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Gabon : Les quatre vérités du professeur John-Nambo

A quelques semaines de la prochaine consultation électorale, la polémique sur la légalisation de l’Union nationale (UN, opposition) alimente toujours les débats à Libreville. Dans une interview accordée à notre rédaction, le professeur Joseph John-Nambo, cadre de l’UN, enseignant de Droit et ancien directeur général de l’administration territoriale au ministère de l’Intérieur, réaffirme la «capacité juridique d’exercer du parti» et dénonce l’attitude «ridicule» des autorités dans cette affaire. Selon vous, l’UN n’a pas besoin d’autorisation pour exister légalement, alors que le Ministre de l’Intérieur affirme le contraire. Votre parti a-t-il déjà la capacité juridique d’exercer ?

«L’Union Nationale (UN) est un parti politique issu de la fusion de l’UGDD, du MAD et du RNR, trois partis légalement reconnus, qui ont souverainement décidé de fédérer leurs intelligences politiques autour d’une nouvelle entité qu’ils ont appelé Union Nationale, en abrégé UN et qui a pour dévise «Le Gabon pour Tous». Cette fusion s’est faite conformément aux dispositions légales et règlementaires en la matière en République gabonaise, à savoir, la Loi n° 24/96 du 6 juin 1996 relative aux partis politiques et son décret d’application n° 1008 /PR/MI du 27 août 1998.

Que disent précisément ces textes ? La loi 24/96 contient neuf chapitres. Le chapitre premier porte sur «la création et la déclaration des partis politiques» et c’est dans ce chapitre que se trouve l’article 10 qui dispose que :

«Le récépissé définitif de déclaration confère au parti politique sa capacité juridique.
Il est délivré après vérification de la véracité des états d’adhésion par les autorités locales dans un délai de quatre mois à compter de la date de dépôt du dossier».

C’est au chapitre troisième que la loi traite «de la fusion des partis politiques» et l’article 17 dispose à cet effet que :

«La fusion est le fait pour deux ou plusieurs partis partis politiques reconnus de se fondre en une seule entité et de renoncer de ce fait à leurs entités antérieures. La dénomination, le sigle et l’emblême de la nouvelle entité sont décidés d’accord parties.
La nouvelle entité bénéficie d’une reconnaissance de plein droit matérialisée par la délivrance d’un récépissé»

Le décret d’application qui traite dans le chapitre troisième «de la reconnaissance d’un parti politique issu d’une fusion» quant à lui, dispose en son article 6 que :
«Tout parti politique issu d’une fusion ne peut être légalement reconnu que sur présentation :Des motions des organes délibérants suprêmes des partis politiques concernés, consacrant la fusion et dûment légalisés ; Des procès verbaux y afférents dûment signés des deux tiers au moins des membres des organes de direction des partis politiques concernés.
Toute rétractation, après la délivrance du récépissé définitif prévu aux articles 10, 11 et 17 de la loi n° 24/96 du 6 juin 1996 susvisée, est nulle et de nul effet»

Si j’ai commencé par mettre en évidence ces deux textes, c’est pour bien montrer que dans la législation gabonaise actuelle, un parti politique peut exister soit après «création et déclaration», soit, entre autre, après «fusion», et c’est le cas de l’Union Nationale.

Dans le premier cas, le Ministère de l’Intérieur est sollicité pour sa légalisation, tandis que dans le cas de la fusion, il n’est sollicité que pour constater la fusion. C’est ce que le Ministre de l’Intérieur gabonais n’arrive pas à comprendre ou refuse de comprendre, préférant laisser s’amplifier dans l’opinion, pas très instruite de la dimension juridique de la question, une polémique stérile qui rend cet important Ministère de souveraineté ridicule aux yeux du monde.

Vous noterez que j’ai souligné à dessein les expressions «reconnaissance de plein droit», dans la loi et «sur présentation» dans le décret, pour bien indiquer que l’Union Nationale, après avoir rempli la formalité ci-dessus indiquée le 10 février 2010, bénéficie, depuis cette date d’une reconnaissance de plein droit, sauf que celle-ci n’est pas encore matérialisée par la délivrance d’un récépissé. Simplement que le Ministre de l’Intérieur qui refuse de se conformer aux textes, ne veut pas délivrer ce récépissé qui, je le souligne au passage, n’est qu’un simple acte administratif (et non règlementaire) qui ne fait que constater cette nouvelle situation née de la fusion de ces anciens partis politiques légalement reconnus, sous le prétexte fallacieux que ses services seraient toujours en train d’examiner le dossier.

