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J.A., les Fangs et les autres

Oyem, capitale du "Fangland", est la quatrième ville du Gabon. Vieilles routes "yougoslaves", hôpital fermé, gouvernorat à l'abdandon... Les habitants d'Oyem ont le sentiment d'être oubliés. © Baudoin Mouanda pour J.A.
Par Marwane Ben Yahmed

Plusieurs semaines après sa publication, notre enquête consacrée à la communauté fang en Afrique centrale (voir J.A. no 2680) n’en finit plus de provoquer des remous, de susciter commentaires et réactions, parfois très virulents, surtout au Gabon. Jeune Afrique en prend pour son grade dans la presse locale. Tout y passe : volonté d’attiser les tensions, ou de régler des comptes (lesquels ? Mystère…), soutien masqué à André Mba Obame, l’ex-« frère » du chef de l’État, Ali Bongo Ondimba, devenu son pire ennemi, quête bassement mercantile de sensationnalisme…

Plumitifs aux ordres de certains collaborateurs zélés du président qui ont cru bon de prouver ainsi leur « utilité » au patron (pourtant l’un des rares à avoir gardé son calme au Palais du bord de mer), ou, au contraire, gratte-papiers pyromanes d’une certaine opposition qui a sauté sur l’occasion pour récupérer politiquement le sujet développé dans nos colonnes et attaquer le gouvernement, tous s’en sont donné à coeur joie. Des réactions tous azimuts, souvent irrationnelles – quelques-uns sont allés jusqu’à comparer J.A. à la tristement célèbre Radio Mille Collines… -, qui en disent long, n’en déplaise à certains, sur le caractère hélas toujours épidermique du sujet au Gabon et sur le manque de maturité d’une partie de sa classe politique, qui s’est réfugiée dans le déni ou, pis, l’invective. Reprocherait-on, par exemple, à un journal français de publier une enquête sur les Corses ou sur les Basques ?

Certains lecteurs ont exprimé auprès de nous, disons de manière plus pondérée et sans nous prêter de quelconques arrière-pensées, leurs interrogations sur l’utilité de ce type d’enquêtes, diffusées dans des pays « pas toujours prêts » pour ce genre de sujets et où « certains politiques de tout bord prennent un malin plaisir à envenimer des situations déjà passablement tendues ». Argument objectif que nous ne pouvons balayer d’un revers de main : nous sommes conscients de la responsabilité qui est la nôtre. D’autres, peu nombreux, soyons honnête, nous ont, au contraire, remerciés : « Crever l’abcès est souvent source de douleurs immédiates intenses, mais favorise, à terme, la guérison. »

Que les choses soient claires. Nous n’avions d’autre objectif que journalistique : informer, susciter le débat, interpeller. Comme nous l’avions déjà fait en nous intéressant à d’autres communautés – ce qui ne dénote en rien une volonté d’exacerber les communautarismes ! -, à l’instar des Berbères en Afrique du Nord, des Bamilékés et des anglophones au Cameroun, ou des Katangais en République démocratique du Congo. Et comme nous continuerons de le faire pour contribuer à l’évolution des mentalités. Plus d’un demi-siècle après les indépendances, le chemin vers une véritable conscience nationale est encore long…

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