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Libye: la coalition n’exclut pas l’envoi de commandos

Par Alain Barluet

La stagnation des offensives rebelles et les résultats mitigés des frappes aériennes ont relancé, dans le camp allié, la réflexion sur l’assistance militaire à la rébellion.

Des troupes au sol en Libye pour aider l’insurrection? Le pas a été franchi, pour la première fois lundi, par le député (UMP) Axel Poniatowski. Évoquant les perspectives d’un enlisement qu’il juge néanmoins «évitable», le président de la commission des affaires étrangères préconise «que l’Otan envoie au sol non pas des troupes combattantes, mais des forces spéciales dont la seule mission est d’identifier les coordonnées des objectifs». Selon M. Poniatowski, cette initiative ne contreviendrait pas à la résolution 1973 de l’ONU autorisant «toutes les mesures nécessaires» pour protéger les populations civiles. «Il ne s’agirait aucunement de troupes d’occupation, ce qu’exclut la résolution, mais de 200 à 300 hommes des forces spéciales servant d’appui au sol pour guider les bombardements», explique Axel Poniatowski. Selon lui, «cela permettrait de rendre l’intervention de la coalition plus efficace et d’éviter les bavures qui risquent de se multiplier».

La stagnation des offensives rebelles et les résultats mitigés des frappes aériennes ont relancé, dans le camp allié, la réflexion sur l’assistance militaire à la rébellion, et notamment l’envoi de commandos, dont certains seraient déjà sur place. Selon la presse britannique, des membres des forces spéciales de Sa Majesté présentes sur le terrain pourraient être sollicités pour entraîner les rebelles peu aguerris. Le premier ministre David Cameron a confirmé ce week-end qu’il réfléchissait au moyen d’aider davantage l’insurrection. Interrogé sur la possibilité d’envoyer des troupes au sol, le chef du gouvernement s’est contenté de répondre que «nous n’allons pas envahir la Libye, nous n’allons pas l’occuper», sans se prononcer sur une intervention terrestre ponctuelle. Son chef de la diplomatie, William Hague, avait également suggéré, la semaine dernière, la possibilité de fournir des armes aux rebelles. Un débat récurrent ces jours derniers lors des tractations diplomatiques autour de la Libye, à Luxembourg, Doha et Berlin.

Les regards se tournent vers le Qatar
Le «groupe de contact» réuni mercredi dernier au Qatar n’avait pas retenu cette éventualité dans la panoplie d’aides, politique, humanitaire et financière, à la rébellion, outre la poursuite des frappes aériennes. La déclaration finale a toutefois retenu «la poursuite du soutien matériel à l’opposition en conformité avec les résolutions 1970 et 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies». Les Britan­niques fournissent déjà des «armes non létales», en l’occurrence des gilets pare-balles et du matériel de communication. Côté français, on estime que les résolutions n’empêcheraient pas d’envoyer des armes à la rébellion. «Nous ne souhaitons pas le faire, d’autres le peuvent», souligne une source au Quai d’Orsay. Tous les regards se tournent vers le Qatar, très motivé par l’intervention, et qui aurait déjà fourni des missiles antichars Milan à l’insurrection. Doha aurait en outre dépêché des instructeurs. À Paris, on souligne qu’envoyer des armes sophistiquées à la rébellion se heurterait au manque de formation des combattants. La crainte de voir ces matériels tomber dans les mains d’al-Qaida reste un obstacle majeur. Les lignes pourraient néanmoins bouger si les défenseurs de Benghazi se retrouvaient un jour dos au mur.

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