spot_imgspot_img

Les gorilles porteurs du parasite du paludisme

Le parasite du paludisme le plus meurtrier en Afrique a été découvert chez des gorilles, alors que l’on pensait qu’il n’infectait que les humains.
C’est une équipe de chercheurs français (CNRS/IRD), associés à des collègues du Gabon et du Cameroun, qui ont découvert le Plasmodium falciparum chez trois gorilles de trois sites différents en Afrique centrale. Ces grands singes pourraient constituer un réservoir pour ce parasite très virulent.

Les chimpanzés abritent un parasite du paludisme, le Plasmodium reichenowi, resté longtemps le seul parent connu du P. falciparum -le principal responsable du paludisme en Afrique sub-saharienne, en particulier de la mort de centaines de milliers d’enfants chaque année. Récemment un autre cousin, P. gaboni, a été découvert chez le chimpanzé. Mais le falciparum ne se développe pas chez le chimpanzé et il était considéré comme uniquement humain.

Sa découverte chez des gorilles remet donc en cause ce statut. Franck Prugnolle et ses collègues ont collecté des échantillons d’excréments de gorilles et de chimpanzés, des techniques récentes permettant de retrouver la trace d’agents pathogènes dans les fèces. Les analyses révèlent que les gorilles sont infectés par deux lignées de Plasmodium qui étaient encore inconnues ainsi que par P. falciparum.

A ce stade les chercheurs ne savent pas comment les gorilles ont été infectés par ce parasite, s’ils ont été contaminés à partir d’autres primates ou de l’Homme. Ils ne connaissent pas non plus la nature de l’infection chez le gorille, son degré de sévérité. Chez le chimpanzé l’infection par le Plasmodium est bénigne.

Quoi qu’il en soit ces travaux, publiés dans les Proceedings of the National Academy of Sciences, montrent que la diversité des Plasmodium est très grande et que la barrière entre les espèces est fragile quant il s’agit de transmission. Les contacts de plus en plus nombreux entre les humains et les grands singes, notamment via l’exploitation de la forêt, augmentent les risques de transmission de nouveaux parasites, soulignent les chercheurs.

L’existence d’un réservoir de P. falciparum chez les gorilles, si elle se confirme, pourrait encore compliquer les stratégies de contrôle du paludisme, comme celle qui vise à bloquer la transmission de la maladie grâce à un vaccin empêchant la reproduction du parasite chez le moustique. C’est l’une des voies explorées par l’Initiative internationale pour un vaccin contre le palu (MVI, Malaria Vaccine Initiative).

Cécile Dumas
Sciences-et-Avenir.com

Exprimez-vous!

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

spot_imgspot_img

Articles apparentés

spot_imgspot_img

Suivez-nous!

1,877FansJ'aime
133SuiveursSuivre
558AbonnésS'abonner

RÉCENTS ARTICLES