Je précise que ce dossier, décliné plus haut, aurait pu lui être simplement «présenté», aux termes du décret sus évoqué, puisque le dépôt du dossier n’est pas exigé par le décret d’application qui ne parle que de «présentation». Cette «présentation» exigée ici par ce décret ne fait qu’obéir à l’esprit de la loi qui confère à l’Union Nationale cette «reconnaissance de plein droit», c’est-à-dire automatique.

D’où vient alors au Ministre de l’Intérieur cette obsession politicienne de vouloir systématiquement faire examiner un dossier qui n’aurait pas dû être déposé à ses services, mais simplement présenté pour constater que désormais, trois partis déjà légalement reconnus ont souverainement décidé de se fondre en une seule entité ? Sur quel texte se fonde Monsieur NDONGOU pour justifier son attitude juridiquement stupide ? Il parle de légaliser l’Union Nationale, de quelle légalisation ? On ne naît pas deux fois, Monsieur le Ministre !

Voilà selon moi et selon tout juriste de niveau 1 qui se respecte, les arguments de droit qui fondent mon affirmation urbi et orbi que l’Union Nationale n’a pas besoin d’autorisation pour exister. De ce fait, ce parti jouit de sa capacité juridique d’exercice, même si cette capacité est pour le moment réduite à cause du refus politicien du Ministère de l’Intérieur de lui délivrer ce récépissé qui prouve son existence légale.

Mais je vous fais observer que l’absence, pour le moment, de ce document administratif ne constitue pas un obstacle juridique qui nie son existence légale. Le fait pour les services du Ministère de l’Intérieur d’avoir apposé le cachet qui justifie que le dossier a été présenté et déposé, atteste s’il en était besoin, de l’existence légale de ce parti, puisque, je vous le répète, la simple «présentation» du dossier suffit pour conférer cette existence légale à ce parti politique.

Si j’ai un conseil fraternel à donner à Monsieur le Ministre de l’Intérieur, je lui dirai que le droit est un Domaine où tout le monde peut s’aventurer, mais on n’y demeure jamais longtemps si on n’a pas reçu ce label initiatique qui fait de vous un habitant du Domaine, donc un juriste éprouvé, simplement parce que chez nous, comme l’a dit le philosophe, «que nul n’y entre s’il n’est géomètre !».

Selon le Ministre de l’Intérieur, l’UN a certes la capacité juridique mais ne peut exercer sans récépissé de son Ministère. Par ailleurs, il estime que la loi ne lui impose aucun délai précis pour la délivrance de ce quitus. Dans ces conditions, l’UN existe-t-elle vraiment ?

Je viens de vous dire plus haut que si l’absence de récépissé peut constituer un obstacle dans l’exercice de la pleine capacité d’un parti politique même issu d’une fusion, dans le cas de l’Union Nationale, il ne s’agit pas vraiment d’un obstacle juridique en tant que tel.

Vous conviendrez avec moi que si l’Union Nationale n’a pas de récépissé jusqu’à ce jour, ce n’est pas faute pour elle d’avoir rempli les conditions légales pour l’obtenir, c’est tout seulement parce que le Ministre de l’Intérieur refuse de faire délivrer cet acte administratif par ses services ; et il le fait avec la pire des manières. Il trompe à dessein l’opinion en faisant croire que c’est lui qui donne la reconnaissance légale à ce parti et que sans ce récépissé, l’Union Nationale n’existe pas ; il fait dire au droit ce qu’il ne dit pas et décide qu’il en sera ainsi tant qu’il le voudra ou tant qu’il n’aura pas reçu d’instruction pour le faire. C’est ça le Gabon du 21ème siècle qu’on dit émergent. Oubliant que dans ce pays, il existe quand même des personnes qualifiées pour rétablir la vérité juridique. Et même dans son camp politique, je suis persuadé qu’il y a des cadres Gabonais conscients de cette situation malheureuse, mais les pauvres, que peuvent-t-il devant ce système particulier qui les a, pour la plupart, pris en otage. Triste tropiques !

