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Le nouvel état-major libyen sous tension

La cooptation du général Khalifa Haftar, ancien exilé aux États-Unis, au poste de chef d’état-major de l’armée libyenne a ravivé la tension entre l’armée régulière et les divers groupes armés islamistes issus de la guerre contre Kadhafi. «Le chef d’état-major doit être un des révolutionnaires qui ont combattu sur le champ de bataille» a déclaré Abdallah Naker, qui se présente comme le «chef du conseil des révolutionnaires de Tripoli». Ses hommes ont fait une démonstration de force, défilant hier dans les rues de la capitale libyenne.

À leur suite, le chef du «conseil militaire de Tripoli» Abdelhakim Belhaj, réclame «des postes précis» dans le prochain de gouvernement de transition, qui doit être nommé demain en même temps que la direction de l’armée nationale. Le ministère de la Défense pourrait en faire partie. Trois mois après la chute de Tripoli, les nouveaux dirigeants n’ont toujours pas réussi à unifier les dizaines de groupes armés qui refusent de se placer sous le commandement de l’armée régulière. Jeudi, 150 officiers de haut rang réunis à Benghazi, à l’est, ont tenté de reprendre l’initiative en «élisant» le général Haftar.

Son profil a tout pour déplaire aux islamistes. Depuis vingt ans, Khalifa Haftar vivait à… Langley, Virginia, près du siège de la CIA. Pas par hasard. Cet ex-général de l’armée de Kadhafi, fait prisonnier en 1987 par les Tchadiens au cours de la bataille de Ouadi-Doum, puis «retourné» par les États-Unis, fut dans les années 1980 le chef de la «Force Haftar» basée au Tchad. Constitué des quelque 2 000 Libyens capturés avec leur chef, ce groupe équipé par Washington était destiné à envahir la Libye pour renverser Kadhafi.

La «Force Haftar» exfiltrée

Mais la Force Haftar dut être exfiltrée en urgence en 1990, à l’arrivée au pouvoir à N’Djamena d’Idriss Déby. Le nouvel homme fort tchadien était soumis à de fortes pressions de Kadhafi pour livrer le général renégat. Les États-Unis organisèrent un pont aérien, avec escales au Nigeria et au Zaïre. Le retour de Khalifa Haftar en Libye, courant mars, ne manqua pas de susciter les commentaires. Considéré comme «l’homme des Américains», on ne lui prédisait pas un grand avenir. Il a officiellement rejoint le général Younès, assassiné depuis lors, à la tête des forces rebelles.

En le nommant unilatéralement, les généraux défient les islamistes. Haftar réussira-t-il à intégrer les révolutionnaires ? Ces derniers seront-ils versés dans un corps spécial, semblable aux Gardiens de la révolution en Iran ? Toutes les options restent ouvertes, estime Patrick Haimzadeh, ancien diplomate français en poste à Tripoli. Derrière l’offensive des militaires se profilent d’autres rivalités : entre l’est et l’ouest de la Libye, mais aussi entre les États-Unis et le Qatar.

Washington verrait sans déplaisir une ancienne recrue de la CIA diriger l’armée libyenne, qui adopterait probablement des méthodes et du matériel américain, estime Haimzadeh. Sans parler de l’influence politique. Le Qatar, de l’autre côté, soutient des groupes «révolutionnaires» par affinité religieuse et dans le but d’étendre son rayonnement dans la région. Cette lutte pour le parrainage de la nouvelle Libye s’exprime désormais au grand jour.

Le prédécesseur de Khalifa Haftar, le général Souleimane Mahmoud, a dénoncé le rôle trouble du Qatar, qu’il accuse de soutenir les islamistes et de chercher à «acheter» les Libyens . Et le représentant libyen à l’ONU, Mohammed Abdel Rahman Shalgam, a accusé hier Doha «d’armer et de financer certains groupes» se mêlant ainsi de «questions qui ne le concernent pas».

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