spot_imgspot_img

10 propositions pour faciliter le développement de PME innovantes et prospères au Gabon

Si la place et le rôle des PME dans l’économie suscitent toujours un large débat – accès aux marchés, obstacles à l’obtention des prêts, coût du crédit, niveau des fonds propres, dépendance à l’égard des clients ou des fournisseurs les plus importants – elles symbolisent surtout le dynamisme, la capacité d’adaptation, la diversité nécessaire à la croissance.

Ces entreprises, formelles et informelles, constituent une des principales sources d’emploi et de revenus pour la population. Par ailleurs, elles assurent la production de services et de biens locaux à moindre coût qui correspondent à la demande d’une large partie de la population dont le pouvoir d’achat reste faible.

Offrant des emplois, des revenus, des produits accessibles aux plus défavorisés, les petites entreprises sont souvent une base de lancement et de formation pour une large partie des jeunes déscolarisés. Le rôle des PME dans les stratégies de développement économique n’est plus à démontrer tant sur le plan de leur aptitude à créer des emplois que de leur flexibilité face aux changements et de leur création de valeur. C’est la recherche de cette flexibilité qui explique la création, la reprise d’entreprises existantes, l’essaimage, la franchise, etc.

Tout cela caractérise différentes façons de se lancer en affaires. C’est l’entrepreneuriat. Ce dernier est le processus de réalisation de projets, de perception d’opportunités et d’imagination de façon de répondre à un besoin avant que d’autres ne le fassent ; en d’autres termes, c’est la transformation d’un problème en opportunités d’affaires.

Malgré tous ces atouts, les PME sont encore considérées au Gabon comme des “entreprises enfants” auxquelles on préfère les multinationales ou les grands groupes historiques, pourtant moins innovants, moins réactifs, peu dynamiques.

Pour permettre à ces petites entreprises de se développer et de prendre la place qu’elles méritent dans le tissu économique gabonais, il est indispensable de revoir les contraintes ainsi que les procédures administratives, fiscales et financières qui leur sont imposées, développer leurs sources d’information et les assister dans la recherche de ressources humaines compétentes.

1 Des infrastructures fiables
Aussi trivial que cela puisse paraître, il n’est pas inutile de rappeler que l’absence de routes, les défaillances de la SEEG, les transports publics inexistants et les mécanismes de protection sociale insuffisants sont des freins insurmontables au développement harmonieux d’entreprises fragiles par essence. Si les grandes sociétés ont les moyens de pallier à ces insuffisances, les PME y perdent les bénéfices qu’elles génèrent, souvent à cause de pertes d’exploitations dues à des tiers.

2 Simplifier l’accès à l’administration
Si de gros efforts ont été faits avec la création de l’APIP, ils sont loin d’être suffisants. L’entrepreneur ne dispose pas de sources d’informations fiables et un flou sur les obligations légales des entreprises, largement entretenu par la corruption administrative, reste une source indéniable de difficulté pour les PME. La crainte de ne pas être ne règle, car on ignore ce qui doit être fait pour se conformer à la loi, est un véritable frein à l’entreprenariat ainsi qu’un non sens économique et juridique.

3 Promouvoir la régularisation des entreprises
C’est par des mesures concrètes, fiscales ou financières, que l’État peut inciter le secteur informel à se légaliser. Il semble évident qu’une TPE, une PME ou une grande société n’ont ni les mêmes capacités de gestion, ni les mêmes compétences pour appliquer des règles administratives et fiscales similaires. La gestion de la TVA, la lourdeur des charges salariales, la complexité des démarches administratives effraient les petits entrepreneurs. De même, l’incitation serait d’autant plus efficace si elle s’accompagnait de mesures d’accompagnement comme une exonération temporaire des charges sociales ou une amnistie fiscale pour les entreprises désireuses de se mettre en conformité avec la loi. A terme, l’opération sera rentable pour l’État comme pour l’économie gabonaise.

Créer son entreprise est trop long et trop complexe. Des procédures rapides et simplifiées pour la création d’entreprise sont indispensables pour promouvoir l’entreprenariat au Gabon. Une formule ultra simplifiée pour les TPE permettrait, en outre, de faire disparaître le passage quasi systématique par l’informel avant de créer officiellement son entreprise.

4 Développer l’information
L’un des freins au développement des PME est le manque d’informations économiques. Les missions des Chambres de Commerce qui devraient porter traditionnellement sur le soutien et le développement du commerce de proximité et des entreprises de services comme sur l’appui individuel à l’implantation et l’extension des entreprises industrielles se contentent aujourd’hui de leur mission d’enregistrement, sans pour autant être capables d’en extraire, au minimum, un fichier exploitable. Il en va de même pour le Ministère des Finances qui ne fourni que des chiffres et données économiques parcellaires et déjà dépassés à leur parution. Et encore, les obtenir semble relever de l’espionnage auprès des fonctionnaires pourtant en charge de leur diffusion.

5 Faciliter l’achat d’équipements professionnels
Pour qu’une entreprise soit efficace, productive et rentable, elle doit s’équiper de matériels modernes et en bon état. Ces équipements, au Gabon, sont importés dans la très grande majorité des cas, et très fortement taxés, par les douanes en particulier. Une réduction de ces taxes douanières permettrait une mise à niveau rapide des équipements professionnels avec comme corollaire immédiat une amélioration de la qualité de la production locale, une baisse des coûts des produits finis et le développement de la production locale dans de nombreux secteurs. Le quasi doublement du prix des biens d’équipements professionnels est un frein réel à la production et au développement sous-régional des entreprises gabonaises.

