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REPRESSION POLITIQUE: dur, dur d’être opposant en Afrique

Pierre Mamboudou au Gabon, Hama Amadou au Niger, Cellou Dalein Diallo, l’actuel opposant guinéen, candidat à la présidentielle. Ces opposants sont en train de rentrer dans l’histoire de la répression politique sur le continent.

Et ils doivent cette distinction si c’en est vraiment une, aux puissants du moment dans leur pays respectif. Pour des questions de survie et de calculs politiciens, les tenants du pouvoir ont décidé de leur faire payer leur entêtement à résister au rouleau compresseur du pouvoir qui ne tolère ni contradiction ni contestation.

Les méthodes varient d’un pays à l’autre avec les mêmes objectifs : réduire au silence la protestation.

Au Gabon, Ali Bongo, l’héritier du trône de son père, élu à peine avec 200 mille voix a été déjà proclamé vainqueur par la cour constitutionnelle, 24 heures seulement après la publication des résultats de la Commission électorale, sans aucune considération des éventuels recours des autres candidats à la présidentielle. Un passage en force qui en dit long sur les intentions du candidat du PDG (Parti démocratique gabonais). Le scrutin, dans l’entendement de l’establishment politique, ne pouvait que déboucher sur la victoire de Bongo fils. L’opposition n’avait aucune chance même si elle y a cru vraiment un moment. La question était de savoir si avec toutes ses présomptions de fraudes et d’irrégularités constatées dans le déroulement du scrutin, Pierre Mamboudou, Mba Obame et autres, avaleraient cette couleuvre sans broncher ? Pour des gens qui aspirent au pouvoir d’Etat et pour qui l’occasion était belle, le recours à la rue se présentait comme l’ultime moyen de protestation, avec évidemment tous les risques de débordement que l’on a vécus. L’Etat qui a le monopole de la force publique et de la violence aussi, n’attendait qu’une telle aubaine pour neutraliser ses adversaires. Interdits de quitter le territoire gabonais jusqu’à la fin de l’enquête sur les troubles de Port-gentil, les opposants savent déjà à quelle sauce ils seront mangés, s’ils ne rentrent pas dans les rangs très rapidement.

Le même scénario se dessine au Niger où Tandja, après avoir organisé et gagné son référendum, met en place progressivement les institutions de sa 6e République en bâillonnant tous ceux qui s’y opposent. Les députés de la précédente législature, sont également tous interdits de sortie du territoire. Une trentaine d’entre eux avaient été arrêtés la semaine dernière puis mis en liberté provisoire. Cependant, ils sont sous le coup d’une procédure judiciaire pour détournement de deniers publics. Voilà comment sous nos tropiques, on règle ses comptes politiques avec ses opposants. Au Niger en l’occurrence, après la dissolution de l’Assemblée nationale, le président organise désormais l’acharnement judiciaire contre les anciens députés en attendant le scrutin du 20 octobre prochain qui va consacrer l’installation de parlementaires acquis à sa cause, l’opposition ayant décidé de le boycotter. Face à autant d’adversité, de violence verbale et physique, de machination politique et judiciaire, tout laisse croire qu’il faut être un peu fou pour jouer à l’opposant sous nos tropiques. Il y a tout à y perdre, même sa vie dans certains cas. De plus en plus, l’espoir d’accéder au pouvoir d’Etat par le biais du jeu démocratique qui offre une perspective d’alternance, s’amenuise. Et ce, depuis que les conseillers occultes de nos têtes couronnées ont trouvé l’astuce de modifier impunément les constitutions pour assurer de longs règnes à des présidents « démocratiquement élus ». Les passages en force sont désormais suivis de la matraque avec pour effet d’imposer le point de vue de celui qui exerce la violence, sinon de dissuader l’expression d’autres points de vue.

Les élections ne sont plus ce rituel sacré où dans le secret de l’urne, l’électeur, en son âme et conscience, décide d’accorder un nouveau mandant ou de sanctionner un candidat. Les élections sont dévoyées et servent de plus en plus à justifier des coups d’Etats déguisés. Les dés sont pipés depuis le départ du processus parce que le consensus nécessaire pour établir la confiance entre les acteurs politiques fait défaut.

Que doivent faire les oppositions africaines face à ces cas délictueux ? A tort ou à raison, c’est le comportement peu démocratique et transparent des régimes en place qui poussent à la radicalisation des revendications et à la violence. Le plus fort écrase alors le plus faible et il naît ainsi une chaîne de rancoeurs et de sentiment de vengeance qui peut faire basculer un pays dans le chaos.

Face à des chefs d’Etats prétendument « démocrates », faut-il une opposition conciliante ou radicale ? La réponse est dans la conscience de chacun, dans le sens de la patrie et dans les ambitions cachées de chaque prétendant au fauteuil présidentiel. Ces derniers temps, les événements de la Mauritanie, de la Guinée Conakry, de Madagascar, sont venus confirmer que l’essentiel est de « prendre » le pouvoir d’abord et de le « démocratiser » après, à son rythme et à sa façon. L’Occident, apôtre de la démocratie des intérêts, fera le reste.

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