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Le Roi nègre et L’Empereur : Au Gabon, Sarkozy vise surtout un apaisement néocolonialiste

Pour comprendre les rapports néocolonialistes entre la France et le Gabon, il suffit de contraster le regard que la France porte sur ce pays avec celui des Américains.

Alors que le Département d’Etat américain, année après année dans ses rapports annuels sur l’état des droits de l’homme dans le monde, n’a eu de cesse de décrire le Gabon comme un « pays dominé par une présidence forte » dans lequel la situation des droits de l’homme demeure « pauvre », avec comme conséquences fâcheuses « l’incapacité du peuple à changer ses gouvernants », les « arrestations et détentions arbitraires », les « restrictions de la libre expression, de la presse, du droit d’association et des déplacements», « une corruption gouvernementale généralisée » et un « usage excessif de la force », la France, elle, s’est pendant 42 ans évertuée à totalement ignorer ces considérations humaines et humanistes, préférant vanter la « stabilité » antidémocratique du pays et ses relations diplomatico-commerciales avec un Gabon qui, le plus souvent, se résume à la qualité de ses rapports, non pas avec l’Etat gabonais, mais avec la famille Bongo.

A lire les descriptions sur le site du Ministère français des affaires étrangères, on prendrait le Gabon pour un pays « normal », tellement il est positivé et décrit comme un « partenaire traditionnel de la France », dont la seule valeur, paradoxalement, se résume à un utilitarisme mercantiliste qui réduit le Gabon à la plus simple expression de « pays de stationnement » des « forces [françaises] pré-positionnées en Afrique », donc une simple néo-colonie. Un Gabon qui, en sus, est dirigé par un Ali Bongo qui, reconnu héritier avant l’heure des avoirs gabonais de la Françafrique, fut « reçu en novembre 2008 par le Président de la République [Sarkozy] », donc adoubé, avant de recevoir le 6 septembre 2009 un « message de félicitations » du président français qui le reconnaissait, avant l’heure également, comme « président élu » du Gabon. Aucun mot, même dans la section décrivant la situation politique du pays, sur les troubles politiques par lesquels le Gabon a dû passer pour se retrouver contraint d’« avaler » la réalité d’un Ali Bongo devenu comme par enchantement « président élu » du Gabon monarchisé. L’image du pays nommé Gabon en ressort largement nettoyée de ses « noirceurs » et profondément « démocratisée » par la France, en parfaite contradiction avec la réalité sur le terrain.

L’observateur averti ne s’étonnera cependant pas de constater que la description française de la situation politique au Gabon ait une fâcheuse tendance non seulement à mettre un accent exagéré sur la famille Bongo et la légendaire « stabilité » du Gabon, mais aussi à occulter les dysfonctionnements politiques du régime mafia des Bongo. C’est que les rapports entre la France et le Gabon n’ont jamais été des rapports d’Etat à Etat, mais plutôt des rapports entre l’Etat français et le Président gabonais. Un président gabonais qui, dans ce contexte, n’a jamais été que le simple chef nègre d’une agence française en Afrique qui porte le nom de Gabon, donc le Roi nègre de la néo-colonie française nommée Gabon. Omar Bongo, c’est bien connu, fut un agent des services secrets français avant d’être intronisé président du Gabon par la France en 1967. A sa mort prématurée après 42 ans de pouvoir sans partage, la France n’a pas semblé sourciller à l’idée d’une succession dynastique au Gabon qui transmettait le pouvoir du père au fils, finissant ainsi d’établir le pays comme la propriété privée des Bongo, et partant, de confirmer le Gabon comme la chasse gardée privée d’une France qui essaie maladroitement de déguiser ses visées néocolonialistes.

