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Après le Gabon, la carte de maladie électronique généralisée dans d’autres pays africains

Bureaux de la CNAMGS, LIbreville
Expérimentée pour la première fois par le Gabon, la carte de maladie électronique commence à se généraliser dans d’autres pays d’Afrique, un continent où l’offre de santé et l’accès aux soins restent encore un énorme défi, comparativement à d’autres régions du monde.

Sous l’étiquette de la Caisse nationale de maladie et de garantie sociale (CNAMGS), la carte de maladie électronique au Gabon date de l’époque du régime du défunt président Omar Bongo Ondimba. Elle est couvre les dépenses de santé des travailleurs gabonais affiliés à cet organisme étatique.

« Cette caisse aujourd’hui a un rôle très important dans la couverture universelle, parce que chaque Gabonais aujourd’hui qui est inscrit à la CNAMGS bénéficie de 80% de soins », a expliqué à Xinhua le ministre gabonais de la Santé, Léon Nzouba, en marge du premier New York Forum Africa, plateforme de réflexion économique tenue du 8 au 10 juin à Libreville.

Au total, ce sont environ « les trois quarts de Gabonais qui sont pratiquement inscrits », a précisé le ministre. L’initiative est menée avec la collaboration de la compagnie industrielle Gemalto, basée en France.

« Le Gabon a mis sa premère carte de santé électronique en étant le premier pays africain. Ils ont mis en place un mode de financement, les cibles prioritaires comme les Gabonais économiquement faibles, les fonctionnaires », a démontré le directeur général de cette entreprise, Ari Bouzbib.

« C’est une mécanique, a-t-il ajouté, qui a fait de véritables progrès et une véritable satisfaction. Aujourd’hui par exemple, le citoyen gabonais a accès à une offre de soins, il se fait rembourser les médicaments, les Gabonais économiquement faibles ou vulnérables ont accès aux médicaments, ne sont pas laissés pour compte ».

C’est un système, apprend-on, qui permet effectivement au secteur privé comme les télécommunications de contribuer à une patie des financements. Mais le tableau n’est pas tout à fait idyllique malgré ces progrès réalisés, car les soins de santé restent prohibitifs pour une partie de la population nationale estimée à quelque 1,5 million d’habitants.

« Pour obtenir un rendez-vous auprès un spécialiste à l’Hôpital général, il faut attendre deux à trois mois. C’est plutôt dans les cliniques privées qu’il faut aller et les frais de consultations là-bas s’élèvent à 20.000 francs CFA (40 USD, contre 5.000 à 10. 000 francs CFA au Cameroun par exemple, soit 10 à 20 USD, ndlr) », a témoigné un habitant de Libreville.

Seule solution donc pour cet habitant : l’assurance-maladie, représentée par la carte de maladie électronique. Sans ambages, le ministre de la Santé reconnaît en effet que « les dépenses de santé des ménages sont énormes. Le ménage gabonais peut dépenser facilement 40.000 francs par mois (soit près du tiers du Smig établi à 150.000 francs CFA, ndlr ».

Pour l’heure, le Gabon est inscrit dans la liste des pays africains encore loin d’atteindre le taux de 15% prescrit par l’Union africaine (UA) pour la part du budget national devant être consacrée à la santé.

« Nous sommes aujourd’hui entre 5 et 6%. Mais certains secteurs comme la lutte contre le Sida ont connu un pont, 150% du budget du ministère de la Santé y est consacré », a indiqué Léon Nzouba.

De l’avis d’Ari Bouzbib, que ce soit en Afrique ou dans le monde, le secteur de la santé est gagngrené par beaucoup de gaspillage, d’abus et d’usurpation d’identié, « c’est-à-dire un citoyen qui vient, qui se fait passer pour quelqu’un d’autre et qui va bénéficier des soins qui ne sont pas dus ».

C’est aussi, toujours concernant l’usurpation d’identité,  » quelqu’un qui fait venir beaucoup de gens de sa famille pour puvoir leur faire bénéficier des soins alors qu’il n’y a que lui qui devrait être soigné, ou alors aller plusieurs fois chez les médecins ».

« D’après les statistiques fournies par l’industriel, ces fraudes représentent 6 à 10% du PIB de chaque pays. L’Europe, c’est 56 milliards d’euros de fraude par an. Les Etats-Unis, c’est 65 milliards de dollars par an, et vous avez à peu près 1,5 milliard, 2 milliards de dollars de fraude sur l’Afrique du Sud. 415 milliards de dollars, c’est le montant global de la fraude, gaspillage, abus, duplication, usurpation d’identité au niveau de la santé dans le monde », a-t-il affirmé.

L’un des défis majeurs de l’Afrique aujourd’hui pour garantir un meilleur aux soins des populations réside dans la fourniture de médicaments à faible coût dont la fabrication locale des génériques est considérée comme une solution.

Bouzbib estime que cela passe par une compréhension du problème à un haut niveau, c’est-à-dire que c’est un véritable enjeu stratégique. Car, « la santé va quelque part impacter la cohésion sociale d’un pays, la stabilité du pays, et évidemment la démocratie et la bonne gouvernance. Cela, pas encore toute l’Afrique a pris la mesure de cette problématique-là ».

« La deuxième idée que j’ai poussée, c’est que lorsque vous avez un véritable leader, un chef d’Etat, comme aujourd’hui Ali Bongo ou feu Omar Bongo, son père, vous avez une véritable stratégie qui est mise en place », poursuit-il.

Après le Gabon, « le Maroc vient de lancer une carte universelle de maladie qui va être électronique, l’Algérie a fait la même chose. Le Mali l’a lancée, le Bénin réfléchit, le Congo- Brazzaville réfléchit. Le Gabon a été un peu le précurseur de l’Afrique et a commencé à créer une jurisprudence pour tous ces Etats africains ».

En termes de population concernée, c’est sensiblement une centaine de millions d’Africains qui commencent à être impactés par cette carte électronique de santé, sur une population totale d’environ un milliard d’habitants.

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