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Gabon : Ndongou caserne les opposants au pays

Le ministre de l’Intérieur chargé de la Défense nationale, Jean François Ndongou, a décrété le 9 septembre dernier une interdiction de quitter le territoire national pour les leaders politiques du pays en raison de l’enquête menée par les autorités sur les responsables des émeutes post-électorales de Port-Gentil. Paul Mba Abessole, candidat aligné derrière André Mba Obame à l’élection présidentielle du 30 août, a été le premier à faire les frais de cette mesure alors qu’il devait se rendre dans la soirée d’hier à Abidjan, en Côte d’Ivoire.

© D.R. Tous les leaders politiques gabonais ont été interdits de quitter le territoire national jusqu’à nouvel ordre

Personne ne bouge jusqu’à la fin de l’enquête, a décidé le ministre de l’Intérieur chargé de la Défense nationale, Jean François Ndongou, qui a diligenté une investigation visant à identifier les responsables des émeutes déclenchées dans la capitale économique entre le 3 et le 6 septembre dernier, dont le bilan officiel est de 3 morts et la moitié de la ville saccagée.

Le décret de Ndongou porte interdiction ferme à tous les leaders politiques toutes tendances confondues de quitter le territoire national, jusqu’à ce que les services mandatés pour l’enquête sur les violences de Port-Gentil identifient les leaders d’opinion responsables des émeutes.

Le président du Rassemblement pour le Gabon (RPG, ex-majorité), Paul Mba Abessole, candidat rallié à André Mba Obame au sein des Bloc uni des forces du changement, a été le premier à faire les frais de cette interdiction alors qu’il devait se rendre à Abidjan (Côte d’Ivoire) dans la soirée du 9 septembre.

«On a donné des consignes disant que les leaders politiques ne pouvaient pas sortir, qu’il y avait une liste rouge qu’il fallait absolument respecter», a témoigné l’opposant historique, membre du Front de refus du coup de force électoral.

«Le monsieur, il a fait ce qu’il veut des Gabonais et des voix des Gabonais et il continuera à réduire les Gabonais en servitude. On ne peut plus bouger, on ne peut plus sortir librement du pays, on resserre l’étau pour montrer que c’est la dictature qu’on installe», a-t-il fustigé.

Rien de tout cela pour les autorités. «Une enquête a été déclenchée pour établir les responsabilités [des émeutes de Port-Gentil]. S’il s’agit d’un acte politique, il est normal que les responsables politiques de tous bords restent sur le territoire national pour les besoins de l’enquête».

A l’annonce des résultats officiels donnant Ali Bongo Ondimba vainqueur de l’élection présidentielle, de violentes émeutes avaient éclaté à Port-Gentil, bastion de l’opposition, où Pierre Mamboundou avait raflé une large majorité. Ces émeutes avaient conduit au pillage et au saccage d’une partie de la ville, accentués par la libération de près d’un millier de prisonniers au début des violences. Bilan officiel de ces troubles post-électoraux : 3 morts et la moitié de la ville mise à sac.

«Il y a des gens qui ont été interpellés, il y en a d’autres qui ont commencé à désigner clairement les différents responsables qui ont souhaité qu’il y ait des émeutes après la déclaration des résultats de l’élection présidentielle du 30 août 2009», a affirmé monsieur Ndongou.

«Que tous ceux qui ont été, soit les auteurs de ces faits, soit les complices, soit les commanditaires, s’attendent à répondre de leurs actes devant les services compétents», avait déclaré le porte parole du gouvernement, René Ndemezo’o Obiang.

«Tous ceux qui ont lancé des mots d’ordre dans le sens d’amener les émeutiers à s’en prendre aux biens d’autrui doivent savoir qu’ils auront à répondre de leurs actes devant les tribunaux dès l’instant que les preuves seront établies qu’ils sont responsables de ces actes-là», avait-il poursuivi.

Le ministre de la communication, Laure Olga Gondjout, affirme par ailleurs que «ce sont ces personnes qui ont utilisé les médias, qui ont instrumentalisé certains journalistes pour appeler à la haine, à l’insurrection», déplorant que «ce sont de jeunes Gabonais qui vont devoir répondre devant la justice alors que les meneurs sont tapis à leurs domiciles».

Les autorités accusent notamment le leader de l’UPG d’être à l’origine des violences de Port-Gentil. «Je trouve curieux, notamment dans le cas d’un des leaders de parti, alors que Port-Gentil lui a donné une belle victoire, qu’il choisisse cette même ville où il a gagné pour y commettre des exactions qui sont malheureuses», avait lancé Ali Bongo.

De son côté, l’opposition dénonce un black-out des autorités sur les émeutes de Port-Gentil, affirmant qu’elles ont causé davantage de morts dus à une violente répression policière.

«Nous condamnons avec la plus grande rigueur, la répression sauvage, inhumaine et aveugle des troupes armées, composées essentiellement de mercenaires étrangers, envoyées à Port-Gentil», dénonçait notamment le Front de refus du coup de force électoral, réunissant 15 candidats à l’élection du 30 août dernier.

Pierre André Kombila, leader du Rassemblement National des Bûcherons (RNB) aligné derrière Pierre Mamboundou (UPG, opposition) au sein de l’Alliance pour le changement et la restauration (ACR), a affirmé le 8 septembre qu’il aurait eu plus de 15 morts dans la capitale économique.

L’opposition réclame à cet effet «la mise en place d’une commission d’enquête internationale pour déterminer la gravité des faits, les violations des droits de l’Homme ainsi que les responsabilités de ce véritable bain de sang».

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