La stratégie française a toujours été, dans ce cas, de soutenir la mise en place au Gabon d’un système politique dictatorial avec un Exécutif fort qui soit capable de dominer le paysage politique national et, donc, de demeurer à titre personnel et quasi privé, l’interlocuteur privilégié et unique de l’Etat français dans les relations bilatérales Gabon-France (comprenez les relations famille Bongo-France). D’où les rapports personnalisés entre présidents français et Omar Bongo pendant 42 ans, rapports que Sarkozy, lors de la vente populiste de sa « rupture » aux Français en 2007, s’était engagé à défaire, avant de se retrouver, lui-même, confronté aux réalités d’une Françafrique résurgente. 

L’équation du Gabon est pourtant simple à résoudre. Une simple insistance appuyée de la France pourrait, en 24 heures, démocratiser le Gabon et même mener à la chute du régime Bongo. Les silences approbateurs de la France lors des années les plus noires du Gabon, ainsi que les appuis arrogants de Sarkozy à Omar Bongo d’abord, puis à Ali Bongo ensuite, dénotent d’une volonté manifeste et manifestée de la France de tout simplement préférer le Gabon des réseaux françafricains au Gabon des Gabonais. Qu’Omar Bongo soit resté au pouvoir pendant 42 ans, et son fils devenu président après son décès, ne devrait plus laisser aucun doute sur la position française et, surtout, ses préférences gabonaises.

Nicolas Sarkozy s’est ainsi retrouvé à faire exactement comme ses prédécesseurs, mais en pire : pour l’intérêt d’une France qu’il veut résurgente et dominante, il a sanctifié les relations personnalisées entre la Présidence française et les dictateurs, non seulement au Gabon, mais aussi un peu partout en Afrique. Il a tout simplement jeté à la poubelle toutes les considérations humanistes qui furent esquissées par François Mitterrand en 1990, considérations qui eussent voulu que la France ne soutînt que les peuples et les Etats africains (et non les régimes) engagés sur la voie d’une démocratisation sans fards.

Le soutien personnel de Sarkozy non pas aux Gabonais, mais à la famille Bongo, est donc un signe assez annonciateur de la nouvelle donne française au Gabon. Le président français estime, et a réaffirmé hier, sans sourciller, que le Gabon n’a point à rougir des exactions antidémocratiques du régime qui le dirige depuis 42 ans. Une manière de réitérer que dans le cadre particulier de ce pays, les intérêts géostratégiques et économiques de la France ne sauraient être sacrifiés à l’autel de considérations humanistes. Il faut à la France un seul interlocuteur et comme cet interlocuteur ne peut être un parlement national indépendant et assertif, et encore moins un président dépendant du vote du peuple pour subsister au pouvoir, il lui faut un Président gabonais omnipotent qui, se sachant affaibli par son impopularité, a besoin du soutien militaro-politique de la France pour rester au pouvoir. Le président gabonais doit donc, de ce fait, renoncer au statut de nation indépendante et souveraine de son pays pour se constituer en simple gardien et garant des intérêts français dans un Gabon devenu tout simplement une néo-colonie française.

Le voyage éclair de Nicolas Sarkozy au Gabon a donc visé à trois objectifs fondamentaux :

  1. Consolider le Gabon dans son statut de néo-colonie française ;
  2. Consolider la dynastie et la mainmise des Bongo sur le Gabon ;
  3. Consolider une accalmie politique qui soit capable de mener à la pacification et à l’apaisement de l’opposition gabonaise ;

Gabon : néo-colonie française

En faisant précéder son voyage au Gabon par des « rumeurs » savamment véhiculées de nouveaux accords militaires à signer avec le gouvernement gabonais, Nicolas Sarkozy a simplement voulu préparer l’opinion nationale gabonaise et internationale à une « rupture » en trompe-l’œil qui, sous le couvert d’un désengagement militaire, établissait, en réalité, une nouvelle forme de mainmise de la France sur le Gabon.

