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Ouest ivoirien: Ouattara promet la fin de l’impunité à Duékoué, cité martyre

Le président ivoirien Alassane Ouattara a promis lundi la fin de l’impunité et appelé à une « réconciliation vraie » lors de sa première visite à Duékoué, ville de l’Ouest qui fut le théâtre de tueries durant la crise politico-militaire de 2010-2011.
« Ahossè, ahossè, ahossè »: le chef de l’Etat a repris une formule de compassion dans la langue des autochtones locaux guéré et demandé une minute de silence en mémoire des victimes de « l’horreur », en ouvrant son meeting en fin d’après-midi devant des milliers de personnes.

« Tous les meurtriers seront punis, seront déférés devant la justice, nul ne sera épargné », a-t-il lancé sous les applaudissements.

M. Ouattara a appelé à ce que les atrocités, dont il n’a pas identifié les responsables alors que des enquêtes sont en cours, « ne se reproduisent plus jamais ».

« Cela demande la réconciliation, une réconciliation vraie, sans esprit de vengeance », a-t-il plaidé.

Se présentant en « président de tous les Ivoiriens » sans distinction de religions ou d’ethnies, il a exhorté les déplacés et les réfugiés à revenir chez eux, sans « avoir peur » de représailles.
Il a promis de dédommager les victimes mais aussi d’accélérer le développement d’une région longtemps négligée (routes, eau potable, électricité).

« Un discours d’espoir après tant d’années de traversée du désert », a commenté Ali Gono, un chef de village guéré, interrogé par l’AFP.
« Nous disons +plus jamais ça+, on veut la paix », a confié Katogoma Kalo, commerçant et représentant des Mahou (ethnie venue du Nord) à Duékoué.

Accompagné de son épouse Dominique, M. Ouattara s’est offert à son arrivée un bain de foule, en clôture d’une tournée de trois jours dans l’Ouest, sa première visite dans l’intérieur du pays.
-« pas totalement pacifié »-

L’assistance avait bravé la canicule pendant des heures, entre chants et danses traditionnelles au son du balafon et des tambours, sous l’oeil de nombreux militaires armés de lance-roquettes ou de fusils d’assaut.
La ville est un symbole de la crise née du refus de l’ex-président Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite au scrutin de novembre 2010, qui a fait quelque 3.000 morts jusqu’en avril 2011, dont un millier dans l’Ouest selon l’ONU.
Des centaines de personnes ont été tuées à Duékoué et dans ses environs fin mars 2011 à l’occasion de la prise de la cité par les forces pro-Ouattara au début de leur offensive sur Abidjan. Ces combattants ont été gravement mis en cause par les ONG internationales pour ces tueries.

Le 14 mars, une équipe de la Cour pénale internationale (CPI) s’est rendue à Duékoué pour enquêter sur de possibles charniers, dont de nombreux témoins ont fait état.

Ce département n’est « pas totalement pacifié », a averti un élu lors du meeting, demandant de renforcer la sécurité.

Duékoué, comme l’ensemble de cette région frontalière du Liberia et de la Guinée, est en proie depuis des années à des affrontements interethniques sur fond de conflits fonciers que M. Ouattara a promis lundi de « régler rapidement », et connaît encore des violences ponctuelles.

Les tensions restent fortes entre les Guéré, comptant de nombreux partisans de M. Gbagbo, et les autres communautés, largement pro-Ouattara.

Un camp proche de Duékoué accueille aujourd’hui encore environ 5.000 personnes. Au plus fort des troubles, la mission catholique de la ville comptait quelque 30.000 déplacés.

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