Nous avons, en droit, un proverbe qui dit en latin que « nemo auditur propriam turpitudinem allegans », cela veut dire, « nul n’est écouté quand il allègue sa propre turpitude ». Monsieur NDONGOU ne peut pas travestir indéfiniment la loi en ne faisant pas remettre ce récépissé sous des prétextes fallacieux et se vanter que l’Union Nationale ne pourra pas exercer sans ce récépissé.

Je sais comme lui que ce récépissé constitue concrètement la preuve de l’existence de l’Union Nationale. Mais la preuve ne constitue pas à elle seule le droit ! C’est une leçon que tous les étudiants de la licence 1 de droit en faculté connaissent presque par cœur. Dailleurs, puisque les services du Ministère ont bel et bien apposé le cachet sur la lettre qui accompagnait le dossier qui leur avait été régulièrement présenté et qu’ils l’ont reçu, ce simple cachet apposé constitue un élément préalable de preuve, certes incomplet, mais qui est suffisemment grave pour que soit admise, la preuve par témoin ; et ce jour là, tout le directoire de l’Union Nationale était au Ministère de l’Intérieur ! De plus, le dossier de l’Union Nationale a été présenté et déposé au cabinet du Ministre de l’intérieur en présence d’un hussier qui en a attesté la réalité par exploit. Donc en cas de conflit juridiquement constaté, l’Union Nationale sera bien fondée pour apporter la preuve qu’elle peut exercer légalement ses activités politiques sur le territoire national. Du reste, à bon droit, c’est ce qu’elle a commencé de faire sur le terrain.

Quand le Ministre de l’Intérieur estime que la loi ne lui impose pas de délai pour délivrer le dit récépissé, il insinue par là que son attitude est pernicieuse. Il se proclame malin en ignorant justement la loi qui dit en substance qu’il s’agit d’une «reconnaissance de plein droit», ce qui veut dire automatique.

Si sa méconnaissance excusable du droit ne lui permet pas de comprendre ce que veut dire «reconnaissance de plein droit», il ne peut pas ignorer ce que veut dire automatique ! Non, en réalité, Monsieur NDONGOU est simplement entrain de nous servir le plat que le pouvoir avait déjà préparé pour MBA OBAME, leur ennemi politique n° 1 aujourd’hui ; pour lui, MBA OBAME allait créer un parti et il fallait se préparer à lui faire voir ce qu’il allait voir.
En effet, après l’élection présidentielle calamiteuse du mois d’août 2009, beaucoup d’électeurs d’AMO lui avaient fortement suggéré de créer un parti politique pour asseoir solidement cet espoir soulevé par lui au sein de la population, et le pouvoir s’attendait alors à une réponse affirmative de la part de ce dernier. Mais après une lecture intelligente du paysage politique local, nous avons avec lui estimé, à juste titre, qu’il ne fallait pas en rajouter. Le désir d’unité des forces de l’alternance politique était tel que le seul moyen d’y aboutir était de fédérer les intelligences. Et grâce à la clairvoyance et à la sagesse politique du président Zacharie MYBOTO de l’UGDD, appuyés par Pierre Claver ZENG EBOME du MAD et Gérard ELLA-NGUEMA du RNR, tous membres de la Coalition des Groupes et Partis de l’Opposition, l’Union Nationale est née, laissant ainsi le pouvoir dans son vieux schéma machiavélique. Je me souviens qu’à ce moment, du côté du pouvoir, beaucoup pariait sur ce qui apparaissait à leurs yeux comme une simple utopie. Face à ce qui est désormais une réalité, Monsieur NDONGOU, désemparé, ne trouve pas mieux que d’aller chercher la recette qui était préparée pour contrer « la création et la déclaration » de l’éventuel parti de MBA OBAME pour l’appliquer à la fusion. Le but recherché ici est de freiner cet élan populaire soulevé par l’avènement de l’Union Nationale dans le paysage politique gabonais.

C’est, je crois peine perdue. L’Union Nationale existe bel et bien, n’en déplaise à Monsieur le Ministre de l’Intérieur et à ceux qui le poussent à adopter cette attitude ridicule.
«Ne pouvant faire que ce qui est juste fut fort, on fit que ce qui est fort soit juste», comprenne qui pourra.