Ce que d’aucuns auront sans doute manqué de constater est que le fameux nouvel accord de défense signé mercredi avec le Gabon sera, selon une dépêche de Reuters du 24 février 2010, bizarrement, complété par « un “plan d’action pour la mise en œuvre d’un partenariat stratégique” couvrant tous les aspects des relations bilatérales », relations dans lesquelles, curieusement, les intérêts économiques et militaro-stratégiques se mélangent dans un imbroglio plus classique que novateur, la France s’engageant, comme à l’accoutumée, à « aider le Gabon à rendre son économie moins dépendante de la rente pétrolière qui, si la tendance actuelle se poursuit, devrait avoir disparu à l’horizon 2020 ». L’observateur averti ne manquera donc pas de s’étonner de l’amalgame militaro-économique.

La vérité est que le Gabon compte beaucoup plus pour la France que ces annonces de désengagement militaire ne laissent entrevoir. On parle souvent de l’aide de la France au Gabon, mais jamais de ce que la France tire du Gabon.

D’abord, il est important de savoir que la notion d’ « aide bilatérale » n’a pas le sens que ce mot suggère. Les aides bilatérales sont tout simplement des emprunts contractés par un Etat nécessiteux qui, généralement, se retrouve endetté et, donc, contraint de rembourser des intérêts monumentaux à l’Etat prêteur. La France, comme le démontre feu l’activiste François-Xavier Verschave, se retrouve souvent à extorquer aux nations africaines, dont le Gabon, le centuple des sommes versées pour le compte de l’aide au développement, sommes qui, dans la plupart des cas, ne quittent même pas le territoire français, prêtée à, et remboursées par, des nations qui n’en verront même pas la couleur. Il est, ensuite, essentiel de noter que tout le tissu économique du Gabon est, en réalité, contrôlé par deux groupes d’hommes et de femmes : d’un côté, il y a les barons et piliers du régime Bongo qui, étant seuls à avoir accès aux circuits bancaires et d’investissements, sont également les seuls à s’investir dans les affaires. Cette pratique, au final, crée toute une série d’amalgames et de conflits d’intérêts qui mènent inévitablement à la « corruption généralisée » au sein de l’appareil d’état dont parle le Département d’Etat américain dans ses rapports annuels. C’est que les hommes politiques gabonais sont, en même temps, les seules personnes réellement « autorisées » à se lancer dans les affaires. Il est, dans ce contexte, difficile à un Gabonais « normal » de se lancer à titre privé dans les affaires au Gabon sans s’être, au préalable, compromis ou sans avoir, au préalable, fait acte d’allégeance au système Bongo. De l’autre, il y a toute la classe d’expatriés français—près de 11 000—établis au Gabon et dont la présence dépend des réseaux d’affaires construits entre eux et la classe politique gabonaise. La France est donc, par le biais de ce partenariat bien françafricain, bel et bien présente dans les moindres recoins de l’économie gabonaise et en contrôle les axes les plus stratégiques.

Les quelques millions d’euros que la France prête au Gabon, généralement par l’entremise du Club de Paris ou de l’Agence française de développement (AFD), ne sont ainsi que les faces cachées de nombreux icebergs qui viennent ajouter aux 900 millions d’euros que la France dit produire chaque année dans le contexte de ses relations commerciales avec le Gabon, soit près de 600 milliards de F CFA, du moins officiellement. Mais tout le monde sait que les richesses stratégiques du Gabon, qu’il s’agisse du pétrole, de l’uranium ou même du bois, empruntent des circuits souvent sombres et tortueux qui ne reflètent que très peu les réelles ponctions françaises sur les richesses gabonaises. Nous savons, par exemple, que la compagnie pétrolière Elf-Gabon (Branche de Elf-Aquitaine) versait chaque année à Omar Bongo, hors budget et à titre privé, 50 millions d’euros (soit 33 milliards de CFA) illégalement tirés de la manne pétrolière gabonaise. Ceci, évidemment, s’ajoutait aux 8% du budget national que, selon le Sénat américain, Omar Bongo se réservait chaque année pour usage personnel, soit 110 millions de dollars (près de 54 milliards de CFA). Et si l’on ajoute à cela les banques, assurances et autres compagnies françaises implantées au Gabon, ainsi que les pétroliers et autres bateaux cargo transportant du pétrole, du bois et autres richesses gabonaises non comptabilisées dans les revenus officiels du pays, force est de reconnaître que le Gabon a toujours subi, aux mains des compagnies et hommes d’affaires français, une véritable saignée économique qui découle des ponctions officielles et non officielles qui font partie des arrangements mafieux traditionnels entre la France et le chargé de gardiennage qu’est le président gabonais.

