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Gabon : Luttes intestines et stratagèmes au sein du PDG

Les élections législatives annoncées cette année, ne mettront pas seulement en opposition diverses formations politiques. Elles seront également le lieu d’un étripage sanglant entres les membres du Parti démocratique gabonais (PDG) qui s’emploient déjà à élaborer de perfides combinaisons et coups bas, dirigés, non pas contre l’opposition, mais contre eux-mêmes. Petit tour d’horizon des exclusions et traquenards qu’esquissent les militants et hiérarques du PDG dans certaines provinces.

L’ex-Union nationale (UN) évoluant dans la semi-clandestinité et l’Union du peuple gabonais (UPG) étant devenue un quasi allié, le Parti démocratique gabonais (PDG) n’a littéralement plus d’adversaires. Ce simili monopole politique semble donner le tournis à l’ex-parti unique qui affiche des comportements digne du temps béni où elle n’avait pas à craindre le transfert de son personnel ou de son électorat vers d’autres partis politiques. En effet, lorsque le PDG ne procède pas à des exclusions sur la base du soupçon d’ «anti-émergence» ou d’accointance avec l’opposition, ses membres se livrent à de perfides stratagèmes pour écarter certains de la compétition électorale des législatives de cette année. Une attitude qui ferait le lit des adversaires de ce parti dans bien de circonscriptions électorales. Ceux qui posent des chausse-trapes aux autres n’étant pas forcément les candidats les plus sûrs.

Exclusions en cascade

Au titre des exclusions, on note que Dieudonné Engwang Békalé et Jean Jacques Moulengui, respectivement 1er et 2e adjoint au maire de la ville de Ntoum (à 40 km de Libreville), ainsi que Joseph Marie Ndong Aboghé (sénateur suppléant), Sévérin Elo Mébalé (conseiller municipal) et Delphine Ntsame Ondo (conseiller municipal), tous du PDG, en ont été exclus le 12 mars dernier.

Il leur est reproché d’afficher des comportements de dissidents envers le PDG et surtout d’être les hommes-lige de Casimir Oyé Mba, ancien Premier ministre passé à l’opposition et devenu vice-président de l’Union natio¬nale (UN). Conformément à la loi, cette éviction devrait entraîner la perte par les intéressés de leur mandat de conseillers municipaux. Voulant conserver leurs mandats d’élus municipaux, les 1er et 2e adjoints au maire de Ntoum ont saisi à cet effet la haute hiérarchie du PDG, en vain. La procédure devenue irréversible, leurs espoirs et regards ne sont désormais rivés que sur la Cour constitutionnelle.

Le cas des députés Paulette Oyane Ondo et Christophe Owono Nguéma, qui ne participent plus aux activités du PDG depuis le 17 mars dernier, est notoire. Il leur est reproché, lors l’examen du projet de révision de la Constitution approuvé en janvier 2011, d’avoir évoqué la question du retour au scrutin à deux tours, ardemment souhaitée par l’opposition. Ce qui, pour le groupe parlementaire PDG, est «un acte de trahison visant à affaiblir l’exécutif et à saboter la politique de l’émergence initiée par le gouvernement». Les «suspendus» conservent leur siège électoral respectif, mais rien n’indique qu’ils seront réinvestis par le PDG aux prochaines législatives.

Luttes intestines

Lorsqu’ils n’obtiennent pas l’exclusion des «camarades», les hiérarques et membres du PDG passent le temps à se mettre des bâtons dans les roues dans la perspective des mêmes législatives annoncées pour cette année.

Ainsi, la bataille de Koula-Moutou est déjà enclenchée, sous le regard impassible du titulaire actuel de ce siège. Pour le moment, le champ d’action est la presse locale dans laquelle on observe un lynchage de l’actuel président de l’Assemblée nationale, Guy Nzouba Ndama. Voulant élargir sa légitimité populaire, l’élu du canton Lolo-Wagna viserait le chef-lieu de la province de l’Ogooué-Lolo. Ce qui, pour s’en tenir aux affirmations de nombreux journaux locaux, n’est pas du goût du gotha Nzébi, ethnie autochtone de la capitale provinciale, et surtout pas de Blaise Louembé, ministre de l’Habitat, qui viserait le même siège.