Si jusqu’aux élections partielles vous n’avez pas de récépissé, et étant donné que les différents partis qui ont fusionné pour donner naissance à l’UN ont perdu leurs capacités juridiques, aucun de vos candidats ne pourra donc logiquement se réclamer ni de l’UN, ni de son parti d’origine pour se présenter à ce scrutin. S’achemine-t-on vers des candidatures indépendantes ?

Chacun peut aisément comprendre que toute cette manœuvre pitoyable est délibérément orchestrée pour empêcher l’Union Nationale de se présenter comme tel aux élections législatives partielles de juin prochain.

Mais que Monsieur NDONGOU se rassure, l’Union Nationale présentera ses candidats aux élections partielles prochaines. J’ose faire encore confience au président de la Commission Electorale Nationale Autonome et Permanente à qui l’occasion est donnée d’affirmer ses compétences que je crois certaines en matière de droit et son indépendance vis-à-vis de ceux qui ont contribué à le ridiculiser lors de la proclamation de la dernière élection présidentielle de triste mémoire.

Je vous disais plus haut que si l’absence de récépissé constitue pour le moment un préjudice réel pour l’Union National, ce préjudice qui lui est abusivement imposé par le Ministre de l’Intérieur n’est pas contraignant.

Les arguments du droit de la preuve que j’ai déjà évoqué seront présentés au juge du contentieux pré électoral et le monde entier observera le spectacle des responsables d’un Etat qui se dit de droit, incapables de lire correctement le droit sous des prétextes bassement politiciens.

Non, il n’y a aucune éventualité de voir les candidats de l’Union Nationale se présenter en Indépendants. Comment un parti politique qui existe légalement peut-il présenter des candidatures indépendantes à une compétition électorale ? Comment le monde qui nous observe, contrairement à ce que croit Monsieur NDONGOU, jugera-t-il le Gabon ? Et comment pareille situation sera-t-elle véçue par les militants de ce parti ? Je sais que sous les tropiques le ridicule ne tue pas, mais tout de même !

Selon le Ministre de l’Intérieur, la loi l’autorise à dissoudre tout parti politique dont les activités seraient de nature à déstabiliser les institutions établies. Et pour lui, les déclarations du Secrétaire Exécutif de l’UN au journal français L’Express, sont d’une telle nature. Pensez-vous vraiment qu’il peut dissoudre votre parti ? Dans ce cas, quelle serait votre voie de recours ?

Vous me donnez là l’occasion de réagir sur vos collonnes à ce qui est devenu, par la volonté des faucons du gouvernement et du Parti Démocratique Gabonais au pouvoir, l’affaire MBA OBAME. Je vous assure que s’il ne s’agissait pas de mon pays d’origine, je ne mêlerai pas ma voix à ce qui apparaît aux yeux de tous ceux qui réfléchissent un peu, comme une tempête dans un verre d’eau.

Permettez-moi de rappeler la question de L’Express et la réponse de MBA OBAME :

«L’Express : Que traduisent les soubresauts observés récemment sur le front social ?

Mba Obame : Le mécontentement est général. La pilule de l’élection frauduleuse n’est pas encore passée. Même si nous faisons tout pour calmer le jeu. Il n’y a pas eu de marches et d’appel à la désobéissance civile. Nul doute que, dans cette hypothèse, le pouvoir n’hésiterait pas à tirer sur les gens. Il y aurait des morts, et la situation échapperait à tout contrôle.
Récemment les étudiants sont descendus dans la rue pour réclamer le versement de bourses en souffrance depuis deux mois. On leur a envoyé la gendarmerie. Il y a eu des blessés, et peut-être même un tué. Les enseignants ont certes mis un terme à quatre mois de grève, mais je ne serai pas surpris que le mouvement reprenne. On a l’impression que le gouvernement s’en fout, qu’il laisse sciemment pourrir les conflits. Même topo dans le secteur de la santé. Si ça continue comme ça, on va au coup d’Etat avant la fin de l’année. Un coup d’Etat à la nigérienne. Voilà peu, plus de 300 militaires ont donné 24 heures au gouvernement pour que leur soit enfin versée la solde due. Et ils ont obtenu gain de cause.
Le secteur privé lui-même n’échape pas au marasme. Il y a quelques années, le Parlement avait adopté un code forestier selon lequel, à l’horizon 2012, 75% du bois gabonais devrait être transformé localement. Et voilà que le pouvoir décrète fin 2009 une interdiction d’exporter portant sur la totalité des grumes, et ce dès l’exercice 2010. De quoi affecter gravement un secteur qui constitue le deuxième gisement d’emploi du pays après la fonction publique»

