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Gabon: Eloge de la rupture par Vincent Hugeux

Le verbe politique est d’un maniement délicat. Secrétaire d’Etat à la Coopération, Alain Joyandet vient d’en administrer, fut-ce à ses dépens, une preuve éclatante.

Qu’a donc dit sur TV5 Monde le maire UMP de Vesoul, au lendemain de la confirmation par la Cour constitutionnelle gabonaise de l’élection d’Ali Bongo Ondimba, fils aîné et successeur du défunt Omar ? Ceci : « Il faut maintenant lui laisser le temps de démontrer qu’après le père, le fils peut être un président de rupture et répondre à l’attente des Gabonais. »

Diable…On a beau examiner la phrase sous toutes ses coutures, elle finit toujours par livrer le même verdict : au Gabon, la satisfaction des aspirations du peuple suppose de rompre avec les pratiques du patriarche disparu. Aveu insolite de la part d’un homme qui doit pour l’essentiel son maroquin à l’éviction de Jean-Marie Bockel, sacrifié dans l’espoir d’apaiser le courroux d’Omar Bongo ; et que celui-ci daigna adouber en son Palais du bord de mer. Confession d’autant plus singulière qu’elle émane d’un sarkozyste de stricte obédience qui, à l’annonce du trépas du « Doyen », donc à l’heure de son bilan, invitait à « ne pas oublier tout ce qui fut positif ».

Le fils, le père… Au passage, et même si La Défense est un attribut convoité de l’éléphant d’Afrique, il va devenir acrobatique d’ironiser à la Saint-Jean sur les sirènes dynastiques auxquelles cédèrent le Gabon, le Togo ou l’ex-Zaïre, et qui chatouillent désormais le Sénégal et le Libye.

Il y a plus audacieux : Joyandet salue donc un hypothétique « président de rupture ». Voyons… La formule rappelle vaguement quelque chose. Ca y est, j’y suis : le serment de Nicolas Sarkozy -mais si, vous savez, le père du Prince Jean- , claironné urbi et orbi, et qui fit notamment frémir, le temps d’une illusion, l’arène françafricaine. Si Ali Bongo fait d’une telle promesse le même usage que le locataire de l’Elysée, les Gabonais peuvent s’asseoir sur leurs espérances.

Au festival des sentences qui tuent, la palme revient toutefois à Faustin Boukoubi, secrétaire général du PDG, formation acquise à l’élu Ali : « Le Parti démocratique gabonais a prouvé qu’il était un parti démocratique.» Avec un peu de chance, il nous démontrera bientôt qu’il est, en plus, un chouïa gabonais.

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