6 Instaurer une véritable équité fiscale
L’équité fiscale est un leurre au Gabon. La fraude a pignon sur rue, tout le monde s’en accommode. Il n’est pas tout de l’écrire, de le proclamer, de l’afficher même dans un bureau. Partout il est dit transparence fiscale, et tout le monde s’accorde pour décrire l’opacité de la fiscalité directe. Les premières victimes sont évidemment les TPE et les PME qui n’ont pas les moyens de payer des conseillers fiscaux efficaces, sans parler des redressements qui leur sont appliqués, dus en grande partie à la complexité des déclarations d’impôts et taxes. Un patron de PME ne connaît ni la totalité des règles à appliquer ni le mode de calcul de ses impôts. Il ne sait pas profiter des avantages et se place souvent, en toute bonne foi, dans l’illégalité, par manque de compétence ou par manque d’information. Il semble urgent de simplifier le régime fiscal de ces entrepreneurs afin d’apporter une réelle transparence sur la base de règles compréhensibles par tous.

Dans le même ordre d’idées, la généralisation de la TVA à toutes les entreprises, quelle que soit la forme choisie (une base forfaitaire pour les commerces ou un taux fixe sur le prix de vente, comme c’est actuellement le cas, pour les autres), permettrait de rétablir des règles de concurrence équitables tout en simplifiant la comptabilité des entreprises. Les fournisseurs non assujettis posent de nombreux problèmes de gestion aux entreprises qui le sont, générant un surcoût de traitement et de gestion qui peut s’avérer important dans certains secteurs.

7 Des prêts bancaires garantis par l’État
L’octroi de prêts aux PME par les banques commerciales au Gabon concerne essentiellement – sinon exclusivement – la couverture des besoin en fonds de roulement à court terme. Tout comme dans la plupart des régions du monde, mais plus encore ici, la petite entreprise est perçue comme risquée, puisque le taux de sinistralité est nécessairement plus élevé sur les interventions de haut de bilan. Le manque de documentation statistique fait qu’il est difficile d’avoir une idée claire sur la situation financière et les succès potentiels de telles entreprises. Il n’est donc pas surprenant que la plupart des banques commerciales préfèrent traiter avec de grandes compagnies commerciales, plutôt que de petites entreprises qui se débattent pour survivre. Pourtant, les banques sont plus à même de mesurer les chances de réussite d’une entreprise que des organismes d’état, composés de fonctionnaires parfois très éloignés du monde des affaires, que ce soit dans leurs activités ou dans leurs préoccupations. L’octroi de garanties accordées aux banques par l’État sur tout ou parties de prêts aux PME permettrait de débloquer cette situation en diminuant le risque bancaire et en permettant aux petites entreprises d’accéder à des financements qui ne soient pas systématiquement sur fonds propres.

8 Promouvoir la formation et l’emploi jeune
L’État dispose de nombreux leviers pour promouvoir la formation et l’emploi au sein des PME : inciter les entreprises à former leur salariés par des abattements fiscaux ou des crédits d’impôts, exempter de charges sociales les contrats d’apprentissage, de formation interne avérée ou l’embauche de jeunes diplômés, agréer des organismes de formation professionnelle permettant des avantages fiscaux ou sociaux, inciter à la création d’organismes de formation agréés, mettre en place de formations rémunérées au sein des entreprises au travers de l’ONE, etc.

9 Développer l’arbitrage en cas de conflit
Un État de droit est indispensable au développement des PME. Les conflits commerciaux sont fréquents et la justice traditionnelle est rarement équitable dans ce domaine. Un différend entre une grosse entreprise et une PME laisse peu de chance à cette dernière de gagner, soit parce qu’elle est incapable de tenir la distance en terme de délais et de finances, soit parce qu’elle ne fait pas le poids économiquement et qu’elle n’a pas les moyens de financer sa défense. Il existe des procédures d’arbitrage ou de médiation prévus par l’OHADA, mais celles-ci sont à la fois peu connues et peu développées. Le passage obligé par un médiateur ou un arbitre avant d’en arriver au procès devant le tribunal de commerce permettrait non seulement de désengorger ce dernier, mais surtout de résoudre à l’amiable de nombreux conflits qui ne méritent pas un traitement aussi coûteux et déstabilisant.

10 Rénover les organismes officiels
L’ONE, l’APIP, la Chambre de Commerce, l’OAPI (dépôt des marques), sont autant d’organismes capables de promouvoir l’économie locale et d’assister les PME dans leur développement. “Devraient être capables” doit-on préciser car faute de moyens, d’attention ou de volonté politique, certains sont totalement inefficaces, d’autres présentent des lacunes rédhibitoires, et tous sont loin de répondre au cahier des charges qui leur est attribué. Une refonte plus ou moins profonde de ces organismes permettrait de résoudre de nombreux blocages au développement des PME, voire de servir de moteur à une véritable politique de promotion de l’entreprenariat, de l’emploi, de l’information et de la formation.

Source : Business Gabon janvier 2010 Auteur : Luc Lemaire

Exprimez-vous!

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

spot_imgspot_img

Articles apparentés

spot_imgspot_img

Suivez-nous!

1,877FansJ'aime
133SuiveursSuivre
558AbonnésS'abonner

RÉCENTS ARTICLES