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La realpolitik s’invite à I’Elysée avec Bongo

Le président François Hollande accueille son homologue gabonais, Ali Bongo, jeudi à l’Élysée. Crédits photo : MAL Langsdon/Reuters
Ali Bongo a joué low profile pour sa première rencontre avec François Hollande, le 5 juillet à I ‘Elysée. A la veille du troisième anniversaire de sa victoire contestée, l’encéphalogramme de la démocratie gabonaise reste plat. Son parti, le Parti démocratique gabonais (PDG), contrôle totalement l’assemblée nationale depuis les législatives de décembre. Le dialogue avec l’opposition et la société civile est inexistant.

Malgré cela, l’axe Paris-Libreville n’a pas été fondamentalement bouleversé par l’alternance en France, François Hollande marquant une distance toute relative envers son homologue, pourtant attendu au tournant… Inflexions. Arrivé en France le 4 juillet à bord d’un Airbus affrété en attendant l’immatriculation de son nouveau B777 – Ali Bongo a découvert un François Hollande très éloigné des usages auxquels Nicolas Sarkozy I’avait habitué. Pour I’entretien, calé à 15 heures le lendemain, le président français n’a pas descendu le perron de l’Elysée pour accueillir son hôte. Pas d’accolades, ni d’embrassades à la sortie, contrairement à l’accueil réservé à Thomas Boni Yayi et Mahamadou lssoufou.

Après une longue phase d’observation mutuelle dans une atmosphère pesante, les deux chefs d’Etat se sont focalisés sur le lien unissant les deux pays – sujet des plus consensuels, avant de se décrisper. Côté français, étaient présents Laurent Fabius, les conseillers diplomatiques Paul Jean-Ortiz et Hélène Le Gal, le secréTaire général de l’Elysée, Pierre-René Lemas, ainsique la patronne Afrique du Quai d’Orsay, Elisabeth Barbier. La visite éclair dAli Bongo n’a pas permis beaucoup d’autres audiences. Seul le ministre de la défense Jean-Yves Le Drian, a fait un saut au George V pour parler sécurité dans le golfe de Guinée, l’entrevue prévue avec Pierre Moscovici (économie) a, en revanche, été annulée. Tout comme celle avec Arnaud Montebourg, bloqué en Espagne. Le ministre du redressement productif souhaitait évoquer la situation du français Plysorol lnternational, propriétaire des filiales gabonaises Pogab et Leroy, en redressement judiciaire depuis le 7 juin. 600 emplois sont concernés. Intérêts bien compris. Le recadrage symbolique de la relation bilatérale n’a pas éclipsé la realpolitik.

Malgré le communiqué de l’Elysée affirmant les nouveaux principes de la relation avec Libreville le dialogue exigeant sur les droits de l’homme », « la lutte contre la corruption », »pluralisme »…), François Hollande s’est gardé de trop enfoncer le clou sur ces thèmes de peur de raidir la partie gabonaise. En dépit d’investissements hexagonaux en stagnation, ce pays demeure une place forte pour Paris. A fortiori dans le contexte de successions incertaines dans les Etats limitrophes.

Premier partenaire commercial de Libreville, Paris compte 15 000 ressortissants au Gabon, où ses grands groupes continuent de prospérer (Rougier, Bolloré, Veolia, Eramet, CFAO…). Par ailleurs, le pays accueille l’unique base militaire française sur le littoral atlantique africain, tandis que la DCRI (services secrets) y a positionné I’un de ses rares « postes avancés » à l’étranger.

Canaliser l’opposition.

Pour Ali Bongo, le succès de sa visite résidait surtout dans la neutralisation de l’opposition, inaudible à Libreville mais bouillonnante en France. Pour mieux déjouer les pièges, le Palais du bord de mer avait dépêché à Paris une équipe de communicants. Outre Alain-Claude Bilié Bi Nzé, porte-parole à la présidence, celle-ci comprenait lgor Simard et le Français Raphaël Sourt, prêts à défendre le régime Bongo et contre-attaguer sur le plan médiatique. Une précaution d’autant moins inutile que les figures de l’opposition s’étaient réunies le 1er juillet au Mariott de Neuilly-sur-Seine QG d’André Mba Obame. Autour du secrétaire général de l’ex-UN, se sont retrouvés Jean Eyéghé Ndong (ancien premier ministre) et Zacharie Myboto (ex-ministre d’Etat). Alors que ce meeting a failli créer un incident diplomatique entre Paris et Libreville (lire p.2), une délégation de I’opposition a été reçue au siège du PS. Le collaborateur d’Hélène Le Gal, Thomas Mélonio, s’est également vu remettre un mémorandum.

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