Consolider la dynastie des Bongo

Nicolas Sarkozy n’a, en réalité, aucun intérêt à voir la question des droits de l’homme et de démocratie évoluer vers un débat public au Gabon. Dans le voyage de Sarkozy au Gabon, donc, il y a tout simplement tous les signes d’une reconsolidation de l’état de colonie du Gabon près de 50 ans après son indépendance: renforcement de la coopération militaire (le Gabon devenant, après le retrait français du Sénégal, le point militaire le plus stratégique de la France en Afrique de l’Ouest), recadrage des rapports commerciaux dans le cadre d’un donnant-donnant stratégique (Ali Bongo, comme son père, donnera des garanties économiques qui permettront à la France de continuer à préserver son monopole sur les richesses stratégiques du Gabon, et en échange, la France de Sarkozy s’engagera à protéger la dynastie des Bongo, exactement comme le firent les Frances du Général de Gaulle, de Pompidou, de Giscard d’Estaing, de Mitterrand et de Chirac).

Dans ce contexte, donc, un seul fait reste certain. En reconnaissant le 22 février 2010 dans une dépêche de Reuters que la France entretenait jusqu’à présent dans ses anciennes colonies des accords militaires qui « donnaient à la France des privilèges très importants qui […] accordaient notamment à la France un monopole dans l’approvisionnement des forces armées nationales et qui lui donnaient un droit de préemption sur l’exploitation des ressources dites stratégiques » et que, en échange, la France garantissait la défense de ces Etats, la présidence française a officialisé un aveu que la France, jusqu’à une époque récente, se refusait à faire. Mais, au vu de l’insatiable appétit de Nicolas Sarkozy pour des contrats africains en faveur des entreprises françaises, on a du mal à croire un seul instant que le recentrage de la présence militaire française en Afrique puisse se limiter à la seule « coopération entre les armées » ou à la seule « formation des armées nationales ». L’ « utilisation des dispositifs français au service des organisations régionales » dont parle l’Elysée aura tôt fait, on peut aisément le prédire, de se muer en ingérence française dans les affaires intérieures de ses anciennes colonies. Le sauvetage in extrémis du régime d’Idriss Deby au Tchad suite à une incursion rebelle qui envahit la capitale en 2008 en est l’expression la plus récente.

Au Gabon, où la France compte redéployer l’essentiel de sa présence militaire en Afrique de l’Ouest, on a également du mal à imaginer la France abandonnant Ali Bongo aux bourrasques insurrectionnelles des Gabonais sans utiliser, comme elle l’a toujours fait, son armée pour remettre en selle le gardien en chef de la néo-colonie française nommée Gabon. Le voyage de Nicolas Sarkozy se doit donc d’être lu comme une démonstration de force à l’encontre des Gabonais, c’est-à-dire une arrogante posture par laquelle le président français dit clairement au peuple gabonais que la France a choisi son camp, et ce camp est la famille Bongo. Un point, un trait.

Pacifier et apaiser une opposition gabonaise alimentarisée

Mais pour aider à la reconsolidation rapide du régime dont a hérité Ali Bongo, fils du défunt président, la France avait besoin d’un acte symbolique visant à l’apaisement de la situation post-électorale tendue dans laquelle le Gabon se trouvait encore quelques cinq mois après l’intronisation officielle d’Ali Bongo. Les raisons pour lesquelles Nicolas Sarkozy a décidé, cette fois-ci, de rencontrer l’opposition gabonaise, se devinent assez aisément. En acceptant de recevoir l’opposition gabonaise, Sarkozy a accompli deux exploits majeurs :