Dans la province de l’Estuaire, la plus grande du pays pour le nombre de siège, d’électeurs et d’enjeux, les couteaux ont également été sortis de leurs gaines. Dans le 5è arrondissement de Libreville, par exemple, Jean-François Ntoutoume Emane, maire de la capitale du Gabon, considéré comme le  »doyen politique » de l’arrondissement, vient d’adouber un de ses poulains, Guy-François Mounguengui Koumba, qui a marqué un certain intérêt pour le premier siège de cette circonscription. En revanche, sur le 2è siège, après avoir un moment songé à y lancer son fils adoptif, Simon Atangana Ntoutoume Emane, l’ancien Premier ministre hésiterait entre son épouse, Yolande Abessolo, et un de ses autres fils. Une affaire de famille qui ne sera certainement du goût des autres membres du PDG qui visent ces deux sièges.

Dans la même province, les traquenards vont également bon train pour faire passer à la moulinette Paulin Obame Nguéma (ancien Premier ministre), Jacques Adiahénot (ancien secrétaire général du PDG et ancien ministre) ainsi qu’André Dieudonné Berre (ancien ministre et ancien maire de Libreville). Dans le 4è arrondissement de Libreville, au quartier Glass notamment, la nomination de Jules Marius Ogouébandja à la tête du Haut commissariat du COCAN provoque des remous. Ce dernier affûte donc ses armes afin de mettre définitivement hors-jeu Jacques Adiahénot, soupçonné d’intelligence avec l’UN.

Au 1er siège du 2ème arrondissement de Libreville, plus précisément au quartier Nkembo, Aurélien Ntoutoume (ministre des Relations avec le parlement) est déjà à couteaux tirés avec Léandre Nzué (4e maire adjoint de Libreville).

Dans la province du Moyen-Ogooué, les antagonismes sont clairs. A Ndjolé, dans le canton Ebel Abanga, la bataille devrait être âpre entre le ministre de la Communication, Paul Ndong Nguema, titulaire du siège, et un candidat de l’UDIS, le journaliste David Mbeng Ekekang qui ne fait plus mystère de vouloir en découdre. A Lambaréné, chef-lieu de la province, les héritiers de feu Georges Rawiri, premier président du Sénat, affrontent le député de la commune, Richard Auguste Onouviet (ancien ministre du Pétrole) qui n’entend pas se laisser faire même si ses adversaires ont dernièrement fait de son ex-directeur de cabinet un ministre (de la Justice).

Dans le Woleu-Ntem, Fabien Owono Essono (ancien ministre) est en embuscade alors que François Engongah Owono (ancien ministre et ex-secrétaire général de la Présidence de la République) et Daniel Ona Ondo (actuel vice-président de l’Assemblée nationale) sont en guerre pour le leadership d’une province où, à Bitam, Charles Mvé Ella (secrétaire général adjoint du PDG) et Mme Medzobui n’entendent pas se faire de cadeaux.

Ainsi, l’unité affichée par les membres du PDG ne serait qu’une façade en carton-pâte qui pourrait s’effriter et s’écrouler du fait des intérêts égoïstes des uns et des autres. Le plus ancien parti politique du pays parviendra-t-il à estomper ces ambitions éparses et faire triompher ses intérêts supérieurs, consistant notamment à conserver sa majorité au Parlement ? On ose le croire. Car, ainsi que l’a précisé Nzouba Ndama, le 17 mars dernier, dans une interview au quotidien « L’union » : «Le secrétaire général du PDG, lors des journées parlementaires du parti à Tchibanga, a souligné avec force que les futurs candidats aux législatives seront choisis par la base.» Au quel cas, tous les subterfuges entrepris ne seraient que des coups d’épée dans l’eau.

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