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MADAGASCAR : La tentation du coup de force se propage dans toute l’île

Dans les grandes villes régionales, les opposants à l’ancien président Ravalomanana s’entre-déchirent. Les luttes locales pour le pouvoir se multiplient, mettant en péril l’autorité de la transition et l’unité du pays.

Non, la démission de Marc Ravalomanana ne signifie pas que la crise est terminée. La nation malgache fait aujourd’hui face à un danger bien plus grave : la sécession. Partout dans le pays, l’administration est prise de force par des individus qui se réclament du mouvement TGV [du président de la haute autorité de la transition, Andry Rajoelina].

A Toamasina [poumon économique et grand port de l’est du pays], un certain Herman Tsivahiny s’est autoproclamé hier [le 19 mars] chef de région. D’après le parti Toamasina Tonga Saina (TTS) de [l’ex-maire de Toamasina et neveu de l’ancien président Didier Ratsiraka (1975-1993 puis 1997-2002)] Roland Ratsiraka qui condamne une telle initiative, M. Tsivahiny est appuyé par une personnalité locale qui a fait partie des prisonniers politiques sous le régime Ravalomanana. Il déclare à tue-tête que ce n’est pas à Ravalomanana qu’il en veut mais plutôt à la structure que l’ancien président a mise en place. « Désormais, nous n’avons plus à recevoir de directives d’Antananarivo », a-t-il déclaré.

A Antsirabe [grande ville à 160 km au sud d’Antananarivo], la situation est presque identique. En se faisant transmettre les pouvoirs locaux par le chef de région et le maire, les opposants – par ailleurs divisés – rectifient le tir et constituent une cellule qui gère avec les autorités légales. A Fianarantsoa [capitale de la province éponyme], le mouvement s’est vu confier les clés de la région sans que l’on sache qui dirige. La même confusion règne à Tolagnaro [ex Fort-Dauphin, capitale de province] et à Toliara [ex Tuléar, capitale de province] où les représentants de l’administration ont rejoint l’opposition locale.

Partout dans le pays, la tendance à la prise du pouvoir local par des individus, parfois au passé douteux, risque de se généraliser. Est-ce la faute de l’entourage d’Andry Rajoelina dont certains aimeraient faire perdurer l’esprit 13-Mai [du nom de la place d’Antananarivo, lieu de rassemblement du mouvement de contestation] alors que c’est tout le pays qui est concerné ? Est-ce une nouvelle manœuvre de Marc Ravalomanana qui, rappelons-le, avait déclaré urbi et orbi qu’il ne démissionnerait jamais, deux jours seulement avant de transférer ses pouvoirs aux généraux [le 17 mars] ?

On comprend la réaction légitime des provinces qui, depuis l’indépendance [en 1960], ont subi les ordres du pouvoir central. Des tentatives pour la mise en place d’une véritable décentralisation à Madagascar ont été lancées. Conscients de la puissance des pouvoirs qu’ils détiennent, les dirigeants successifs n’ont cependant pas voulu lâcher du lest, et la décentralisation est devenue un serpent de mer. Aussi n’est-il pas étonnant qu’à chaque crise le fédéralisme – voire l' »ethnisme » – ressurgisse. A la différence des autres épreuves que le pays a traversées, il y a aujourd’hui un risque réel de verser dans l’anarchie. Il ne faut pas non plus oublier que diverses rivalités (politiques et ethniques) semblent s’installer au niveau même de la transition.

Source Originelle: La Gazette de la Grande Île

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