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Un nouveau projet de résolution sur la Syrie au menu du Conseil

Au terme de nouvelles tractations entre leurs ambassadeurs, les quinze pays membres du Conseil de sécurité des Nations unies ont entre les mains une nouvelle version du projet de résolution sur la Syrie, ont indiqué des diplomates jeudi 2 février. Cette résolution « soutient la décision de la Ligue arabe du 22 janvier de faciliter une transition politique menant à un système politique démocratique et pluraliste », tout en faisant des concessions à la Russie dans l’espoir de lever son blocage.

Ainsi, les détails du processus de transition mentionnés dans le projet initial – notamment le transfert des pouvoirs du président Bachar Al-Assad à son vice-président – n’apparaissent plus. Le projet initial appelait effectivement à ce transfert des pouvoirs dans le cadre d’une transition démocratique aboutissant à des élections libres.

DERNIÈRES MISES AU POINT

Le texte faisait jeudi l’objet d’ultimes discussions entre les ambassadeurs des quinze pays membres afin de s’assurer le plus large consensus possible. A l’ouverture d’une nouvelle réunion à New York, l’ambiance était à l’optimisme. « Il y a un esprit consensuel, a estimé l’ambassadeur allemand, Peter Wittig. J’espère que cet esprit consensuel prévaudra mais je ne veux pas être trop optimiste, il faudra encore convaincre les capitales. » Il a expliqué que le texte contenait des concessions réciproques susceptibles de mener à « un accord global ».

« Je pense que nous sommes très proches » d’un consensus sur le texte de la résolution, a déclaré à la presse l’ambassadeur pakistanais, Abdullah Hussain Haroon. Son homologue américaine Susan Rice a tempéré cet optimisme : « C’est toujours une discussion difficile », a-t-elle dit. L’ambassadeur français, Gérard Araud, a « espéré » que ses homologues soient en mesure d’envoyer ce soir à leurs capitales respectives un texte de consensus, qui pourrait être soumis au vote « dès que possible […] dans les prochains jours ».

LE NOUVEAU TEXTE

Dans le texte actuellement en discussion, les décisions de la Ligue « ne sont pas explicitées dans le dernier texte, mais on comprend clairement à quoi elles se réfèrent », a fait valoir un diplomate occidental. « L’essentiel, a expliqué un autre diplomate, est que le Conseil de sécurité soutienne le plan de la Ligue arabe » et qu’il y ait une clause prévoyant que le Conseil refera un point de la situation dans les trois semaines suivant l’adoption d’une résolution. A l’égal de ses prédécesseurs, le nouveau texte « condamne la violence d’où qu’elle émane ».

Le texte abandonne aussi la référence aux sanctions économiques décidées par la Ligue arabe contre Damas en novembre 2011, ainsi qu’un paragraphe où le Conseil s’inquiétait des ventes d’armes à la Syrie, que Moscou souhaite poursuivre.

La Russie n’a pas encore réagi au nouveau texte, qui a été transmis aux capitales pour examen. « Nous ne savons pas ce que les Russes vont dire » aujourd’hui, quand les discussions entre ambassadeurs reprendront dans l’après-midi, a expliqué un diplomate. « La Russie ne veut pas une transition imposée », a souligné un diplomate. Il a expliqué qu’il s’agissait sur ce point essentiel de « trouver les mots », les Occidentaux voulant exprimer un soutien fort au plan de la Ligue tandis que Moscou s’efforce d’affaiblir le texte sur ce point.

Une réunion du Conseil de sécurité nationale russe doit se tenir vendredi à Moscou. Le sujet de la Syrie serait aussi discuté à la 48e Conférence sur la sécurité de Munich ce week-end. Plusieurs diplomates ont estimé qu’un vote sur une résolution ne devrait pas intervenir avant la semaine prochaine.

UNE OFFRE D’EXIL

Manifestation en faveur de Bachar Al-Assad, dans le centre de Damas, le 26 octobre. Depuis le début de l’insurrection en mars, le pouvoir syrien organise des contre-manifestations de soutien.REUTERS/KHALED AL-HARIRI

Les Etats-Unis, des gouvernements européens et des Etats arabes sont en contact sur un possible exil pour le président syrien, même s’il est difficile de penser que Bachar Al-Assad accepte leur offre, a-t-on appris mercredi de sources occidentales proches des discussions. Trois pays seraient disposés à accueillir M. Assad sur leur sol pour tenter de mettre un terme à la crise sanglante que traverse la Syrie depuis dix mois.

Selon deux sources, aucun Etat européen ne serait prêt à héberger le président syrien. Les Emirats arabes unis seraient en revanche ouverts à cette idée. A ce stade de la crise syrienne, aucun signe ne suggère que M. Assad serait prêt à quitter son pays. Le 10 janvier, il a réaffirmé qu’il ne démissionnerait pas et a promis de frapper « les terroristes d’une main de fer ». Son régime a rejeté l’appel que lui ont lancé les pays de la Ligue arabe, qui l’ont exhorté le 22 janvier à se démettre de ses fonctions et à transférer ses pouvoirs à un vice-président.

Depuis des semaines, la Maison Blanche affirme que les jours de Bachar Al-Assad sont comptés. Il n’est pas certain cependant que les discussions en cours visent à donner au président syrien une dernière chance de placer sa famille et lui-même à l’abri d’un destin identique à celui qu’a connu Mouammar Kadhafi, traqué et tué l’an dernier en Libye. L’initiative pourrait en revanche avoir pour objectif d’ouvrir un front au sein du premier cercle de personnalités entourant le président Assad.

« Nous entendons que certains pays ont proposé de l’accueillir s’il devait choisir de quitter la Syrie », a dit sous couvert de l’anonymat un haut responsable de l’administration Obama. Mais avant cela, il faudrait régler la question d’une forme d’immunité pour le président syrien, comme cela a été fait pour le président yéménite, Ali Abdallah Saleh, qui a quitté son pays. « Finalement, ces questions seront tranchées par le peuple syrien de concert avec les partenaires régionaux et internationaux », poursuit-il. Les différentes sources contactées soulignent que les discussions n’en sont qu’à un stade préliminaire et qu’aucun plan n’a encore été arrêté.

La Jordanie retire ses observateurs de la mission de la Ligue

La Jordanie a affirmé jeudi avoir retiré de Syrie ses 12 observateurs, sans préciser si elle les renverrait en cas de reprise de la mission de la Ligue arabe dans ce pays.

« A la suite de la décision de la Ligue arabe de suspendre sa mission d’observation en Syrie, la Jordanie a retiré les observateurs qu’elle avait mandatés en Syrie », a affirmé le porte-parole du ministère des affaires étrangères M. Mohamad Kayed.

La Ligue arabe avait annoncé le 28 janvier sa décision de suspendre la mission d’observation de la Ligue arabe en raison de la « recrudescence des violences » dans ce pays. Les ministres des affaires étrangères arabes se réuniront le 11 février au Caire pour examiner l’avenir de la mission d’observation.

Le Monde avec AFP

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