Les personnes intellectuellement structurées au Gabon comme ailleurs, qui ont pris connaissance de ces propos volontairement déplacés de leur contexte et donc injustement incriminés par ces faucons du pouvoir et du PDG, ne comprennent toujours pas cette levée de bouclier qu’a suscité chez nous pareille polémique. Je n’ai personnellement pas trouvé dans ces propos un quelconque appel à la déstabilisation des institutions établies, encore moins une volonté de MBA OBAME de préparer un coup d’Etat. Depuis plus de 25 ans que je pratique le droit, l’anthropologie juridique et la science politique, c’est la première fois que j’apprends que pour préparer un coup d’Etat on commence par l’annoncer.

J’ai vraiment honte de ce que ce pouvoir tente de faire de mon pays ! MBA OBAME preparerai un coup d’Etat et il irait l’annoncer en France, sans que les autorités françaises ne trouvent rien à redire ! On est en plein délire politique. Et voilà que le Gouvernement de la République Gabonaise se réunit principalement pour discuter des propos d’un homme politique responsable. Il sort un communiqué final aux allures guerrières où tout y passe, on va même jusqu’à traiter l’action de MBA OBAME et ses collègues anciens membres du gouvernement, aujourd’hui dirigeants de l’Union Nationale, de «champ de ruine». Ceux qui ont suivi la lecture de ce communiqué final racontent à souhait qu’il fallait voir le porte-parole du gouvernement…, simplement pitoyable. Oubliant même que ce «champ de ruine» allègrement évoqué, avait un chef suprême qui n’était autre que celui à qui tous ces messieurs et dames doivent leur carrière politique. Quel bel hommage posthume à Omar BONGO ONDIMBA (paix à son âme !) qui a dû se retourner dans sa tombe ! Et, tenez-vous bien, cette insulte publique à sa mémoire se fait tranquillement sous le regard et avec l’onction de son président de fils. Même le gouvernement de Lionnel JOSPIN n’avait jamais fait ça à la mémoire de François MITTERRAND.

J’ai une proximité intellectuelle, philosophique et politique avec André MBA OBAME depuis de longues dates et Dieu sait si j’ai eu le temps d’apprendre à ses côtés, comme il l’a fait aux côtés de feu Omar BONGO ONDIMBA, et de comprendre sa logique de fonctionnement politique. Je peux vous affirmer que son intelligence politique que beaucoup lui envient et son éducation avérée ne pourront jamais le conduire à ne serait-ce qu’à penser projetter un coup d’Etat ; d’ailleurs avec quels moyens et pourquoi ? Les états de service élogieux d’André MBA OBAME sont suffisemment connus au Gabon pour qu’on lui prète pareille intention et ils ne sont pas nombreux comme lui là où ils sont.

Dommage qu’on ait souvent la mémoire courte en politique. Que tous ceux qui, aujourd’hui bavent sur MBA OBAME se souviennent un peu de cette époque où il était l’homme de confiance de celui qui a fabriqué politiquement beaucoup d’entre eux. Je savais la politique compliquée, mais voir se dérouler sous mes yeux autant d’ingratitude, de haine et de vilenie de la part de ceux-là mêmes qui doivent leur carrière politique à MBA OBAME ; c’est tout simplement pitoyable.

Ce triste épisode de la vie politique gabonaise actuelle m’a vraiment permi, certainement avec d’autres, de me rendre compte de la fragilité de nos institutions lorsqu’elles se trouvent sous la direction de ceux qui ne se soucient même pas de l’image de marque de notre pays, mais surtout de la fébrilité de ceux qui sont actuellement au pouvoir et cela doit amener à réfléchir pour l’avenir du Gabon et de notre Etat en construction, 50 ans après l’indépendance politique.

