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Ibrahim Coulibaly, la fin violente du chef du « commando invisible » en Côte d’Ivoire

« IB », commandant la milice qui contrôlait le quartier d’Abobo, à Abidjan, a été tué mercredi 27 avril au soir, dans le cadre d’une opération de pacification conduite par les FRCI, dont il avait été à l’origine.

Les Ivoiriens sont partagés : certains sont attristés par la fin de ce héros de la lutte contre l’ancien président Laurent Gbagbo, d’autres y voient un signe positif pour le retour de la paix.

« Finalement, Ibrahim Coulibaly est mort. Il n’a pas été arrêté comme nous l’avions appris tout à l’heure. IB avait réussi à prendre une famille en otage. Les FRCI l’encerclaient. Il leur a tiré dessus. Elles ont riposté… C’est une triste nouvelle. L’affrontement a tué deux de nos soldats et sept hommes du commando invisible », confie, meurtrie, Anne Ouloto, la porte-parole du président Alassane Ouattara.

Il est 22h45, mercredi 27 avril, à Abidjan. Personne dans la rue. La plupart des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) sont encore mobilisées du côté d’Abobo, le quartier dans lequel, le matin, elles ont conduit une opération de « sécurisation et de pacification ».

Comprenez : faire la chasse au « commando invisible », cette milice pro-Ouattara commandée par Ibrahim Coulibaly, « IB », qui, semble-t-il, refusait, malgré sa déclaration de mardi 19 avril, de déposer les armes. Comprenez encore : neutraliser l’enfant terrible de l’ex-rébellion, l’un des hommes les plus sulfureux de l’entourage d’Alassane Ouattara.

Un bras de fer meurtrier avec Guillaume Soro

Né en 1964, militaire de profession, l’ex-sergent chef est entré dans la rébellion armée en 1999. Dès lors, on le retrouve dans tous les coups d’État et toutes les grandes convulsions meurtrières qui ont ensanglanté la Côte d’Ivoire depuis une dizaine d’années.

C’est après avoir essayé de renverser Laurent Gbagbo, en janvier 2001, qu’il se réfugie au Burkina Faso où il crée le premier noyau de ce qui allait bientôt devenir la rébellion des Forces nouvelles (FN), devenues ces dernières semaines les FRCI.

Ibrahim Coulibaly est de ceux qui vont planifier et lancer l’offensive des FN contre Laurent Gbagbo en septembre 2001. Une guerre qui aboutit en quelques semaines à la partition effective de la Côte d’Ivoire en deux zones : le nord, contrôlé de fait par les FN, et le sud laissé à Laurent Gbagbo.

L’année suivante, une guerre des chefs l’oppose à Guillaume Soro, alors porte-parole des FN. Ce bras de fer meurtrier tourne à l’avantage de ce dernier, obligeant Coulibaly à se réfugier à l’étranger. Une querelle qui n’a jamais été vidée et qui a trouvé, mercredi 27 avril au soir, son dernier et définitif rebondissement.

« IB s’est entêté, il n’a pas su s’arrêter »

La nouvelle donnée par Anne Ouloto est confirmée au même moment sur les ondes de Radio Côte d’Ivoire. Le capitaine Léon Alla Kouakou, porte-parole du premier ministre et ministre de la défense Guillaume Soro, annonce publiquement la mort et les circonstances de son décès.

Les Ivoiriens qui ne sont pas encore endormis sont saisis par la nouvelle. Nombreux appellent la radio pour donner leur sentiment : certains sont tristes par la fin de celui qu’ils considèrent comme un héros de la lutte contre l’ancien président Laurent Gbagbo, d’autres y voient un signe positif pour le retour de la paix.

« IB s’est entêté, il n’a pas su s’arrêter », lance Mauri en apprenant la nouvelle à la radio. « C’est une manière de se suicider », dit un autre, croisé dans la rue. Un suicide ? Peut-être, d’autant qu’IB n’était pas connu pour être une personnalité très équilibrée : « il était devenu complètement incontrôlable et ingérable », assure-t-on du côté de l’hôtel du Golf. D’autres pensent qu’il a été purement et simplement exécuté.

Il est vrai que, compte tenu du contentieux qui opposait Ibrahim Coulibaly et Guillaume Soro, la nouvelle de sa mort n’a pas dû beaucoup attrister le ministre de la défense. Quoi qu’il en soit, la sécurité du quartier d’Abobo est désormais assurée par les seules forces officielles d’Alassan Ouattara. Une victoire supplémentaire pour le nouveau président de la Côte d’Ivoire.

LAURENT LARCHER, à Abidjan

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