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Les malades mentaux : entre exclusion et intégration (Par N-F. MIBOUI)

Il est 11H00. C’est le calme plat dans un des deux pavillons de l’hôpital psychiatrique de Melen (11 km de Libreville) aux murs défraichis. La quiétude des lieux n’est perturbée que par les va-et-vient des infirmières dans les salles pour administrer les soins aux malades.

Certains malades sont assistés par leurs parents, mais la grande majorité a été abandonnée par parents, amis et connaissances et n’a pour seul soutien que le personnel soignant de la structure.

‘’Depuis que je suis internée dans cet hôpital, je n’ai plus de nouvelles de ma famille, à l’exception d’une de mes aînées qui se limite à venir me saluer au moment de payer les frais hospitaliers’’, s’est plaint Romaine Nse Ovono, une malade mentale internée depuis plusieurs années et qui semble avoir retrouvé toutes ses facultés.

‘’Ma sœur ne veut pas que je vienne vivre avec elle. Car, selon elle, je risque de rechuter et cela pourrait mettre à mal son ménage ’’, a déploré, Mme Nse Ovono, dont la santé s’est beaucoup améliorée.

Dans une autre salle, Germaine, la cinquantaine, couve d’un regard attendri son fils qui souffre d’une dépression provoquée par une consommation abusive du chanvre indien et d’alcool. Depuis que son fils est interné, Germaine passe rarement une journée sans venir lui rendre visite.

‘’Un parent qui abandonne son enfant au moment où il a le plus besoin de lui, est à condamner’’, lance-t-elle. ‘’Mon fils est interné dans cet hôpital depuis plusieurs jours et il ne s’est pas passé un seul jour sans que je vienne lui rendre visite. Malgré tout, il reste mon enfant’’, a-t-elle déclaré.

Comme Germaine, Mme Adeline Imbessé, se rend tous les jours à l’hôpital psychiatrique pour soutenir son enfant atteint d’une maladie mentale. ‘’Ce n’est pas une honte d’avoir un enfant malade, mais c’est le repousser qui est plutôt plus honteux’’, soupire-t-elle.

‘’Un parent qui a honte de son enfant parce qu’il se retrouve dans des situations fâcheuses, c’est qu’il ne l’aime pas vraiment’’, affirme-t-elle.

‘’Cela ne saurait se justifier pas pour une mère qui a porté cet enfant dans son sein pendant neuf mois’’, a poursuivi Imbessé. ‘’En tant que mère, il faut montrer le bon exemple au reste de la famille, car personne ne peux le faire plus que toi’’, a-t-elle ajouté.

Le cœur plein d’amertume, Viviane Medzo, une autre pensionnaire de l’hôpital de Melen fustige le comportement de ses proches qui ont arrêté de la fréquenter depuis qu’elle est malade, ce qui n’était pas le cas quand elle était en bonne santé.

‘’C’est dans les moments pénibles que nous reconnaissons nos vrais amis’’, soupire-t-elle. ‘’Tout le monde m’a fui quand je suis tombée malade’’, affirme-t-elle.

‘’La seule assistance que je reçois vient de mon frère’’, a indiqué Medzo, qui n’en veut cependant pas aux siens et continue de les aimer, même s’ils l’ont abandonnée. ‘’Je ne suis pas habilitée à les juger’’, explique-t-elle. Ainsi va la vie des malades à l’hôpital psychiatrique de Melen, le plus important du pays.

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