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La Russie lâche Kadhafi

DEAUVILLE – Soumise à une forte pression au Sommet du G8 de Deauville, notamment de Washington, Paris et Londres, la Russie s’est résolue vendredi à réclamer le départ de Mouammar Kadhafi, en se posant en médiateur dans une guerre menacée d’enlisement.

«La communauté mondiale ne le voit plus comme le leader libyen», a déclaré le président russe Dmitri Medvedev lors d’une conférence de presse à l’issue du sommet. «Oui, nous sommes prêts à l’admettre… il doit partir», avait dit plus tôt le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov.

Traditionnellement opposée à toute ingérence, la Russie, proche alliée de la Libye, a levé ses réticences à réclamer ouvertement le départ d’un chef d’État en fonctions. La déclaration du Sommet du G8 reflète ce changement spectaculaire de posture en affirmant que Mouammar Kadhafi «n’a pas d’avenir dans une Libye libre et démocratique» et qu’«il doit partir».

«Bien entendu, nous avons besoin de l’aider à partir», a déclaré Sergueï Riabkov. «Notre mission est de trouver une formule acceptable par l’ensemble des parties pour obtenir un cessez-le-feu immédiat qui conduise à la fin des opérations militaires de la coalition», a-t-il précisé.

Médiation

La Russie a aussi offert à ses alliés du G8 de jouer les médiateurs pour hâter la fin du conflit entre l’Occident et le colonel Kadhafi.

«J’ai offert notre médiation à nos partenaires», a indiqué Dmitri Medvedev. «Tout le monde pense que ça sera utile», a-t-il ajouté, en annonçant l’envoi imminent à Benghazi, fief des rebelles libyens, d’un émissaire, le haut représentant russe pour l’Afrique Mikhaïl Marguelov.

Engagées depuis le 19 mars dans une guerre qui ne devait à l’origine durer que quelques semaines, la France et la Grande-Bretagne, soutenues par les États-Unis, viennent de décider d’engager des hélicoptères dans les combats afin, espèrent-elles, de hâter la chute du régime du colonel Kadhafi.

Les Occidentaux ont «besoin de l’aide» du président Medvedev sur la Libye, a noté M. Sarkozy, sans confirmer vouloir attribuer un rôle de médiateur à Moscou.

«Il n’y a pas de médiation possible avec M. Kadhafi. Les soldats doivent rentrer dans les casernes et M. Kadhafi doit partir. On peut discuter des modalités du départ», a précisé le président français, une position reprise par le premier ministre britannique David Cameron.

La Russie s’était abstenue lors du vote à l’ONU de la résolution 1973 autorisant des frappes internationales contre Tripoli et refusait jusqu’à présent de soutenir les appels des États-Unis et de la France au départ du colonel Kadhafi.

Selon un diplomate européen s’exprimant sous anonymat, le revirement russe sur la Libye s’explique par le fait que les dirigeants russes sont «énervés», car ils «ont l’impression d’être tenus à l’écart des questions internationales, que ce soit sur la Libye ou le processus de paix au Proche-Orient».

Ferme face à la Syrie

Si les Russes ont lâché du lest sur la Libye, ils sont en revanche restés fermes afin d’éviter un traitement similaire à la Syrie, autre proche allié, et à son président Bachar al-Assad, sanctionné récemment par les États-Unis et l’Union européenne.

«La situation syrienne est radicalement différente de la situation en Libye», a estimé Sergueï Riabkov, en indiquant que Moscou mettait de côté un projet de résolution européen à l’ONU condamnant Damas sans même l’étudier.

La perspective d’une action à l’ONU si la répression syrienne se poursuit a été gommée d’un projet de texte qui circulait au début du sommet de Deauville.

Dans leur déclaration finale, les dirigeants du G8 (États-Unis, Russie, Canada, Japon, France, Grande-Bretagne, Allemagne et Italie) se limitent à menacer la Syrie de «nouvelles mesures» si la répression continue.

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