Et voilà que Monsieur NDONGOU s’en saisit pour faire un lamentable chantage à l’Union Nationale. Que Monsieur le Ministre de l’Intérieur démontre alors aux yeux de l’opinion nationale et internationale le délit que constitueraient ces propos. Et quel lien ont-ils avec l’Union Nationale dont l’existence juridique est antérieure à ce que MBA OBAME a dit à L’Express. Comment peut-il dissoudre un parti qui pour lui n’a aucune capacité d’exercice ? On est en plein délire. Si tel est son intention, qu’il le fasse et les tribunaux nous dirons si cette dissolution programmée par lui est légale ou non. Je crois qu’il y a encore dans ce pays des juges capables de dire correctement le droit.

Pour ne pas en arriver là, êtes-vous prêts, comme il l’a suggéré, à faire amende honorable en condamnant publiquement les propos de Monsieur MBA OBAME ?

Faire amende honorable par rapport à quoi et auprès de qui ? N’oublions quand même pas que cet évènement, c’est le pouvoir qui l’a créé pour salir MBA OBAME et discréditer l’Union Nationale.

Je crois que le pouvoir est en train de se rendre compte que sa réaction n’a pas été à la hauteur de ses espérances , il se rend surtout compte qu’après un tel tapage médiatique sur cette trouvaille politicienne, l’affaire a fait pchit dans l’opinion et c’est pour sauver la face qu’il demande aujourd’hui, par son Ministre de l’Intérieur interposé au président de l’Union Nationale de désavouer publiquement MBA OBAME, de le jeter en pâture dans son propre parti et dans tout le pays. Si cette situation peut continuer à lui faire plaisir, tant mieux pour lui, mais personnellement, je ne me vois pas entrain de demander pareille ignominie à mon cher ami et frère.

Vous savez, dans notre pays, la médiocrité a depuis longtemps pris le pas sur l’excellence et ceux qui aujourd’hui dirigent le Gabon, du moins certains d’entre eux, ont du mal à voir des gens briller dans l’espace-temps local, MBA OBAME les a toujours gêné et ils n’ont jamais réussi à cerner le personnage. Je les comprends, mais de grâce, tout le monde n’est pas obligé de les suivre.

Depuis 6 mois, le gouvernement ne semble pas être parvenu à gagner l’approbation générale des populations, mais l’opposition ne semble pas non plus être parvenue à rassembler les « déçus ». Ne diagnostiquez-vous pas une désillusion politique au sein de la population qui pourrait amener à un fort taux d’abstention aux prochaines consultations électorales ?

Le Gabon fait aujourd’hui face à une crise multiforme qui ne peut être résolue que par les auteurs de cette crise qui doivent prendre leur responsabilité. Il n’est un secret pour personne que l’élection présidentielle anticipée du 30 août 2009 a constitué un déni de démocratie et que le peuple gabonais dans sa large majorité ne s’en est pas encore remis. Quelle est la réponse du pouvoir depuis plus de six mois ? Il ignore le peuple gabonais en insultant tous les jours les leaders politiques de l’opposition dans lesquels ce peuple s’est reconnu et continu à se reconnaître. C’est dans cette logique jusqu’auboutiste que ce pouvoir va jusqu’à renier celui qui l’a fabriqué. Omar BONGO ONDIMBA n’était peut-être pas un président génie, mais même ses adversaires l’ont toujours reconnu, il n’avait pas son pareil en matière de résolution de crises socio-politiques dans son pays et même au-delà de nos frontières.

Donc, la situation exceptionnelle du moment ne peut pas permettre d’exercer une opposition normale. Après l’épuration méthodique de l’administration d’Etat qui a commencé avant et pendant la campagne électorale et qui s’est poursuivie après l’élection controversée d’août 2009, la haute administration a été privée de la majorité de ses meilleurs cadres et le Gabon aujourd’hui est divisé en deux camps qui se regardent en chien de faïence. Dans ces conditions, quelles propositions pouvez-vous faire à un pouvoir qui croit avoir raison sur tout et qui croit tout savoir. Ils disent eux-mêmes qu’il faut les laisser avancer, alors qu’ils avancent, à conditions qu’ils ne touchent pas à nos droits et à nos libertés arrachés de haute lutte !

On ne vous a pas entendu dénoncer la conservation des listes électorales de l’élection présidentielle d’août dernier, pourtant vertement décriées avant le scrutin. Les écarts observés seraient-ils à votre avis résorbés ?

