spot_imgspot_img

La police s’invite au contre-forum des indignés

Quelques membres de la société civile qui préparaient un contre-forum au New-York Forum Africa, rencontre internationale à Libreville dédiée au développement en Afrique, ont été interpellés devant le Collège Bessieux de Libreville, deux heures avant le début prévu à 9h de leur manifestation.

Regroupés autour de la plate forme dénommée «les indignés du Gabon», Marc Ona Essangui le secrétaire exécutif de l’ONG Brainforest qui a appelé à un «contre-forum» parallèle à la manifestation organisée à Libreville par Richard Attias & Associates, et un certain nombre d’activistes ont été interpellés par la police gabonaise. Les réseaux sociaux affiliés à l’organisation dudit contre-forum indiquent, notamment, que Anais Mbeng, Fabien Mbeng Ekorezock, Blanche Abegue, Gregory Ngbwa Mintsa, entre autres, se retrouvent actuellement dans les locaux de la Force de police d’intervention (Fopi).

Selon une source proche des activistes arrêtés, «les indignés ont écrit une lettre au ministre hier le 7 juin 2012 pour demander que la manifestation soit encadrée afin d’éviter des intrusions et dérapages qui pourront être attribués aux membres de l’organisation. Le ministre de l’Intérieur a répondu en disant qu’il n’autorisait pas la marche, c’est ainsi que Marc Ona l’a appelé pour lui signifier qu’ils n’ont pas demandé l’autorisation d’organiser la manifestation puisqu’elle se tient dans un lieu privé, le collège Bessieux qui appartient à l’Église catholique et cette entité a donné son accord pour organiser la manifestation et la preuve est qu’une intervention de l’archevêque de Libreville était prévu au cours de cette manifestation».

«Une chose est certaine monsieur Ali Bongo et son gouvernement doivent libérer sans aucune forme de procès tous les activistes interpellés ce matin à Libreville. Il n’est de l’intérêt de personne d’alimenter un climat délétère au Gabon. Notre pays qui se veut démocratique, doit pouvoir laisser toutes les opinions s’exprimer librement dans la mesure où il n’y a pas de trouble à l’ordre ou de violations ni de la loi, ni des principes», a déclaré Bruno Ben Moubamba sur son site Internet.

«Quand je suis arrivé, les policiers m’ont demandé de m’identifier et ils m’ont interpellé je n’ai pas subi de bavure policière. Ils m’ont embarqué avec toute la délicatesse possible mais toujours est-il que j’ai été arrêté pour que la manifestation n’aie plus lieu», a laissé entendre, celui que l’on qualifie de meneur de ce mouvement, Marc Ona, joint au téléphone.

Selon Jean Eric Nziengui Mangala, le conseiller en communication du ministère de l’Intérieur, «le ministre Jean François Ndongou n’a pas donné quitus pour que cette manifestation se tienne, car les organisateurs n’ont pas demandé d’autorisation. Ils se sont juste limités à l’informer. La loi dit que le ministre doit donner une autorisation pour qu’une manifestation publique puisse se tenir afin d’envoyer les policiers pour l’encadrer, en un mot, on n’informe pas mais on demande l’autorisation. C’est le ministre qui apprécie l’objet de la manifestation».

Selon les membres du Forum national des indignés du Gabon, la rencontre avortée visait, pendant la tenue à Libreville du New York Forum Africa, à mobiliser et sensibiliser toutes les personnes qui se sentent indignées du Gabon ; mobiliser les confessions religieuses pour qu’elles se joignent à la cause des indignés ; recueillir les témoignages des victimes des destructions massives de biens, des victimes des expropriations de terres, des victimes de la répression estudiantine, des victimes des crimes rituels, etc. afin d’exiger clairement la réforme des institutions à travers un mémorandum.

Les membres du mouvement Ça suffit comme ça ont publié un communiqué à travers lequel ils appellent «à la libération immédiate et sans condition de Marc Ona Essangui et de tous les membres de la société civile arrêtés et détenus au Commissariat central» et condamnent «fermement cette dérive autocratique qui constitue la marque de fabrique de ce régime en débandade et gangréné par de graves dissensions internes.» En fin de matinée, plus aucune des personnes interpellées n’était joignable au téléphone, ainsi qu’il en a été après leur arrestation.

Communiqué du Ministère de l’Intérieur paru le jour même à 15h30 :

Dans une correspondance n° 000458/BF/SE/12 du 5 juin 2012 adressée au Ministre de l’Intérieur, le Président de l’Association Brainforest a informé le Ministre de la tenue d’une manifestation au collège Bessieux, manifestation dont la nature n’était pas déclinée. Il sollicitait par la même occasion la sécurisation de ladite manifestation par la Force Publique.

Le Ministre de l’Intérieur n’ayant ni la nature de la manifestation, ni l’accord du ministère de l’Éducation Nationale tutelle du collège Bessieux ou encore moins celui des responsables de cet établissement, a indiqué à M. Marc Ona Assangui, dans la correspondance n° 0856/MISPID/SG/CE1 datée du 7 juin 2012 son refus de donner l’autorisation pour la tenue de cette manifestation même si l’objet de la lettre du requérant était tout sauf une demande d’autorisation.

Ce matin vendredi 8 juin 2012 à 9 heures, malgré la présence des policiers mis en faction dans les environs du collège Bessieux, à la demande de M. le Proviseur de l’établissement pour empêcher l’utilisation de ses locaux, le président de Brainforest a tenu à faire sa manifestation, proférant des menaces et injures aux agents des forces de l’ordre. Ces derniers l’ont interpellé en compagnie de certains de ses sympathisants. Après avoir été entendu par les services de police, ils ont été relâchés à 13 heures.

Le Ministre de l’Intérieur rappelle à tous, que la République Gabonaise est régie par des lois et que l’État de droit voulu par nous tous, implique le respect scrupuleux desdites lois par les citoyens et toutes organisations constituées comme les associations et les partis politiques.

Monsieur Marc Ona Assangui président de l’ONG Brainforest déclarée au Ministère de l’Intérieur sur la base de la loi n° 35/62 du 12 décembre 1962 est assujetti aux lois de notre pays.

Il est à noter que ce compatriote activiste devient coutumier du fait. Pour preuve, en 2008, mon prédécesseur au Ministère de l’Intérieur l’avait fait interpeller puis incarcérer à la prison centrale de Libreville pour non respect des lois de la République. Plus près de nous, alors que tout le peuple gabonais avait fait chorus pour l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations de football dans notre pays, M. Marc Ona Assangui s’est singularisé par le boycott de cette fête de la jeunesse continentale.

De plus, bien que président d’une ONG apolitique, ayant des objectifs et une raison sociale bien définis dans la défense des droits de l’environnement, Marc Ona Assangui s’est illustré en décembre dernier, aux côtés des formations politiques par un boycott actif des élections législatives.

Il est établi qu’en République Gabonaise, tout citoyen âgé de 30 ans révolus et qui veut faire la politique, crée une formation politique sur la base de la loi n° 24/96 du 6 juin 1996. Si tant est que le président de l’ONG Brainforest veut faire de la politique, il n’avait qu’à s’y conformer pour prendre part au suffrage universel.

Le Ministre de l’Intérieur rappelle enfin qu’il ne saurait plus tolérer de tels égarements qui n’honorent pas notre pays et que force restera à la loi.

Exprimez-vous!

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

spot_imgspot_img

Articles apparentés

spot_imgspot_img

Suivez-nous!

1,877FansJ'aime
133SuiveursSuivre
558AbonnésS'abonner

RÉCENTS ARTICLES