Progresser vers une plus grande autosuffisance alimentaire et réduire la dépendance aux importations est devenu une priorité absolue pour le gouvernement gabonais dans le cadre de son plan de diversification économique à long terme, Le Gabon émergent.
Le pays revoit actuellement ses politiques agricoles afin de dynamiser la production nationale et accroître les investissements étrangers ; dans cette optique, le gouvernement a annoncé en février la création de l’Agence gabonaise de sécurité alimentaire (AGASA).
L’AGASA, qui a pour vocation d’accroître la production locale et d’améliorer les normes sanitaires, a été chargée d’élaborer un plan d’urgence axé sur la sécurité alimentaire afin de limiter les importations nationales d’au minimum 5 % par an, notamment les importations de denrées alimentaires de base, telles que les céréales et le riz, ainsi que les importations de viande et de légumes.
Malgré l’abondance de terres fertiles et le succès modeste des cultures marchandes, telles que le cacao, le café, le caoutchouc et l’huile de palme, plus de 85 % des besoins alimentaires du Gabon sont satisfaits par les importations, dont le coût atteint chaque année plus de 250 milliards de francs CFA (381,12 millions d’euros).
Au mois de février, le ministre de l’Agriculture, Raymond Ndong Sima, s’est rendu dans les neuf provinces du pays en prévision du lancement d’un autre programme, le Programme agricole de sécurité alimentaire et de croissance (PASAC). Mené sous l’égide du ministère de l’Agriculture, ce programme englobe un certain nombre d’initiatives de petite envergure, ayant toutes pour objectif de créer un secteur agricole compétitif en développant la production locale, en augmentant les exportations, en améliorant l’accès aux financements et en mettant l’accent sur les zones rurales sous-développées. Par ailleurs, le ministère de l’Agriculture destine 34 milliards de francs CFA (51,8 millions d’euros) au financement des investissements agricoles et agro-industriels, et a également mis en place un fonds de garantie agricole de 900 millions de francs CFA (1,4 million d’euros).
Ces diverses initiatives sont le résultat des fluctuations des prix alimentaires sur le marché international, qui ont incité le Gabon à limiter son exposition à la volatilité des prix tout en maximisant les effets multiplicateurs de la production locale. Si le secteur agricole emploie actuellement 35 % environ de la population gabonaise, il ne représente que 5 % du PIB.
Dans le cadre du Gabon vert, l’un des piliers de la stratégie de diversification Le Gabon émergent, le gouvernement a pour objectif d’augmenter d’au moins 20 % la part du secteur agricole dans le PIB, et d’intensifier la production issue des 15 millions d’hectares de terres cultivables que compte le pays. L’une des priorités du gouvernement a été de favoriser les investissements institutionnels privés dans un secteur jusque-là particulièrement fragmenté, même si l’attention reste tournée sur les cultures marchandes.
En octobre 2010, par exemple, Olam, une société multinationale basée à Singapour, a signé un contrat chiffré à 394 milliards de francs CFA (600,6 millions d’euros) avec le gouvernement gabonais concernant le développement de vastes plantations d’huile de palme. La phase initiale du projet portera sur 50 000 hectares de palmeraies. La superficie totale des terres couvertes par le contrat pourrait atteindre 300 000 hectares. La plantation devrait débuter en 2012.
Olam n’est pas la seule société désireuse de renforcer sa présence dans le secteur agricole gabonais. À titre d’exemple, la Société d’investissement pour l’agriculture tropicale (SIAT), implantée en Belgique et présente au Gabon depuis 2004, affiche des rendements de caoutchouc parmi les plus élevés au monde (2.2 tonnes par hectare) dans ses plantations gabonaises. Plus récemment, au mois de mars, le groupe israélien LR a signé avec le gouvernement un accord chiffré à 9,5 milliards de francs CFA (14,5 millions d’euros) portant sur la création de six exploitations agropastorales.
Le gouvernement s’est non seulement donné pour priorité d’accroître le capital et la compétitivité du secteur, mais s’efforce également, dans le même temps, de promouvoir le développement des régions rurales. En 2008, le Gabon a initié le projet de développement agricole et rural (PDAR) afin de faire reculer la pauvreté dans les zones rurales grâce à une diversification des sources de revenus et une amélioration du niveau de vie.
Le gouvernement a annoncé que 160 villages représentant quelque 33 % de la population rurale de la province de Woleu-Ntem, située dans le nord du pays, bénéficieraient d’une aide dans le cadre du PDAR. En 2009, la ville d’Oyem a bénéficié à elle seule d’une aide de 768 millions de francs CFA (1,17 million d’euros). En février, le gouvernement a déclaré que 34 nouveaux projets menés dans la province seraient financés dans le cadre du PDAR, avec l’aide du Fonds international pour le développement agricole (FIDA).
Si les importations de denrées alimentaires resteront probablement, dans un futur proche, un poste de dépenses important pour le pays, les efforts déployés récemment pour stimuler la productivité et la compétitivité du secteur devraient toutefois générer à terme des résultats positifs.
Source et Auteur : Oxford Business Group