Georges Mpaga, membre de Publiez ce que vous payez, ont tous d’urgence besoin de soins médicaux. L’avocat français Thierry Lévy, qui comptait se rendre au Gabon pour y défendre Mintsa, a été empêché jeudi soir de prendre son avion dans un aéroport parisien par la Police de l’air et des frontières (PAF), qui lui a signifié que son visa d’entrée au Gabon venait d’être annulé. Me Lévy a demandé vendredi aux autorités françaises de lever cette mesure, qu’il juge illégale. Lors d’une conférence de presse vendredi à Paris, Thierry Lévy et son collègue William Bourdon ont demandé au ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, de lever ce blocage, estimant que les accords entre les deux pays étaient violés. Une convention bilatérale impose au Gabon qu’il accepte les avocats sur son territoire, dit Me Lévy, qui souhaite demander au ministre des Affaires étrangères « dans quelles conditions la France entend imposer le respect de cette convention ». « Ce que les dictatures militaires d’Amérique latine n’avaient pas fait, le Gabon l’a fait », a ajouté Me Bourdon. Il pense que Paris et Libreville font obstacle de concert à l’action judiciaire sur le patrimoine d’Omar Bongo.

Au pouvoir depuis 1967, Omar Bongo nie toute malversation et a déposé plainte à son tour pour diffamation. Le rapport d’une enquête de police française réalisée en 2007 a établi que lui et ses proches possédaient en France 39 appartements, hôtels particuliers et maisons, dans les beaux quartiers de Paris et d’autres villes, notamment sur la Côte d’Azur. Ont aussi été recensés par la police 70 comptes bancaires. Les plaignants estiment qu’ils ne peuvent avoir été acquis qu’avec de l’argent détourné des caisses de l’Etat.

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