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Gabon : Des ombres chinoises sur l’avenir de Plysorol

Le tribunal de commerce de Lisieux a décidé au terme de l’audience du 26 mai de prolonger la période d’observation de l’ex-leader européen du contreplaqué, Plysorol, en restituant au repreneur chinois les droits de gestion. Ce délai doit permettre à la justice d’étudier le plan de continuation proposé mercredi par le repreneur chinois, alors que les employés réclament à cors et à cris son éviction pure et simple.

1,95 millions d’euros, c’est le montant du chèque que l’actionnaire chinois Guohua Zhang a posé le 29 mai sur la table du tribunal de Commerce de Lisieux pour appuyer son plan de continuation.

Résultat : «le tribunal décide la prolongation de l’activité jusqu’au 16 juin 2010 à 15H00 afin d’examiner le plan de continuation», a déclaré la présidente du tribunal Danièle Colomer, au terme de l’audience très attendue du 26 mai dernier.

Si l’ex leader européen du contreplaqué a échappé à la liquidation judiciaire, les craintes demeurent entières sur le possible maintien à la tête du groupe du repreneur chinois. «Qu’on ne nous demande pas de refaire confiance à quelqu’un contre qui une plainte pour banqueroute est instruite», commente à cet effet l’avocat du Comité central d’entreprise (CCE), maître Philippe Brun.

Pendant le délai instruit, le tribunal a également restreint la mission des administrateurs judiciaires qui n’ont plus qu’une mission d’assistance et non plus de gestion, comme cela avait été fixé lors du placement en redressement judicaire le 9 avril. Une décision qui a été prise «sans aucun débat contradictoire», fustige maître Brun.

La séance du 26 mai était surtout attendue pour l’examen des offres de reprise, notamment celle du candidat qui paraît le plus sérieux, le fabricant de contreplaqué ghanéen à capitaux libanais, John Bitar & Co.

S’il prévoit la suppression de 166 emplois, il propose également un investissement de 11,5 millions d’euros et se dirait même prêt à améliorer son offre, mais cela ne semble pas interpeler outre mesure le tribunal de Lisieux, qui semble plus intéressé à examiner le plan de continuation des chinois.

«C’est tout simplement surréaliste. Tout est fait pour éviter l’offre de Ghassan Bitar, comme s’il fallait la disqualifier. Nous sommes toujours dans la course, mais on s’interroge. Nous ne sommes plus du tout dans le domaine du droit», s’indigne l’avocat de Ghassan Bitar, maître Ludovic Doutreleau.

L’industriel libanais menace par ailleurs de retirer son offre si le repreneur chinois continue de lui refuser l’accès aux filiales gabonaises du groupe qui détiennent le sésame de Plysorol, à savoir 600 000 hectares de forêts riches en Okoumé.

Et pour maître Dourteleau «Il est évident qu’il y a ici des enjeux qui nous dépassent. Le message de ce matin était clair : on nous demande de décrocher». Le mois dernier, le directeur général de Plysorol Europe, François Wu, avait brandi l’argument diplomatique dans un courrier adressé aux administrateurs temporaires et aux journalistes.

«Notre dossier a été suivi en Chine à un très haut niveau. On demande au gouvernement français de faire une table ronde pour essayer de trouver une solution définitive avant que cela ne devienne une affaire diplomatique», écrivait-il notamment.

L’industriel chinois est accusé de n’avoir jamais concrétisé les lourds investissements promis à la reprise et d’avoir causé un trou de plus de 10 millions d’euros dans les caisses de la société. Par ailleurs, le CCE ne cesse de mettre en garde contre les tentatives de Guohua Zhang de transférer les droits d’exploitation des forêts gabonaises vers ses sociétés chinoises implantées au Gabon. Une telle opération viderait Plysorol de sa substance et promettrait l’ex leader européen du secteur à une mort certaine, et le millier d’emplois qu’il génère avec.

Le plan de continuation de Guohua Zhang prévoit notamment la suppression de 82 emplois à Lisieux, 18 à Fontenay-le-Comte, et la cession du site d’Epernay, avec la garanti d’investir 8 millions d’euros pour redresser le groupe.

Une autre offre de reprise, celle de Jérôme Delanoë (fond d’investissement GCD) propose de reprendre le seul site d’Epernay (Marne) qui compte 60 salariés, ce qui entraînerait la fermeture des deux autres sites, Lisieux, le siège, et Fontenay-le-Comte (Vendée). Un ancien cadre de Plysorol, Germain Hanoy, a également présenté une offre en indiquant toutefois ne pas détenir encore les fonds.

Du côté des employés, un seul écho : «que ce soit à Magenta, à Lisieux ou à Fontenay, les salariés ne veulent plus de lui», rappelle Marie-Christine Malet, secrétaire du comité central d’entreprise.

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