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Le souffle de la chevrotine dans les ailes de Ndong Sima

Au sortir de son tout premier conseil des ministres, Raymond Ndong Sima, nouveau chef du gouvernement, s’est vu « refiler » du personnel extradé de la présidence de la République. Un peu comme si on lui indiquait avec qui composer son cabinet direct de travail.

La marge de manœuvre du nouveau Premier ministre gabonais, Raymond Ndong Sima, parait compromise à la lecture du communiqué final de son tout premier conseil des ministres, le 29 février. Les seules mesures de ces assises étant constituées de nominations, on aura surtout remarqué qu’une cinquantaine de personnes récemment ou jadis en poste à la présidence de la République, ont été mises «à la disposition de la primature pour emploi».

De prime abord, cette mesure donne de la primature l’image de «corbeille» de la présidence en ceci qu’on y a affecté le trop plein de personnel ou les nouveaux «indésirables» du palais. En seconde lecture, elle semble «fourguer» à Raymond Ndong Sima du personnel à employer, ainsi que le spécifie le communiqué du conseil des ministres. On peut donc penser, à juste titre, que le nouveau Premier ministre devra composer son cabinet de travail avec ce personnel imposé.

Comment en effet ne pas faire de Guillaume Pambou Tchivounda le conseiller juridique du Premier ministre ? Le concerné a été l’un des plus influents conseillers juridiques de la présidence de la République sous Omar Bongo, une sommité du droit et des sciences politiques au Gabon, reconnue partout, jusqu’à l’ONU. Que devra donc en faire Raymond Sima ? On semble ainsi lui indiquer quelle personne devra être son conseiller juridique. Dans le cas contraire, ne criera-t-on pas au gaspillage des ressources humaines ?

De même, Sophie Apindangoye fut l’un des piliers du protocole d’État sous Omar Bongo. Si elle a quitté la présidence il y a plus d’une année du fait, selon des sources concordantes, de conflits avec Maixent Accrombessi, sa mise à la disposition de la primature semble indiquer qu’elle devra s’y occuper du protocole. La même déduction pourrait s’appliquer à Serge Constant Abessolo, jusqu’ici maître de cérémonie à la présidence dont tout le monde chante les rapports privilégiés avec le président. Comment donc Ndong Sima devra-t-il le laisser choir ?

Dans le même ordre d’idée, que faire d’Étienne Guy Mouvagha Tchioba, ancien vice-Premier ministre chargé du Pétrole, ancien président du Conseil d’administration de BICIG, ancien sénateur et, pour la vie privée, ancien beau-père d’Ali Bongo qui en avait épousé la fille en premières noces. Toutes choses qui supposent des rapports particuliers avec les avantages qui devraient aller avec. Que devra donc faire Ndong Sima de quelqu’un de ce calibre ? Le même raisonnement pourrait se poursuivre avec Alain Afanere, ancien directeur général de la Société gabonaise de Factoring (filiale de la Banque gabonaise de développement), et bien d’autres parmi les personnes envoyées à la primature «pour emploi».

Le nouveau Premier ministre se retrouve donc avec, dans les mains, des personnes dont le background est éloquent dans l’ancien système. Pris en conseil des ministres, ces nominations ne sauraient être prises comme de simples mesures administratives, mais plutôt comme une mesure politique. Les décisions prises en conseil des ministres ayant, d’un point de vue juridique, valeur de décret. Ndong Sima va-t-il donc devoir composer son cabinet avec ces personnes.

Même si, certaines interprétations avancent qu’il ne s’agit pas pour le Premier ministre de prendre ces personnes dans son cabinet, mais de les déployer dans l’administration, il aurait sans doute été plus simple d’utiliser les formules consacrées : «remis à son administration d’origine» ou «appelé à d’autres fonctions».

Dans tous les cas, le pouvoir de nomination appartient au chef suprême, le président de la République. Celui-ci aurait donc pu nommer, aux termes de la Constitution, ces personnes là où il l’aurait voulu. Aussi, l’hypothèse selon laquelle il revient au Premier ministre de redéployer ces personnes dans l’administration, ne saurait aisément être appréhendée. Cette mesure ressemble donc à une manière d’imposer du personnel dans le cabinet du Premier ministre.

L’usage voudrait pourtant que celui-ci, comme la plupart des ministres, fasse son propre casting et compose lui-même son équipe directe puis d’en faire la proposition. Des réaménagements pouvant certes intervenir si certaines personnes proposées posent un problème.

En principe, c’est au patron du cabinet de proposer avec qui il pourrait travailler en toute aisance, avec quelles personnes il sera en harmonie au niveau de sa méthode de travail. Il s’agit quand même de mettre en œuvre des politiques publiques et, au-delà des aspects techniques, il y a la symbiose dans vision, il y a la prospective et la stratégie qui font qu’il vaut mieux avoir pour collaborateurs des personnes avec lesquelles on partage ces aspects. Raymond Ndong Sima va-t-il se laisser plomber ou composera-t-il son cabinet sans ce personnel qui lui a littéralement été imposé ? Sa gestion de ce personnel « fourgué » indiquera en tous cas quelle sera sa véritable marge de manœuvre à la tête du gouvernement.

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