–          Il a sauvé Ali Bongo d’un possible mouvement d’humeur de l’opposition gabonaise, une opposition qui aurait pu être tentée d’organiser des manifestations en signe de protestation, avec comme risque de voir de telles manifestations déraper vers une tendance insurrectionnelle. C’est la dernière chose dont Ali Bongo a besoin au moment même où il est en pleine phase de consolidation de son pouvoir, et où les rangs même de l’opposition commencent à se craqueler, avec notamment le dernier revirement de Paul Mba Abessole parti rencontrer Bongo le 22 février. Cet évident geste de reconnaissance d’Ali Bongo comme président du Gabon ne peut que s’interpréter comme le signe de l’accalmie qui se prépare déjà, et que Sarkozy est venu bénir, voire sanctifier.

–          Il a dupliqué ce que François Mitterrand avait déjà réussi lors des Accords de Paris de 1994, c’est-à-dire se poser, comme Mitterrand le fut en 1994, en arbitre des affaires intérieures du Gabon. Il a ainsi pu dicter à la classe politique gabonaise, et notamment à une opposition affaiblie et exsangue, le tempo de ce que sera la configuration politique du Gabon sous Ali Bongo, le nouveau gardien français (il a la nationalité française) du temple Gabon.

Or, les contours de ce tempo politique sont bien connus. Ils se basent toujours sur la même recette : la France fait les mêmes promesses vides de soutenir la démocratisation du Gabon, elle donne des « garanties » à une opposition béate et naïve que la prochaine élection sera un peu plus juste, mais insiste qu’il faut à cette opposition comprendre que la démocratie prend du temps. Elle lui enseigne même, par la bouche de Sarkozy, que l’Afrique des sages ne peut s’accommoder d’une démocratie à l’européenne car l’Afrique aurait, selon lui, besoin d’hommes forts, à l’instar de ces rois nègres despotiques inventés de toutes pièces par l’imaginaire européen. Voilà pourquoi, pour justifier l’injustifiable, Sarkozy a offert la bizarre explication selon laquelle le Gabon n’avait pas à rougir de son manque de démocratie car, en Afrique, il y a pire. Comme si, en matière de crimes contre l’humanité, il y avait des crimes plus supportables que d’autres. Il aurait été intéressant, dans ce contexte, de poser la question à Nicolas Sarkozy de savoir si les Français accepteraient de vivre sous un régime de république bananière comme au Gabon, lui qui trouve acceptable que les Africains dussent s’accommoder de leurs dictatures ?!

En fait, ce que Sarkozy a fait, c’est négocier avec sa marionnette gabonaise la redistribution des postes politiques aux divers leaders de l’opposition selon les méthodes déjà éprouvées sous Bongo le père. Sarkozy sait qu’au Gabon, la meilleure manière de calmer l’opposition et la rendre incapable d’actions insurrectionnelles a toujours reposé sur une recette très simple :

–          Distribuer, par l’entremise d’élections législatives manipulées, quelques postes de députés aux principaux leaders de l’opposition, tout en s’assurant bien évidemment de limiter le nombre de députés accordés à cette opposition à une vingtaine au maximum. Par ce stratagème, la France et le régime Bongo s’assurent que le parlement gabonais ne soit jamais capable de devenir un contre-pouvoir important à même de mettre à mal un Exécutif gabonais que la France veut fort et indéracinable. Il serait mal venu, dans ce contexte, pour le Gabon de se retrouver avec un parlement dans lequel l’opposition serait majoritaire, donc capable de susciter des crises politiques à même de mener à l’évincement d’Ali Bongo.