Vous savez, le problème des listes électorales au Gabon, comme en Afrique d’ailleurs, constitue un véritable serpent de mer avec lequel tout le monde joue à loisir. Tant que la confiance entre les acteurs politiques ne sera pas revenue, on pourra toujours en parler. Omar BONGO ONDIMBA, au soir de son pouvoir et de sa vie avait commencé à vouloir faire définitivement la lumière sur ce dossier, je peux en parler puisque j’étais Directeur Général de l’Administration du Territoire au Ministère de l’Intérieur. Le Ministre MBA OBAME avait alors reçu instructions fermes à cet effet et il avait des idées claires pour sortir enfin de cette rengaine, mais le destin a fait que tout cela est resté dans l’histoire.

Avec ce qu’on appelle pompeusement d’émergents aujourd’hui, on ne sait pas à quelle sauce on sera mangé avec ce dossier préoccupant. Car, il faut le dire, tant que cette question des listes électorales ne sera pas définitivement réglée, on ne sera pas sortis de l’auberge. Surtout quand on sait que cette préoccupante question dépend préalablement d’une bonne administration territoriale des services d’état civil qui sont à peine existants au Gabon et qui, quand ils existent sont tenus de manière plus que calamiteuse. Ce chantier, j’avais obtenu du Ministre de l’Intérieur de l’époque, André MBA OBAME, de le mettre sur les rails pour commencer à régler cette sempiternelle question du fichier d’état civil au Gabon. Vous comprenez qu’il s’agit là d’un préalable juridique plus qu’indispensable pour régler définitivement le problème des listes électorales au Gabon et je puis vous assurer qu’à l’Union Nationale on y pense fortement et le jour où nous arriverons aux affaires, et nous y arriverons démocratiquement, nous nous occuperons prioritairement de cet important chantier.

A moins de deux mois des élections partielles, on ne voit pas sur le terrain une grande mobilisation de vos militants autour des candidats qui vont briguer les sièges mis en jeu. Ce calme plat traduit-il l’assurance de remporter haut la main ces sièges ou dénote-t-il simplement une absence de stratégie ?

Même si la campagne électorale n’a pas encore commencé, l’Union Nationale est sur le terrain sauf que les média publics ayant décidé, sur ordre certainement, de faire un black out sur ses activités, elle ne bénéficie pas de la même exposition médiatique que le PDG et ses alliés de circonstance.

Mais vous pouvez faire confianceà cette nouvelle force politique qui regroupe autant de cadres bien formés et de responsables politique expérimentés ; c’est inédit au Gabon. Comme lors de la dernière élection présidentielle, l’Union Nationale mènera une campagne électorale offensive, responsable et respectueuse des populations sur chacun des sièges en compétition. Et sans faire preuve de trop grande assurance, je sais quel est le lien particulier qui uni aujourd’hui l’Union Nationale au peuple gabonais qui attend beaucoup d’elle. Son devoir est de ne pas le décevoir.

On vous entend beaucoup critiquer et dénoncer mais très peu de propositions dans vos déclarations, comment comptez-vous changer le pays ?

L’Union Nationale a réellement l’ambition de diriger démocratiquement le Gabon avec ses alliés de l’opposition, il en a la capacité et les moyens humains. Vous comprendrez aisément qu’elle ne pourra le faire, si on est sérieux, et nous le sommes, sans projet de société. Ce projet existe et il sera décliné le moment venu. Nous avons même, avec nos alliés de l’opposition déterminée, établi un programme commun de gouvernement que les Gabonais apprécieront le moment venu.

Au lieu de réagir au coup par coup aux décisions du gouvernement, ne serait-il pas plus constructif de ne pas attendre les décisions du gouvernement pour réagir à la conjoncture économique et sociale du pays et proposer des solutions pertinentes aux maux graves que vous dénoncez ? Ne pensez-vous pas que cette approche serait plus constructive pour votre crédibilité ?

Comment peut-on proposer des solutions à des gens qui prétendent tout savoir ? L’humilité, ils n’en ont que faire ; Ils sont même allés jusqu’à fabriquer un slogan qu’ils clament haut et fort : «laissez nous avancer !», comme pour signifier qu’ils n’ont besoin de personne pour se tromper tout seul, ils émergent. Que voulez-vous y faire ? Si nous étions dans un pays normal, avec les potentialités dont l’Union Nationale dispose, je vous assure que nous pourrions remettre notre cher pays en marche. Mais au pays des aveugles, les borgnes sont rois !».

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