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Gabon : La société civile dénonce un «fonctionnement anti-démocratique» du CNC

Six organisations de la société civile gabonaise viennent de réagir à la décision, prise le 9 juin par le Conseil National de la Communication (CNC), de suspendre pendant un mois l’hebdomadaire « Echos du Nord ». Dans son communiqué daté du 14 juin et publié ci-après in extenso, la société civile dénonce une «décision inique et liberticide» du CNC, qu’elle considère désormais comme l’«ennemi numéro un de la liberté d’expression et de pluralité au Gabon».

Communiqué de presse contre les atteintes à la liberté de la presse au Gabon et les exactions contre les journalistes

La lettre ouverte publiée par la Société Civile à l’occasion de la visite du Président du Gabon Ali BONGO ONDIMBA à la Maison Blanche aux Etats-Unis a mis en lumière les violations des libertés fondamentales au Gabon par les pouvoirs publics. Le Gabon vient à nouveau de s’illustrer dans ce registre par des faits inadmissibles dans une démocratie.

En effet, le kidnapping dont a été victime le Directeur de publication de l’hebdomadaire «ECHOS DU NORD» par les éléments de la Police Judiciaire est un acte inconcevable dans une République. Malheureusement au Gabon, il traduit la conception de la gestion de la cité par la puissance publique qui considère qu’entraver la liberté d’expression fait partie de ses prérogatives.

Pourtant, cette visite aux Etats-Unis d’Amérique du Président gabonais vient de mettre en lumière aux yeux du monde entier, la mauvaise gouvernance et les pratiques illicites de son gouvernement.

Pour n’importe quel gouvernement, le camouflet que vient de subir Ali BONGO, du fait que Barack OBAMA qui est son cadet d’au moins deux degrés soit obligé de lui rappeler de faire du bien à son propre peuple, aurait dû faire réfléchir les dirigeants gabonais et l’amener à adopter les bonnes pratiques de gouvernance.

Au lieu de cela, le Conseil National de la Communication (CNC) ne trouve pas mieux que de persévérer dans les mauvaises pratiques des institutions républicaines portant ainsi atteinte à la liberté de la presse dans sa décision inique de suspendre pendant un mois le journal «ECHOS DU NORD» et «LA NATION».

D’ailleurs le corpus de cette décision annoncé à la télévision dans la nuit du vendredi 9 juin 2011 n’a toujours pas été notifié aux intéressés.

Cela démontre à quel point le CNC ne respecte même pas les règles les plus élémentaires d’un Etat de droit qui impose de préalablement notifier à l’intéressé la décision prise à son encontre avant de l’annoncer à la terre entière. Or, en droit, tant qu’une décision ne vous est pas notifiée, elle ne vous est pas opposable. Mais nous constatons que Monsieur Jean OVONO ESSONO, dans son rôle de bras armé du système répressif de la presse libre au Gabon ne le sait même pas.

La décision inique et liberticide que vient de prendre le CNC pose une fois encore le problème de la capacité des Institutions de la Républiques à se défaire de la tutelle de l’oligarchie politique au pouvoir, de la mainmise du Gouvernement sur les autres Institutions. Cela révèle tout simplement que le fonctionnement des Institutions au Gabon n’est pas démocratique. Il est au service d’une caste qui se sert des Institutions pour maintenir ses privilèges.

Le journal français Marianne avait publié il y a quelques mois un gros titre rédigé ainsi : SARKOZY PRESIDENT VOYOU. Le CSA ne s’en est pas émut outre mesure, tout simplement parce que la liberté de la presse est partie intégrante du fonctionnement de la démocratie.

Compte tenu de ce qui précède, la Société Civile prend à témoins l’opinion nationale et internationale sur les dérives du CNC et le caractère partisan, répressif et anti-démocratique de cette institution qui devient de facto, un organisme spécialisé du PDG, parti au pouvoir.
Pour la société civile, la liberté de la presse est une liberté fondamentale, et donc inaliénable qui participe de l’expression démocratique.

Parce que la défense des libertés fondamentales n’a pas de prix, la société civile s’engage résolument à défendre la presse libre, à saisir les tribunaux aussi bien nationaux que ceux de compétence universelle le moment venu contre toute autorité qui porte atteinte à la liberté de la presse au Gabon.

Désormais, la société civile considère la CNC comme l’ennemi numéro un de la liberté d’expression et de pluralité au Gabon.

Les gabonais ont plus que jamais besoin d’une bonne information, si différente de la propagande abrutissante des médias de l’Etat soutenus par le CNC.

C’est pourquoi, les organisations de la société civile exigent la levée immédiate et sans conditions des sanctions contre ECHOS DU NORD et les autres organes de presse privées et l’arrêt des intimidations contre la presse libre. Au Gabon, la liberté de la presse doit désormais être totale. Les oligarques ou toutes autres personnes peuvent saisir les tribunaux compétents s’ils ont la conviction d’avoir été diffamés et accusés à tort dans la presse. Tel doit être le fonctionnement normal d’une société démocratique.

Les organisations de la société civile réaffirment leur soutien sans réserve à la liberté de la presse et à l’ensemble des journalistes privés ou publics qui concourent réellement à l’expression démocratique au Gabon. Ce combat fait dorénavant partie de ses priorités.

Au regard du fonctionnement anti démocratique du CNC, les organisations signataires du présent communiqué exige la révision du code de la communication et du mode de désignation des membres de cette institution par des élections et non par simple nomination des hommes politiques au service d’un système corrompu.

Fait Libreville, le mardi, 14 juin 2011

Pour la Société Civile Gabonaise :

-Marc ONA ESSANGUI, Secretaire Exécutif de Brainforest, Coordonnateur de la coalition Internationale Publiez ce que vous Payez, Prix GOLDMAN

– Georges MPAGA, Président du Conseil d’Administration du Réseau des Organisations Libres de la Société Civile pour la Bonne Gouvernance au Gabon ( ROLBG)

-Alain MOUPOPA, Président d’Afrique Horizons, ONG de défense des Droits de l’Homme

-Dieudonné MINLAMA MINTOGO, Président de l’Observatoire National de la Démocratie (OND)

-Joël célestin MAMBOUNDOU, Président de l’ONG Gouvernance Démocratie et Santé Environnementales (GODESE) et Coordonnateur du Réseau TAI

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