–          Limiter, dans le cadre des élections locales, la fraude électorale pour permettre à une démocratie plus flexible de prévaloir. Par ce stratagème, la France et le régime Bongo laissent généralement à l’opposition le loisir de gagner assez de représentants et d’élus locaux (maires et conseillers municipaux), mais dans l’unique but d’immobiliser totalement l’opposition dans des sables mouvants alimentaires. Autrement dit, en permettant aux bases des différents partis politiques de se faire une place au soleil par des postes politiques qui leur assurent un minimum de subsistance économique, le pouvoir en place, en complicité avec la France, désamorce la bombe politique gabonaise et coupe l’herbe sous les pieds des leaders de l’opposition qui caresseraient encore des velléités révolutionnaires. C’est, en fait, ainsi que Pierre Mamboundou et Paul Mba Abessole se sont retrouvés prisonniers de leurs bases. En effet, quel conseiller municipal, et quel maire de l’opposition oserait encore, après avoir goûté à un minimum de belle vie, risquer ses maigres revenus d’élu local pour se lancer dans une aventure politique sans lendemain, surtout dans un contexte où l’opposition n’a jamais vraiment disposé de stratégie insurrectionnelle capable de démonter le régime en place !?! Du moment, donc, que toute la base de l’opposition se retrouverait satisfaite de se voir confier la gestion de mairies et de collectivités locales sans incidence politique nationale réelle, l’opposition gabonaise se transforme, automatiquement, en opposition alimentaire. Les leaders qui auraient voulu mobiliser en vue d’une insurrection se retrouvent souvent, dans ce contexte alimentarisé, incapables, lors de leurs conseils de guerre, de convaincre leurs élus de se risquer dans une aventure révolutionnaire.  Découragés, ces leaders finissent très souvent par se contenter de jouer le jeu, tout en allant eux-mêmes, finalement, à la soupe, complétant ainsi de manière pitoyable le cycle de l’apaisement politique à la gabonaise. Ils adoptent alors un langage de « responsabilité républicaine » et de convivialité qui cache mal leur résignation. Le système politique gabonais, à la fin, finit par tout simplement se transformer en une petite kermesse au sein de laquelle l’opposition devenue complice du statut quo se contente de faire semblant de s’opposer, ceci pour mieux se positionner à la table-mangeoire comme convives au partage du gâteau national ou comme ministres dans des gouvernements manioc. L’opposition ainsi délabrée et atomisée fait alors gober au peuple qu’elle va aux élections pour rechercher l’alternance démocratique responsable et non violente, alors même que tout le monde sait que les élections gabonaises sont généralement perdues d’avance pour une opposition qui n’a jamais voulu ni pu forcer l’issue.

Ce processus d’alimentarisation de l’opposition gabonaise a toujours bien marché pour le régime en place. Il a souvent traduit une résignation globale de la classe politique de l’opposition qui, devant l’immensité de la tâche, et les sacrifices personnels qu’un changement insurrectionnel pourraient entraîner, préfère souvent se réfugier dans les faux-semblants et les discours appelant à la responsabilité, afin, argue-t-elle souvent, d’éviter au Gabon les affres de la violence. Or, elle sait très bien, cette opposition, que sans cette violence politique, il n’y aura jamais, au Gabon, aucune possibilité d’alternance ni par les urnes ni par aucun autre moyen pacifique. Les miracles n’existent pas en politique.

Il suffit pour cela de voir la pathétique, l’on dirait même la piteuse, rencontre entre Sarkozy et les opposants gabonais ce mercredi 24 février à Libreville, rencontre par laquelle cette même opposition qui accuse la France de soutenir la famille Bongo depuis 42 fait paradoxalement de cette même France l’arbitre d’une impossible alternance politique au Gabon. Le soutien très ouvert de Nicolas Sarkozy à Ali Bongo est pourtant d’une limpide clarté qui expose la futilité des pathétiques doléances que l’opposition négrillonne du Gabon a présentées à l’Empereur des Français le 24 février. Elle a ainsi présenté à la France un disque rayé de 20 ans, se comportant avec une naïveté stupéfiante face à Sarkozy, comme si Sarkozy ne savait pas déjà tous les contours de la problématique politique gabonaise, une problématique dont la France est pourtant, en grande partie, le maître d’œuvre ! Depuis quand l’esclave va-t-il à son maître le prier, à genoux, de le libérer ? Un esclave se révolte et force son maître à le reconnaître, sans quoi il reste esclave toute sa vie. Cela aussi, c’est une loi immuable de la nature que les opposants gabonais, dans leur luminosité, semblent toujours incapables de comprendre ! Cela fait pourtant 42 ans que cela dure.

