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« Le documentaire est le seul cinéma africain qui puisse rendre l’Afrique autonome », représentant d’Africadoc Cameroun

Quelque temps après sa participation aux deuxièmes rencontres internationales du documentaire Africain, Louma 2010, le représentant d’Africadoc Cameroun, par ailleurs promoteur du festival Images en live, Simon-Pierre Bell, a indiqué dans une interview accordée ce mardi à GABONEWS que « Le documentaire est le seul cinéma africain qui puisse rendre l’Afrique autonome ».

GABONEWS: – Simon-Pierre Bell, vous avez pris part aux rencontres internationales du documentaire Africain, Louma 2010, du 5 au 10 juin dernier à Saint-Louis au Sénégal. Quels ont été les temps forts de cet évènement?

SIMON-PIERRE BELL: – Les grandes lignes de ces rencontres ont été notamment les rencontres de coproduction, le pitch des projets, les rencontres du réseau Africa doc et celui des producteurs, réalisateurs et diffuseurs.

Pour ma part, j’ai participé à cet évènement avec plusieurs casquettes. J’y suis allé en tant que représentant d’Africadoc Cameroun, mais aussi en tant qu’auteur réalisateur. J’ai pu également présenter mon projet de long métrage documentaire. Car, je ferai partie du premier panel de jeunes africains qui réaliseront des longs métrages documentaires.

Cela m’a également permis de rencontrer les jeunes de la sous-région d’Afrique centrale pour voir ensemble comment, nous aussi, au niveau de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC), on peut se mobiliser, et attirer les bailleurs de fonds, pour le soutien de la jeune génération et la promotion de leur émergence.

GABONEWS: – Cette rencontre a été soutenue par le réseau Africadoc, qui est relativement bien implanté dans les différentes zones géographiques du continent, et également l’un des acteurs principaux de la profession. Mais ses prérogatives restent néanmoins méconnues du grand public. Comment les activités d’Africadoc?

SIMON-PIERRE BELL: – Depuis que j’ai pris contact avec le réseau, en 2007, je trouve que cette année, il y a une amélioration. Je ne le dis pas parce que je suis à l’intérieur, car même si j’étais un observateur extérieur, je ne changerai pas de langage. Le nombre de jeunes documentaristes africains ne fait que croître. Il y a trois ans, je crois, le Nouma n’existait pas.

Depuis que le Nouma existe, je vois énormément de jeunes africains venir avec des projets, avec des regards différents sur le continent africain, car on était habitué à voir des documentaires réalisés par des auteurs qui n’avaient pas de grands liens avec le continent.

Maintenant que nous africains, développons des projets avec des regards endogènes, je pense que c’est salutaire, grâce au soutien d’Africadoc. Africadoc qui se soucie du développement, de la transmission des outils et des rudiments de l’écriture de projet de films documentaires et de l’accompagnement des auteurs dans la production audiovisuel, mais aussi dans la mise en réseau des producteurs du nord et du sud, voire les diffuseurs.

GABONEWS: – Nous observons néanmoins que le réseau, très actif en Afrique de l’ouest, est bien moins présent en Afrique centrale. Comment expliquer cette disparité?

SIMON-PIERRE BELL: – Il est moins représenté en Afrique centrale parce que tout simplement il n’y a peut être pas eu de réel volonté des personnes qui nous ont précédées, à œuvrer pour le développement du documentaire. Ou bien, ils n’ont pas compris les enjeux, comparativement aux confrères d’Afrique de l’ouest qui sont supers bien avancés, et bénéficient même du soutien de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA).

En Afrique centrale, on remarque que le réseau est quasi inexistant. Pourquoi ? Lorsque je fais une étude sérieuse du territoire, je me rends comte qu’il y a un réel problème au niveau de l’Afrique Centrale.

Nous avons les talents, mais les talents ne sont pas en Afrique Centrale. Ils sont à l’extérieur. Je me pose de manière récurrente, la question de savoir pourquoi ils acceptent de rester hors de leurs territoires? Parce que cela engendre un manque à gagner. Les jeunes qui ont la patience, qui n’ont pas eu la possibilité de faire de longues études n’ont pas l’opportunité de se rapprocher des professionnels.

Les rencontres telles que le Nouma, emportent les professionnels vers ces territoires et fais en sorte que ceux qui rêvent de faire carrière dans le documentaire croisent les professionnels et échanges. Et de fil en aiguille, celui qui était là, qui rêvait, en sort riche en expérience, et obtient la possibilité de développer, lui aussi, le réseau du documentaire.

GABONEWS: – Au terme des deuxième rencontres internationales du documentaire Africain, quels sont les perspectives d’Africadoc?

SIMON-PIERRE BELL: – Je parlerai plutôt des perspectives au niveau de l’Afrique centrale, parce que je les maîtrise. C’est une lutte que j’ai initié depuis 2009, date de mon retour au Cameroun. J’ai mis sur pied une association par le biais d’une jeunesse dynamique vaillante et ambitieuse.

Nous nous sommes mis d’accord sur un travail, où personne ne gagnerait quoi que ce soit, un travail de sacrifice. Nous avons mis sur pied un festival international du film, « Images en live », qui est annuel et se déroule tous les mois de décembre à Yaoundé. La première édition a été encouragée et saluée par les ambassades de France, d’Allemagne et d’Espagne, avec qui nous continuons de travailler.

Cette année, l’édition sera particulière, parce que j’ai devisé avec des professionnels ressortissants de l’Afrique Centrale, notamment des deux Congo, du Rwanda, du Burundi, et ici en France, avec un gabonais. Au niveau du Cameroun je cherche des liens avec la Guinée Equatoriale, avec la République centrafricaine, avec le Tchad, pour attirer l’attention des jeunes, de manière à ce que l’on soit regroupé en dynamique.

La chance qu’on a c’est que le directeur de la cinématographie du ministère de la culture du Cameroun, a compris le projet et compte inviter ces collègues de la sous-région et mettre la question sous la table en décembre prochain au festival. C’est une initiative que nous saluons, et restons derrière nos aînés qui sont à la base de la prise de décision sur le plan national, d’ouvrir encore le réseau au niveau de la jeunesse. Car le futur appartient à cette jeunesse. Si eux ne mettent pas d’énergie, on aura perdu beaucoup de choses.

GABONEWS: – Depuis quelques années, les observateurs se font l’écho de l’essor du documentaire africain. Comment expliquer ce regain d’intérêt du continent pour ce genre cinématographique, et quel pourrait être son apport dans le développement du secteur sur le plan local ?

SIMON-PIERRE BELL: – Ce que je dirai, c’est que nous africains, sommes conscients que sur le plan technique, nous ne sommes pas productifs. Nous prenons les outils qui viennent des autres continents. En fiction, les occidentaux ont tout exploré. Nous, ne faisons que copier. La force que nous avons avec le documentaire, c’est que c’est le réel. Et ce réel nous l’avons dans les tripes ? Eux ne peuvent pas venir faire des films d’immersion avec un regard endogène. Il y aura toujours quelque chose en moins dans les films faits par les occidentaux en Afrique.

C’est là où la question se pose. Est-ce que eux qui viennent de l’extérieur peuvent faire les mêmes films que les africains? Je dis non. L’Africain apportera toujours quelque chose susceptible de faire rêver les occidentaux. C’est le seul moyen pour nous d’imposer nos images, car il y a toujours quelque chose à découvrir. Le documentaire est le seul cinéma africain qui puisse rendre l’Afrique autonome.

GABONEWS: – Je vous remercie.

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