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Gabon : L’hémorragie interne du secteur de la Santé

En vue de les inciter à la reprise du service minimum suspendu le 31 janvier dernier, le ministre de la Santé, Idriss Ngari, vient d’organiser une réunion au Centre hospitalier de Libreville (CHL) avec le personnel de santé en grève depuis le 12 janvier dernier. Le ministre a rappelé les agents au serment d’Hippocrate et menacé d’avoir recours aux forces de l’ordre si les grévistes empêchaient les volontaires d’assurer un service minimum malgré l’appel du Syndicat national des personnels de santé (SYNAPS) de le suspendre pour faire réagir la tutelle.
Les pressions du gouvernement parviendront-elles à ramener les personnels grévistes dans les centres de santé, ou sont-elles de vaines temporisations qui repoussent encore l’échéance pour une prise en compte des profonds problèmes qui minent le système de santé gabonais ?

Après la réunion du 5 février dernier entre le Syndicat national des personnels de santé (SYNAPS) et le Premier ministre, Jean Eyeghé Ndong, qui s’est avérée stérile, le ministre de la Santé, Idriss Ngari, vient d’organiser une nouvelle rencontre au Centre Hospitalier de Libreville (CHL) avec les personnels en grève.

Alors que tout le monde attend un geste fort du gouvernement pour la reprise du service et l’ouverture des négociations, la tutelle continue de jouer la force en exhortant les personnels de santé à la reprise du service minimum, suspendu le 31 janvier dernier pour inciter les autorités à accorder davantage de crédit à ce mouvement de grève.

Le général Idriss Ngari a instamment demandé aux agents «la reprise des services de santé dans toutes les structures sanitaires du pays», invoquant, comme le chef du gouvernement quelques jours plus tôt, le serment d’Hippocrate qui les lient à leurs professions.

Le ministre de la Santé a également invité les volontaires à poursuivre le service minimum obligatoire dans les principaux centres de santé du pays, comme c’est déjà le cas dans certaines structures de provinces où l’absence de cliniques privées a poussé les personnels de santé à poursuivre le service minimum malgré l’appel lancé par la base syndicale.

A cet effet, le général Ngari a expliqué que les grévistes avaient l’interdiction formelle d’empêcher les volontaires de se rendre sur leur lieu de travail et d’assurer leur service minimum.

«Si vous avez des difficultés dans la reprise du travail dans votre établissement parce que vous êtes gênés par des grévistes, vous êtes en droit de saisir les forces de l’ordre afin qu’ils assurent la protection de ceux qui travaillent pour garantir la santé des Gabonais et Gabonaises», a affirmé le ministre de la Santé.

L’intervention des forces de l’ordre, si elle permettrait aux quelques volontaires de minimiser les répercussions de cette situation, n’arrangera en rien les profonds maux qui sont dénoncés par les grévistes.

Le SYNAPS réclame notamment la régulation des actes administratifs ; la promulgation du projet de loi portant fonction publique et hospitalière ; l’élaboration des textes organisant les centres hospitaliers régionaux ainsi que la reforme de l’ENAPS en institut supérieur de formation sanitaire.

Le secrétaire général du SYNAPS, Serge Mikala Moudanga, avait déjà dénoncé un manque de bonne volonté du gouvernement à résoudre véritablement les problèmes du secteur. Le cahier des charges des personnels de la Santé est sur le bureau du gouvernement depuis 2003, année où la situation économique difficile n’avait pas permis aux autorités d’accéder à toutes les revendications des infirmiers et médecins gabonais.

Alors que les grévistes attendent un geste de fort de la tutelle, qui elle demande un délai en raison des contraintes budgétaires, le ministère de la Santé vient de doter de matériel roulant les directeurs généraux des structures hospitalières régionales, les inspecteurs généraux de la santé, les responsables de certains programmes de santé et l’administration centrale.

S’il est vrai que ce matériel roulant devrait renforcer les capacités des services de santé dans l’intérieur du pays, ce geste pourrait sans peine être perçu comme une mauvaise volonté manifeste de la tutelle de prendre au sérieux la grève des personnels de santé, malgré les graves répercussions sanitaires sur les populations.

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