Doit-on pour autant se plaindre de Nicolas Sarkozy ? La logique voudrait que l’on réponde « non ».  « Non » car il faut être naïvement idiot pour croire que c’est cette même France sarkozienne qui, forte de ses intérêts économico-stratégiques au Gabon, viendrait se battre pour les Gabonais, à la place des Gabonais, pour les débarrasser d’un régime politique que la France s’est évertuée à mettre en place et à protéger pendant 42 ans ! Cette France qui s’est toujours montrée attachée à ses intérêts stratégiques n’est pas au Gabon parce qu’elle aime le Gabon ou les Gabonais. Elle y est pour ses intérêts. Qu’est-ce qui fait croire à la néo-opposition principalement bongoïste du Gabon que la France, sans y être poussée comme ce fut le cas en Côte d’Ivoire ou à Madagascar, viendrait comme cela un beau matin, comme touchée par la grâce divine, leur servir le Gabon libre sur un plateau d’argent ?

 Croire, donc, qu’en prenant la France à témoin de ses propres exactions au Gabon, et en faisant d’elle l’arbitre des démêlés politiques gabonais auxquels elle a elle-même contribué, la situation gabonaise changerait comme par miracle, relève de la plus profonde idiotie. Par quelle contorsion cette opposition alimentaire croit-elle que Sarkozy viendrait libérer les Gabonais du joug despotique que la France a elle-même contribué à instaurer au Gabon ? Aucun président français, du Général Charles de Gaulle à Jacques Chirac, n’a pourtant jamais mis les droits de l’homme au centre de ses considérations africaines. Ils se sont souvent plutôt faits les champions d’un verbiage paternaliste qui ne laissait gaga que les idiots et fils d’esclaves qui y ont cru, quand bien même la réalité historique les regardait droit dans les yeux. La libération miraculeuse du Gabon ne va certainement pas commencer avec Nicolas Sarkozy, Empereur des Français.

La réalité à laquelle les Gabonais doivent donc désormais s’habituer est la suivante : le Gabon ne se démocratisera pas parce que la France l’aura voulu. Il se démocratisera uniquement quand les Gabonais le voudront vraiment. Il ne faut surtout pas croire que les vérités qui, ailleurs, ont été éprouvées par l’histoire et la science, vont, au Gabon, falsifier les lois fondamentales qui conditionnent et ont toujours conditionné les changements et l’alternance politique dans les pays du monde qui ont réussi à se défaire de leurs dictatures, et ce malgré les soutiens externes. La politique est une science. Dans cette science politique, les critères qui amènent au changement ont, depuis belle lurette, été énoncés par les politicologues. Ces critères sont ceux qui disent que le changement ne vient jamais par miracle ni par hasard. Il ne vient que quand il est organisé et voulu. Autrement dit, les soulèvements populaires, même spontanés, ne peuvent mener au changement que 1) s’ils sont assumés puis amplifiés par un leadership politique prêt à tout, y compris au martyr, pour causer le changement désiré par tous les moyens possibles, et 2) si ce leadership jouit de la légitimité populaire. Ces deux lois du changement n’ont jamais, au Gabon, pu s’accomplir ensemble ni coincider. Quand l’une existait, l’autre manquait, et le peuple, quand parfois il prenait sur lui de commencer, comme en 1990, une insurrection, ne trouvait jamais sur son chemin de leader pour assumer les conséquences d’une insurrection pourtant réparatrice.

