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Une affiche gabonaise qui parle pour ne rien dire ?

Imagine-t-on une campagne publicitaire en France comme celle qui a été effectuée au Gabon, le 24 février 2010 ? Lors de la visite officielle du président français dans ce pays, des affiches ont vanté « l’amitié franco-gabonaise ». La formule n’est pas nouvelle : on l’entend encore résonner dans la ritournelle des chœurs qui célébraient le président Pompidou sur son passage pendant une visite au Gabon en 1973 : « Vive l’amitié franco-gabonaise ! Vive les présidents Bongo Pompidou ! »
Un slogan démenti par l’image

À l’évidence, l’information diffusée par cette affiche appartient à l’information donnée tirée de la plus officielle hagiographie qui soit : elle célèbre la qualité idyllique des relations entre les deux pays en les symbolisant par l’effigie glorieuse de leurs présidents respectifs placés côte à côte. Filmés en buste de trois quarts, ils envahissent une moitié de champ chacun, dans une parfaite mise hors-contexte mais sur fond paradoxal de drapeau tricolore français.

Si leur sourire est la métonymie convenue de leur entente harmonieuse, le choix du président Bongo fils de figurer devant le drapeau de l’ancienne puissance coloniale est ambigu : est-il seulement le symbole d’une hospitalité exquise envers son invité ou celui d’une allégeance ? On remarque, cependant, que pour être rapprochés, les deux présidents s’ignorent : quoique tournés l’un vers l’autre, ils ne le sont que de trois-quarts : aucune poignée de main ni autre indice d’une quelconque complicité ! Ils préfèrent fixer des yeux le passant selon le procédé de l’image mise en abyme, comme s’ils voulaient le prendre à témoin d’une relation amicale dont l’affiche, sans la démentir, trahit pourtant la tiédeur : on est même tenté de voir dans ces deux photos de présidents côte à côte un montage numérique maladroit. Jamais un drapeau français, par exemple, ne se présente étalé ainsi, punaisé au mur : il pend ou flotte le long de sa hampe, aux côtés d’un autre par exemple.

Le paradoxe de la spontanéité organisée

On est donc conduit à s’interroger sur les motivations qui ont poussé à diffuser une affiche aux informations d’apparence aussi inconsistante. Quoi de plus indigent que ces deux personnages jouant la comédie de l’amitié et priant le passant de les croire sur parole ?

Par intericonicité, on reconnaît d’abord un rite propre à la liturgie des régimes tyranniques qui compensent l’absence de ferveur populaire par une organisation méticuleuse de la spontanéité de l’enthousiasme. À défaut de foules en liesse se pressant d’elles-mêmes pour acclamer le visiteur prestigieux, les lieux sont balisés d’indices stéréotypés comme cette affiche, censés exprimer envers l’objet momentanément désigné par l’autorité l’engouement populaire obligatoire. Cette affiche est, en effet, un paradoxe : une amitié vécue ne s’exprime pas par affiche mais en actes ; comme la parole est donnée à l’homme, dit Talleyrand, pour déguiser sa pensée, cette affiche tendrait donc à masquer maladroitement le peu d’enthousiasme des Gabonais envers l’ancienne puissance coloniale et ses persistantes ingérences.

Depuis l’indépendance et sous les 40 ans de règne de Bongo père, il est vrai, le niveau de vie des Gabonais s’est-il élevé à la mesure de la richesse de leur pays en ressources naturelles ? On voit, en revanche, une minorité d’entre eux se goberger et collectionner des résidences de prestige en France avec les comptes en banque.

Le mot « amitié », une hyperbole

Le mot « amitié » qui est promu par l’affiche est, d’autre part, un belle hyperbole pour chanter l’excellence des relations entre les deux pays. Les nations n’ont pas d’amis, seulement des intérêts. Entre le Gabon et la France, c’est surtout le pétrole qui fonde leurs relations et l’écheveau compliqué de complicités d’intérêts nouées entre les classes dirigeantes des deux pays depuis l’époque coloniale. On comprendrait que le Gabonais moyen ne soit pas enthousiasmé par le spectacle qu’offre l’avidité de ces dirigeants.

Une légitimité contestée et validée par un argument d’autorité

L’affiche répond enfin sans doute à une autre motivation, après l’élection contestée du fils Bongo qui a succédé à son père. La présence du président français à ses côtés vaut argument d’autorité pour valider la légitimité de cette élection, du moins aux yeux de ceux auprès de qui l’ancienne puissance coloniale a conservé encore quelque crédit. Le président Bongo fils entend faire taire toute contestation en s’affichant ouvertement aux côtés de l’allié/parrain traditionnel. Les réseaux clientélistes institués par Bongo père rappellent ainsi que rien n’a changé : les affaires continuent avec Bongo fils comme avant avec Bongo père.

Ainsi sous des apparences anodines et stéréotypées, cette affiche est-elle plus riche d’informations qu’on croit. Elle illustre d’abord la nature tyrannique du pouvoir en exercice au Gabon. Elle laisse ensuite malgré elle deviner la tiédeur des sentiments des Gabonais envers la France. Et elle sert d’avertissement aux adversaires qui miseraient sur une brouille entre l’ancienne puissance coloniale et son ancienne colonie : les réseaux clientélistes établis sous Bongo père entendent bien continuer à prospérer sous Bongo fils. Paul Villach

source: agoravox

Exprimez-vous!

  1. Moi qui croyais que le fils était plus « intelligent » que le père. Que nini. Il semble ramener plus en arrière le peu d’indépendance qu’avait acquit son boss après ses décénies à obéir comme un bon toutou à son maître. Je fais allusion aux rares soubressements de feu OBO contre son « employeur » avec les scandales des biens et patrmoines que possèdent la famille à l’étranger.
    Pourquoi ne comprend-il pas que le seul moyen d’aboutir à une pseudo-émergence découlera d’une liberté d’agissements et d’une politique qui passera par l’intérêt premier des gabonais? N’as-t-il pas lui-même parlé de « gagnant-gagnant ». Or la façon dont notre type procède affirme bien à Niko que : « Ne t’inquiète pas, nous sommes toujours sous votre coupe. Commandez ! On vous obéit ».

  2. « Amitié », colonialisme française au Gabon, oui.
    Tout les jours des nègres se font insulté en France, et la dynastie Bongo parle « d’amitié » franco-gabonaise.
    Lorsque les colons disaient que le nègre est un grand enfant, ils avaient raison, car seul l’Afrique noire notamment francophone n’a pas rompu le cordon ombilical avec l’ancien colonisateur.
    Il n’y a qu’en Afrique noire francophone que l’on trouve l’armée française dans les anciennes colonie française.
    Il n’y a que l’Afrique noire francophone qui a gardée la monnaie de l’ancien colonisateur le Franc CFA.
    Il n’y a quand Afrique noire francophone que la France choisit celui qui doit diriger le pays.
    Lorsque je me fait insulter par un français, je lui dit MERCI, car nos dirigeants pour un sac de riz, se couche devant les français, ils n’ont aucune fierté, aucune dignité, aucune légitimité, aucun pouvoir, aucune personnalité, se sont des valets.

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