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Gabon : Reporters sans frontières dénoncent le black out sur les élections

Dans un communiqué diffusé le 28 août dernier, l’Organisation internationale de protection de liberté de la presse, Reporters sans frontières (RSF) a violemment dénoncé les mesures entérinées par le gouvernement gabonais pour restreindre notamment l’accès des journalistes aux bureaux de vote le jour du scrutin de l’élection présidentielle du 30 août prochain.

«Accès restreint des journalistes aux bureaux de vote, sévères mises en garde, intimidations, refus d’accréditations pour certains médias étrangers : le pouvoir en place à Libreville utilise tous les moyens à sa disposition pour s’assurer un contrôle strict sur l’information», dénonce RSF.

«Les autorités gabonaises doivent comprendre que, par leur attitude, elles font elles-mêmes planer le doute sur le bon déroulement de la future élection. Nous prenons acte des promesses de la ministre de la Communication et espérons que les journalistes pourront travailler librement, sans être inquiétés. Si tel n’est pas le cas, l’événement historique que constitue le scrutin présidentiel de dimanche sera en partie gâché», poursuivi l’organisation.

Le Conseil des ministres du 27 août dernier avait notamment décidé que le jour du scrutin, les bureaux de vote ne seraient accessibles aux journalistes «que de manière passagère», à l’occasion du vote de certaines personnalités.

Les journalistes ne pourront pas «y séjourner de manière permanente», précise la disposition entérinée par le gouvernement.

Les autorités avaient notamment ajouté que «seuls les médias publics [seraient] autorisés à communiquer, de façon officielle, les résultats à partir des données fournies par le ministère de l’Intérieur».

Il était encore précisé que le dépouillement serait public, mais que les journalistes ne pourront y assister qu’en se tenant à l’extérieur des bureaux de vote et que les résultats de l’élection ne seront pas affichés.

«On nous a notifiés que tout commentaire sur des résultats qui ne proviendraient pas du ministère de l’Intérieur serait considéré comme une projection ou un sondage, et entraînerait automatiquement notre expulsion du territoire», rapporte un journaliste étranger.

L’Observatoire gabonais des médias (OGAM), instance d’auto-régulation regroupant tous les organes de presse du Gabon, a également dénoncé une «décision inique du gouvernement» et s’inquiète d’«agissements qui bafouent la liberté de la presse et bâillonnent le droit du peuple à l’information».

RSF signale aussi que Virginie Herz et Nicolas Germain, journalistes de la chaîne de télévision française France 24, Gervais Nitcheu de l’Agence internationale d’images et de télévision AITV/RFO et Vincent Hugeux, de l’hebdomadaire français L’Express, ont vu leurs demandes d’accréditation refusées et ne pourront donc pas couvrir le scrutin du 30 août.

Interrogées par RSF, plusieurs sources locales auraient par ailleurs expliqué que «les intimidations et menaces par téléphone sont fréquentes».

Le 23 août, l’équipe de campagne de l’ex-ministre André Mba Obame, candidat indépendant, a annoncé que son site Internet avait été «bloqué» par des hackers pendant 48 heures. Par ailleurs, le bimensuel Tango a été interdit de diffusion, au début du mois d’août, sur ordre du secrétaire général du ministère de la Communication, parce qu’il contenait une série d’articles qui n’étaient pas favorables au Parti démocratique du Gabon (PDG, au pouvoir), explique le communiqué de RSF.

L’organisation considère à cet effet que cette décision constitue une entrave à la liberté d’expression, et appelle qu’elle équivaut à un abus de pouvoir puisque seul le CNC est habilité à mettre en demeure ou à suspendre une publication.

«Si les journalistes sont avant tout victimes des restrictions que leur imposent les autorités, le comportement des médias gabonais n’est pas toujours exempt de tout reproche. Bien trop souvent les professionnels des médias, notamment privés, se laissent instrumentaliser et servent de porte-voix à tel ou tel candidat, au détriment d’une information indépendante et équilibrée. Nous rappelons les journalistes à leur devoir d’objectivité et de respect de l’éthique professionnelle», conclu RSF.

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