Il est donc inutile et illusoire pour les Gabonais d’attendre quelque changement que ce soit avec la classe politique actuelle, et surtout pas d’une néo-opposition composée dans sa très large majorité de bongoïstes déclarés qui, tout en prétendant se battre contre le régime Bongo, mettent paradoxalement sur un piédestal l’Omar Bongo par qui tous les malheurs du Gabon sont arrivés. Et alors même qu’ils viennent de perdre une élection, les voilà se préparant déjà à aller à la prochaine, comme si les conditions institutionnelles qui avaient mené à la « victoire » frauduleuse d’Ali Bongo avaient changé ! Allez-y donc comprendre quelque chose.

Tout comme il est illusoire de croire que c’est la France qui viendra changer le Gabon pour les Gabonais.

Se plaindre de Nicolas Sarkozy ou de la France à longueur de journée est, en fait, un signe de défaitisme, de résignation et de capitulation qui montre que l’opposition alimentarisée du Gabon  qui utilise la France comme bouc émissaire de ses échecs n’est qu’un petit consortium de négrillons qui, au 21e siècle, n’a encore rien compris des attitudes qui élèvent les hommes et suscitent le respect. Au lieu de demander à la France de se désengager du Gabon sous peine d’une ingouvernabilité qui n’aidera ni les intérêts de la France ni ceux du régime qu’elle soutient, nos négrillons sont tout simplement allés pleurnicher aux pieds du maître blanc et confirmer, aux yeux d’un Sarkozy déjà méprisant de nos négritudes, l’image pathétique de ce que c’est que le Nègre éternellement esclave, le Nègre pleurnichard, le Nègre qui, bien que libéré, revient toujours comme un chien aux pieds de son maître car ne sachant pas trop comment assumer ni affirmer sa liberté. Ce Nègre méprisable et éternel enfant qui n’a pas encore compris que la France ne cessera de se mêler des affaires intérieures du Gabon que quand les Gabonais, et partant, les Africains, s’affirmeront comme des hommes.

En attendant le miraculeux millénaire de la négritude dénégrillonnée, que les Gabonais, la néo-opposition alimentarisée et bongoïste en tête, se taisent et arrêtent de se plaindre et de se mentir. Ils ont exactement le pays qu’ils méritent et ni Dieu ni Nicolas Sarkozy n’y pourront absolument rien.

Dr. Daniel Mengara
Président du mouvement « Bongo Doit Partir »

BDP-Gabon Nouveau
P.O. Box 3216 TCB
West Orange, NJ 07052, USA
Tel/Fax : 973-447-9763

Exprimez-vous!

  1. Bien sûr que les richesses du Gabon sont une aubaine pour la France.
    Bien sûr que pour les Français, le peuple Gabonais doit se contenter que des miettes.
    Récemment à Pantin en proche banlieue Parisienne, j’ai assisté à une arrestation ultra raciste d’un Gabonais par la police ultra raciste Française, j’étais en rage.
    En effet, il est passé au feu orange, pour le code de la route, passer au feu orange n’est pas interdit si on est déjà engager, ce qui était le cas du Gabonais.
    Mais pour la police ultra raciste Française, un sale nègre qui passe à l’orange est synonyme d’un délit passible de la peine de mort.
    Il a été arrêter, menotter et comme il demandait des explications, il a reçu une avalanche de coup de matraque, même les français qui assistaient à la scène étaient révolter devant un tel acharnement raciste des policier FRANCAIS.
    Je lui ait suggérer de porter plainte auprès de son ambassade, mais je sais qu’il n’y aura pas de suite, car le drame de l’Afrique, c’est l’absence de fierté de ceux qui sont au pouvoir.
    Pour un appartement dans le 16ème, nos « dirigeants » sont capable d’accepter les pires humiliations que l’on inflige aux Africains en France, pourvu qu’ils gardent leur biens en France.
    Lorsque que nos pseudo intellos parlent de la colonisation, ils feraient mieux de parler de la situation des nègres depuis les indépendances.

  2. A quoi peut-on encore s’attendre de l’opposition gabonaise? L’Union Nationale est un repaire de bongoïstes qui vont manger avec Ali, tous autant qu’ils sont.

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